Interview de Patrick Lemaire & Jean-Noel Drouin : Directeur général délégué & PDG de DL Software

Patrick Lemaire & Jean-Noel Drouin

Directeur général délégué & PDG de DL Software

Nous sommes satisfaits de toutes les acquisitions réalisées jusqu’ici

Publié le 27 Octobre 2008

En quelques mots, quelle est l’activité de votre groupe, DL Software ?
DL Software est un éditeur de logiciels de gestion spécialisé sur plusieurs métiers : la gestion informatisée des campings, le négoce de matériaux et les laboratoires d’analyses médicales.

Nous détenons sur ces trois secteurs d’importantes parts de marché, entre 1 sur 3 et 1 sur 2…

Vous venez de publier vos résultats au premier semestre, faisant état d’une hausse de 41% de votre résultat d’exploitation, et d’une progression de la marge brute de 39,4%...
Sur ce premier semestre, si l’on raisonne en termes d’activité, nous sommes parfaitement en ligne avec nos prévisions et nos objectifs.

Nous sommes particulièrement satisfaits de la marge brute, qui est plus forte que le chiffre d’affaires, parce que ce qui a le plus progressé est ce qui relève de notre cœur d’activité, à savoir la partie licence et la partie maintenance et abonnement. 

Si bien que le poids du récurrent a encore augmenté, ce qui est une grande sécurité pour nous, et qui représente une marge brute d’environ 43% de notre chiffre d’affaires, et 40% au 31 décembre.

Il s’agit donc de contrats d’abonnement qui courent indéfiniment.

Quels ont été les moteurs de la croissance ?
Le moteur de notre croissance a été la croissance externe. L’année 2007 a été une année de croissance organique -toute la progression de notre résultat d’exploitation provenait de la croissance organique-, or cette année, nous sommes surtout dans une période de croissance externe et ce sont les acquisitions réalisées en début d’exercice qui ont porté cette croissance…

Pourriez-vous revenir sur les acquisitions réalisées cette année, celle de Biosystem notamment. Combien vous ont-elles coûté ? A quelles fins les avez-vous réalisées et vous êtes-vous déjà fixés des objectifs de rentabilité ?
Nous avons effectivement acquis Biosystem au début du mois de janvier 2008. Il s’agit d’une société composée de 49 personnes, qui était le numéro 3 sur le marché des logiciels de gestion pour les laboratoires d’analyses médicales, et qui est donc venue compléter notre offre sur le pôle santé. C’était d’ailleurs l’un des concurrents de notre premier éditeur de logiciels dans ce métier.

L’an dernier, Biosystem a réalisé 6,5 millions d’euros de CA, avec une excellente rentabilité de l’ordre de 22%. Quant au prix d’acquisition, sans entrer dans les détails, nous payons généralement moins de six fois le résultat d’exploitation…

Pendant la phase d’intégration, nous avons paradoxalement tendance à légèrement dégrader la rentabilité parce que nous sommes amenés à réaliser un certain nombre d’investissements, tant en termes de recrutements pour renforcer le management, qu’en termes d’investissements marketing ou commerciaux.

Notre objectif, dans un premier temps (pour la première ou la deuxième année), n’était donc pas nécessairement d’améliorer la rentabilité, mais de bien réussir l’intégration de Biosystem.

Nous souhaitons donc maintenir sa rentabilité à moyen terme, mais tout en générant de la croissance. Nous allons redynamiser cette entreprise en la dotant justement de plus de managers, pour démultiplier les résultats des collaborateurs, en créant du marketing et en investissant sur la force commerciale…

Au départ cela a un coût, mais derrière, nous allons pouvoir améliorer, non pas le taux de rentabilité, mais le résultat grâce à la croissance générée par cette intégration. 

Et pour Medianet…
Nous avons acquis cette société fin juin, elle ne sera donc consolidée que sur le second semestre. Il s’agit d’une «web agency» dont la particularité est d’être spécialisée dans le tourisme. Elle travaille avec plus d’une centaine d’acteurs (centres départementaux de tourisme, offices de tourisme, des hébergeurs d’une manière générale…).

Il s’agissait pour nous d’une importante opportunité d’accroitre notre puissance de frappe commerciale et marketing auprès de nos clients. Nous disposons d’ailleurs, auprès de ces derniers, d’une très bonne image en termes de solutions de gestions.

Or nous voulions leur apporter des solutions en termes d’investissements marketing et commercial afin de les aider à développer leurs ventes.

Comptez-vous réaliser de nouvelles opérations de ce genre en 2009 ?
Nous regardons constamment des dossiers d’acquisition, mais il faut savoir que c’est inhérent à notre modèle de développement, puisque ce dernier est fondé en gros sur 1/3 de croissance interne et 2/3 de croissance externe.

Pour l’heure, nous n’avons connu aucun échec, ce qui fait que nous sommes satisfaits et contents de toutes les acquisitions que nous avons réalisées jusqu’ici. Nous allons d’ailleurs continuer de le faire puisque la conjoncture actuelle nous est plutôt favorable, en faisant baisser les prix des valorisations…

Nous regardons donc plus que jamais les cibles qui apparaîtront dans les mois qui viennent…

Un secteur est-il visé particulièrement ?
Nous sommes très ouverts à d’autres secteurs d’activité, mais il y a près de 700 métiers différents en France, donc autant d’activités potentielles pour nous…

Ceci étant, il y a effectivement des secteurs que nous préférons à d’autres, comme le négoce spécialisé, les éditeurs spécialisés dans le «retail» (commerce…). Nous nous intéressons aussi aux professions règlementées comme les notaires ou les avocats…

Plus généralement, disons qu’il y a beaucoup de métiers que nous regardons de près, et ce ne sont là que quelques exemples… Nous avons des critères de choix extrêmement clairs : il faut que le secteur soit «sain», ce qui est le cas des trois métiers dans lesquels nous sommes déjà présents ; il faut également que ce soit des bases installées profondes, c’est-à-dire que nous n’allons pas viser un secteur où il n’y aurait que 4 ou 5 acteurs, mais plutôt un secteur avec plusieurs centaines voire plusieurs milliers de clients potentiels ; il faut ensuite que l’éditeur avec qui nous discutons soit leader ou co-leader de son marché ; enfin, il faut qu’il soit rentable…

De quelle enveloppe budgétaire disposez-vous pour cela ?
Nous disposons aujourd’hui près de 2,5 millions d’euros de cash, nous avons également 6 millions d’euros d’ouverture de lignes de crédits à moyen terme (sept ans), que nous avons d’ailleurs levés lors de l’acquisition de Biosystem, mais que nous n’avons finalement pas utilisé puisque nous disposions de suffisamment de cash.

Ensuite, nous avons encore d’autres facteurs qui vont nous aider à poursuivre cette politique de croissance externe, à savoir notre capacité d’endettement en plus par rapport aux cibles que l’on va acquérir –je rappelle que nous visons seulement les cibles rentables, si bien que l’on peut s’endetter en les acquérant-, enfin, nous détenons un flux net de trésorerie très fort généré par l’activité comme vous pouvez le constater au premier semestre où le cash flow dégagé est supérieur à l’intégralité de celui de l’année dernière…

Quels sont vos objectifs pour le reste de l’exercice ? Et pour 2009 ?
Nous confirmons être en mesure d’atteindre les objectifs fixés pour l’exercice 2008, soit une progression du résultat d’exploitation de 30%.

Quant à l’exercice 2009, nous avions annoncé lors de l’IPO en 2006 vouloir doubler notre résultat d’exploitation sur cette année, à 5,4 millions d’euros et avec un taux de marge opérationnelle au moins égal à 12%, ce que nous continuons de prévoir avec une très grande confiance…

Le ralentissement de la croissance autant en Europe que dans le reste du monde ne risque-t-il pas de vous impacter sinon en 2008 du moins en 2009 ? Sachant par ailleurs que votre titre a assez bien résisté, n’ayant cédé depuis janvier 2008 qu’autour de 9%...
Nous sommes effectivement une valeur plutôt défensive… Cela étant, le fait que nous soyons présents sur trois métiers différents nous permet déjà une bonne répartition du risque, si risque il y a.

Sachant, en outre, que sur nos trois secteurs d’activité, les laboratoires d’analyses médicales ne sont absolument pas impactés par la crise -les dépenses de santé sont d’ailleurs toujours en hausse-, l’activité du second secteur le plus important pour notre groupe, celui du tourisme, a été bonne l’année dernière -les premiers chiffres que nous avons sur le redémarrage de la saison au 1er septembre nous indiquent que l’activité est déjà légèrement supérieure à celle de  l’an dernier- ; enfin, concernant le dernier secteur, celui du négoce de matériaux qui sera probablement touché par la crise, nous sommes peu inquiets dans la mesure où 2008 est pour nous une année de réorganisation de ce métier, ce qui signifie que nous avions déjà anticipé, indépendamment de la crise, une activité plus «calme» sur cet exercice…

Plus globalement, en termes de conjoncture, nous ne ressentons pas encore d’effets, même si nous restons très vigilants... Nous disposons en effet de 5400 clients, donc d’une base installée très large, avec un rapport client/fournisseurs qui nous est favorable…

De fait, avec une inflation de 3-4%, nous sommes l’un des rares secteurs ayant la capacité d’imposer une hausse de prix à ses clients. Nous demeurons donc sereins sur l’exposition conjoncturelle de DL Software.

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy