Interview de Sylvain Gauthier : PDG de Staff & Line

Sylvain Gauthier

PDG de Staff & Line

La conjoncture économique actuelle peut-être un avantage pour nous

Publié le 13 Octobre 2008

Vous avez enregistré une croissance de 15,1% de votre chiffre d’affaires au second trimestre. Quels ont été les moteurs de votre croissance?
Au cours de ce premier semestre le moteur de notre croissance a été l’accroissement des ventes de logiciels - notre métier de base - à la fois en France et surtout à l’international. Sur l’activité «logiciels pure» nous avons globalement 32% de croissance, dont 24% en France et presque 60% à l’international.

Notons que 24% de croissance en France c’est un peu exceptionnel car nous sommes généralement plutôt sur des taux de croissance de l’ordre de 15%.

Ce résultat s’explique par le fait que de nombreux projets normalement prévu pour le deuxième semestre en 2007 ont été reporté à 2008. Il y a eu un phénomène d’attentisme lié aux élections ce qui a donc impacté positivement les résultats du premier semestre de cette année.

Malgré cette progression du CA, votre résultat net reste négatif au premier semestre, et ce impacté par un effet de saisonnalité. Comment expliquez-vous cet effet ?
Comme nous sommes sur un modèle à charges fixes, mécaniquement la croissance du chiffre d’affaires réduit nos pertes.

En outre, cet effet combiné avec une réduction des charges de 7% nous conduit à faire une réduction de perte de 72%.

Je précise que cette réduction de charges est liée à la diminution des charges de sous-traitance, mais  nous avons également stabilisés les charges de personnel grâce au plan de réduction des effectifs.

Quels seront à terme les leviers pour supprimer cet effet de saisonnalité ?
Depuis six ou sept ans, nous avons une répartition du chiffre d’affaires en moyenne de 40% au premier semestre et de 60% au second. Précisons que c’est une tendance qui touche presque l’ensemble des éditeurs de logiciels.

Ceci s’explique par l’effet closing de fin d’année et la période en début d’année nécessaire aux entreprises pour initier un projet. Si l’on prend en compte le temps entre la sélection du fournisseur informatique jusqu’à la signature du contrat, rapidement les projets initiés en début d’année se retrouvent au second semestre.

Sachant que nous sommes sur un modèle à charges fixes, le seul levier pour effacer cette saisonnalité négative devient donc de vendre plus.

Où en êtes-vous du désengagement total de l’activité de services ?
En décembre de cette année, l’activité «services» aura totalement cessé. 2009 sera donc dans un modèle pur où nous pourrons revenir à des ratios classiques, facile à analyser et comparable d’une année sur l’autre.

Cette année encore, tandis que nous avons une croissance 30% de notre activité logiciels, la baisse de 50% de notre activité de services a fait chuter à la croissance du groupe à 15%.

Comment progressent vos différentes activités à l’étranger ? Pouvons-nous espérer une rentabilité au premier semestre 2009?
Nous sommes toujours dans certain de nos marchés en phase d’intégration. L’Italie, l’Espagne et le Portugal, implantés en janvier 2006, devraient atteindre la rentabilité en 2009, en revanche notre entité en Angleterre, qui a rejoint le groupe en novembre 2006, a été plus difficile à intégrer et il est difficile de savoir si la rentabilité sera atteinte en 2009.

Prévoyez-vous d’autres projets de croissance externe ? En Allemagne par exemple ?
Il est vrai que l’Allemagne fait toujours partie de nos préoccupations. Cependant dans le contexte actuel si l’on veut retourner à la rentabilité, voire à un niveau une forte rentabilité, ce qui est réalisable dans l’édition de logiciel, nous n’allons pas rouvrir un autre chantier d’intégration.

J’ajouterais qu’au regard du potentiel de croissance que nous avons dans ces marchés, il y a encore un gros travail à faire avant d’arriver à saturation, et donc d’envisager de nous implanter sur de nouveaux marchés.

Quelles sont vos guidances pour la fin de l’année ? Et pour 2009 ?
En interne, nous avons des prévisions cependant il y a également une composante importante, c’est la conjoncture économique actuelle. Celle-ci peut-être un avantage pour nous car nos logiciels aujourd’hui servent essentiellement à rationnaliser le service informatique et donc à permettre de mieux maitriser les coûts, ce qui est plutôt d’actualité.

Nous estimons qu’en France ce sera difficile d’atteindre une nouvelle fois un taux de croissance de 24% en 2009. En revanche, sur nos marchés en Europe du Sud et en Grande-Bretagne sur lesquels nous démarrons et partons quasiment de zéro, il sera possible de rester sur des taux de croissance à deux chiffres et ce uniquement avec l’activité logiciel.

Nous privilégierons la rentabilité à la croissance obligatoirement, aujourd’hui nous sommes plus sur une politique sélective où nous faisons très attention à la rentabilité des dossiers.

Vous n’observez pas d’impact du ralentissement économique sur votre activité, comment l’expliquez-vous ?
Aujourd’hui, la demande des clients est très simple tandis que les coûts d’investissement informatique ont fortement diminué. Les coûts de fonctionnement ont, quant à eux, fortement progressé, il faut donc être très précis dans l’analyse de ces coûts pour pouvoir les maîtriser.

En outre, IBM a réalisé une étude en juillet 2008 dans laquelle 80% des entreprises qui se sont exprimées attendent une amélioration du service informatique. Notre service est donc une réponse à ce type d’attente.

Propos recueillis par Antoine Ragot