Interview de Marc Simoncini : PDG de Meetic

Marc Simoncini

PDG de Meetic

Le rachat des activités européennes de Match ? Plus il y a de gens à rencontrer, mieux ça marche

Publié le 02 Mars 2009

Meetic a annoncé jeudi 19 février la conclusion d’un accord portant sur l’acquisition des activités européennes de son concurrent Match.com qui appartient au géant américain IAC. Grâce à cette opération, Meetic devient le leader incontestable en Europe. Meetic et Match se disputaient jusque-là la première place européenne, le premier étant leader en France, mais aussi en Europe du Sud, le second étant le numéro un au Royaume-Uni.

L'accord, qui court sur huit ans, prévoit que Match ne concurrence pas Meetic en Europe et que Meetic fasse de même aux Etats-Unis.

Pour financer cette acquisition, Meetic va émettre quelque 6 millions de titres qui seront réservés à IAC et un titre de dette de 5,3 millions d'euros. Au total, ce deal est estimé à 80/90 millions d'euros.

Quelles sont les synergies à attendre de ce deal ?
Pour l’instant, nous avons communiqué uniquement sur les économies de marketing qui, en année pleine sur les douze mois qui vont suivre l’acquisition, vont ressortir entre 10 et 15 millions d’euros.

Cela résulte d’une baisse du budget marketing puisque nous n’aurons plus à affronter Match sur nos gros marchés.

Et sans les chiffrer, pouvez-vous nous citer les autres synergies ?
Le cross marketing d’abord : nous allons faire de la publicité de Meetic Affinity sur les bases de données de Match.

Parallèlement à cela, nous allons envoyer le trafic des différents partenariats et des différentes sources que nous avons en Europe sur le produit qui convertit le mieux dans chacun des pays.

Et surtout, nous allons accroître la base des abonnés. Sur un site de rencontres, plus vous avez de gens à rencontrer, mieux ça marche, mieux ça convertit.

Comment cette opération va-t-elle impacter le dating sur mobile ?
Nous allons pouvoir proposer Meetic Mobile aux abonnés de Match, service qui n’existait pas jusqu’à présent.

Meetic y gagne beaucoup dans cette opération, mais j’ai envie de dire que IAC y gagne encore plus : il devient premier actionnaire de Meetic (2e en droit de vote) et prend 5 millions d’euros de cash pour une activité qui n’était pas forcément core business…
Si Barry Diller a accepté 27% de Meetic et non 90 millions de cash c’est qu’il pense que ses 27% de Meetic créeront plus de valeur que 90 millions de cash.

IAC va-t-il entrer au conseil d’administration de Meetic ?
IAC aura deux postes sur six.

Même si vous en avez toujours refusé l’idée, et même si, en cette période de crise et au regard de la répartition de votre CA 2008, on comprend bien qu’en ce moment vous vous recentriez en Europe, je me demande aussi si interdiction pour huit ans de pénétrer le marché américain n’est pas trop contraignante ?
Nous n’avions pas la volonté d’aller aux Etats-Unis et nous n’irons pas aux Etats-Unis.

Et enfin, est-ce qu’en pleine crise Meetic observe un phénomène de désabonnement ?
Il y a deux pays difficiles : l’Espagne et l’Angleterre, où la crise est très forte. Sur le reste de l’Europe, il n’y a rien à signaler.

Et sur ces pays, vous avez des chiffres à nous communiquer ?
Nous ne communiquons jamais par pays.

Propos recueillis par Marjorie Encelot