Interview de Thomas Reynaud : Directeur financier et Directeur du Développement au sein du groupe Iliad

Thomas Reynaud

Directeur financier et Directeur du Développement au sein du groupe Iliad

Notre structure financière est assez solide pour nous développer dans la fibre et le mobile

Publié le 20 Mars 2009

Vous indiquez que tout au long de l’année 2008, la structure de votre chiffre d’affaires s’est améliorée. Comment l’expliquez-vous ?
Les services à valeur ajoutée qui fidélisent les abonnés représentent plus de 25% de notre chiffre d’affaires. Nous avons atteint un niveau record s’agissant du revenu moyen par abonné Free, 36,9 euros. Sur les premiers mois de 2009, malgré la crise, nous n’observons pas de rupture de tendance sur ces services.

Vous avez deux objectifs concernant Alice. Quels sont-ils ?
Au total l’intégration d’Alice aura eu un impact négatif sur le résultat opérationnel de 93 millions d’euros.
La société perdait en 2008 un million d’euros pas jour. Cinq mois après avoir réalisé le rachat nous prenons l’engagement d’un retour à l’équilibre dès le second trimestre 2009.
A terme, en 2010, nous escomptons qu’Alice ait une contribution positive en termes d’Ebidta et de free cash flow nous permettant d’améliorer notre positionnement stratégique et notre profil financier.
Cela passera par un travail de réalignement des offres qui a commencé avec déjà des effets positifs sur le revenu moyen par abonné qui au mois de décembre était pour la première fois au dessus des 30 euros. Nous procéderons également à une rationalisation de la base des coûts fixes. Enfin, l’augmentation du taux de dégroupage sera également un élément moteur dans ce retour à l’équilibre de la société.

Quel est le calendrier de migration des abonnés Alice sur Free ?
La migration est entamée. Elle se fait répartiteur par répartiteur. Cela devrait se dérouler de manière très progressive tout au long de l’année 2009.

Quelles sont les répercussions de la crise sur vos activités ?
Nous ne sommes pas touchés ni dans nos résultats 2008, ni dans notre quotidien par la crise. Nous ne constatons pas une augmentation du taux de désabonnement, d’impayés, ni comme j'ai pu l'indiquer, une baisse de la consommation des services à valeur ajoutée.
Nous en tirons plutôt un certain nombre d’avantages notamment sur le plan des négociations avec nos partenaires.

Notre offre a été construite dès le début pour offrir le meilleur rapport qualité prix en y associant l’innovation et la simplicité sur les usages. Le socle dont nous disposons nous permettra de traverser la crise de manière relativement confortable.

Qu’en sera-t-il de vos dépenses d’investissement ?
Nous avons toujours mis au cœur de notre stratégie ces dépenses dans l’innovation (la Freebox), et dans notre réseau. Nous consacrons chaque année plus de 20% de notre chiffre d’affaires. Comparés aux autres sociétés du secteur, les montants sont importants et correspondent à un choix stratégique.

Sur 2008, nous avons observé une baisse des dépenses liées à l’ADSL du fait de la stabilité de notre base d’abonnés. En revanche les dépenses sont en forte progression dans la fibre (ils ont atteint 80 millions d’euros l'an dernier). Cette tendance devrait s’accélérer sur les prochaines années.

Selon vous Iliad a les moyens de ses ambitions…
La force de frappe financière du groupe Iliad est considérable.
Après avoir généré 20 millions d’euros de trésorerie à partir des activités ADSL en 2007, nous faisons 10 fois mieux en 2008 (soit 210 millions d’euros).
Nous tablons pour 2009 sur un chiffre au dessus de 300 millions d’euros pour cette activité. Pour la période 2009-2011, nous serons au dessus du milliard d’euros. Cela nous permettra de dégager une marge de manœuvre financière importante.

Nous avons une trésorerie globale au bilan de 336 millions d’euros à fin décembre. Elle sera au  dessus de 500 millions d’euros au cours du premier semestre.

Le corollaire de cette forte trésorerie est une structure bilancielle solide. Nous sommes un des opérateurs télécom les moins endettés dans le monde. Nous annonçons une accélération de notre plan de désendettement. Nous avions un objectif de ratio dette nette/ebidta d’une fois fin 2010. Nous ramenons cet objectif à fin 2009.
Nous avons des lignes de crédit à long terme (juillet 2013) non tirées à hauteur de 350 millions d’euros.

Votre objectif de free cash flow d’un milliard d’euros considère-t-il vos dépenses en matière de fibre et de mobile ?
Ce qui est important, c’est que les activités que nous avons lancées en 2002, dans le domaine de l’ADSL puissent dégager une trésorerie importante pour financer les projets du groupe.
Nous avons toujours indiqué que la fibre serait financée par nos ressources propres, ce qui est le cas. Ces ressources nous permettent par ailleurs d’envisager un autre axe de développement.
A ce jour, nous pouvons mobiliser 700 millions d’euros de cash si on nous le demande entre les lignes de crédit non tirées et la trésorerie que nous avons à notre bilan.

Vous annoncez une forte augmentation de votre résultat net. Qu’entendez-vous par là ?
Ce résultat sera tiré par deux évènements principalement : la hausse de l’activité et le retour à l’équilibre d’Alice.
Si nous considérons le périmètre historique, hors impact de l’intégration d’Alice, le résultat net en 2008 a augmenté de 44%. Nous tablons sur une croissance tout aussi forte en 2009.

Quel est votre enveloppe d’investissement fibre pour 2009 ?
Le projet s’inscrit dans la durée. Depuis le début de l’année 2007, nous avons investi 150 à 168 millions d’euros dans la fibre optique. Cela a vocation à s’accélérer à partir du second semestre. Nous attendons la clarification du cadre réglementaire. Nous avons eu des premières étapes intéressantes : la loi de modernisation de l’économie adoptée l’été dernier dont les décrets d’application n’ont été signés qu’il y a quelques semaines.
Comparé à nos concurrents SFR et France Telecom, nous sommes en avance et en ligne avec notre plan de déploiement.

Un montant d’un milliard d’euros avait été attaché à l’atteinte de votre objectif dans ce domaine. Est-ce toujours d’actualité ?
Nous confirmons ce montant d'un milliard d’euros à horizon 2012. La fibre est pour nous un axe de développement majeur qui suppose une indépendance vis-à-vis de l’opérateur historique, une amélioration de notre marge et de notre génération de cash.

Qu'entendez-vous par là?
L’investissement dans la fibre optique conduit à une explosion de notre marge. Aujourd’hui un abonné dégroupé correspond à 50% de marge. Avec la fibre optique, nous passons à 85/90%.
Nous reversons actuellement près de 50% de notre chiffre d’affaires à l’opérateur historique. Toute cette partie a vocation à être économisée.

Envisagez-vous de candidater seul pour obtenir la licence mobile ou êtes vous ouverts à des partenaires industriels ou financiers ?
Nous préférerions aller chercher cette licence mobile seul. Mais il est possible que nous ayons quelques partenariats. Nous avons été beaucoup approchés. Mais notre volonté sera d’avoir le contrôle et d’être l’exploitant principal.

Quel est votre point mort en termes d’abonnés dans le domaine du mobile ?
Je ne peux pas vous l'indiquer. En revanche, ce que je peux vous dire c'est que nous créons un modèle nouveau sur le mobile en partant directement d’un réseau, mais en essayant d’imaginer un modèle différent et moderne. 

Qu’en est-il du versement du dividende au sein de la société ?
Nous proposerons à l’Assemblée générale des actionnaires un dividende de 34 centimes en hausse de 10%. Cela représente 5% du résultat net consolidé hors impact d’Alice.

Retranscription par Imen Hazgui de la séance des questions-réponses clôturant la conférence de presse organisée par le groupe jeudi 19 mars 2009

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