Interview de Frédéric Michelland : Directeur Général Adjoint Administration et Finance de Nexans

Frédéric Michelland

Directeur Général Adjoint Administration et Finance de Nexans

Notre visibilité sur l’activité pour les Câbles Bâtiment et sur certains segments de câbles spéciaux reste faible pour 2010

Publié le 15 Février 2010

Nexans a publié ses résultats annuels, faisant notamment état d’un CA en baisse de 25,8% à 5,045 milliards d'euros contre 6,799 milliards en 2008. Dans le détail, les activités Câbles ont baissé de 17,2% sur l'ensemble de l'année, mais la marge opérationnelle est ressortie à 6%. Comment résumeriez-vous l’exercice 2009 de Nexans ?
Je retiendrai plusieurs éléments :
-Tout d’abord, nous avons affiché des réalisations 2009 conformes aux attentes, c’est-à-dire qu’en dépit d’une conjoncture économique dégradée, notre exercice confirme que notre cœur de métier, les infrastructures d’énergie, sont robustes et résistent donc bien en période de crise. En 2009, ces activités, à cycle plus long, ont représenté 50% de notre CA, et quasiment les ¾ de notre marge opérationnelle.
-Le deuxième élément, conforme également aux attentes, concerne le niveau de notre marge opérationnelle, qui atteint cette année 6%, malgré une sous-estimation de la baisse de l’activité en début d’année.
- Nous avons par ailleurs démontré que le modèle de Nexans résiste bien à la crise, et ce, sans rien sacrifier pour l’avenir. Autrement dit, nous avons continué à investir pour le futur malgré le contexte de crise : nous avons continué à faire des CAPEX, d’ un montant équivalent à ce que nous faisions par le passé, de l’ordre de 150 à 160 millions d’euros ; nous avons poursuivi nos efforts de R&D pour près de 60 millions d’euros ; nous avons continué de nous battre pour remporter des contrats de haute tension sous-marine, notamment dans l’éolien, où nous avons d’ailleurs accumulé, sur le dernier trimestre, quasiment l’équivalent de ce que nous avions engrangé sur les trois trimestres précédents. Au total, nous avons aujourd’hui, en  carnet de commandes, la quasi-totalité du CA attendu  sur  2010 !

Cela étant, notre visibilité sur le niveau d’activité en 2010 pour les Câbles Bâtiment  et sur certains segments de câbles spéciaux  reste faible pour 2010. C’est la raison pour  laquelle, compte tenu d’un  démarrage lent sur le mois de janvier, nous pensons que le chiffre d’affaires du premier trimestre 2010 ne marquera pas de progrès par rapport  à celui du dernier trimestre de 2009, et sera très probablement en recul par rapport à celui du premier trimestre 2009…

Comment avez-vous maintenu votre niveau de marge opérationnelle ?
Nous sommes parvenus à maintenir ce niveau de 6% de marge opérationnelle grâce à la mobilisation très tôt en 2009 de l’ensemble des collaborateurs du Groupe sur quatre fronts en parallèle :
-Sur  le front commercial tout d’abord. Nous avons en effet décidé de donner la priorité aux marges, quitte à le faire au détriment des volumes. Ce qui explique d’ailleurs que notre marge brute ait très bien résisté.
-Sur  le front industriel : nous avons ainsi intensifié nos efforts en matière de rationalisation de nos process industriels :  réduction de nos consommations matières et du taux de scrap de nos usines. Ces efforts devraient être encore renforcés en 2010.
 -Sur le front de la réduction des coûts, dans l’objectif d’abaisser le point mort du groupe. Cela s’est fait avec un certain succès, comme le démontre la baisse de 7% des frais fixes du Groupe à périmètre comparable.
-Enfin, le quatrième front  est celui des équilibres financiers du groupe avec une poursuite en 2009 des efforts de réduction du BFR qui nous ont permis de dégager 250 millions d’euros de cash. C’est d’ailleurs une bonne partie de l’explication de la réduction  de notre dette nette de 536 à 141 millions d’euros à fin 2009…

Quelles seront vos principales priorités en 2010 ?
Il y en a deux qui ne seront d’ailleurs pas très différentes de celles que nous étions fixées  en 2009 et dans le prolongement des axes stratégiques arrêtés  il y a 2 ans.

La première consiste à donner la priorité au développement des câbles pour  infrastructures d’énergie et des câbles spéciaux  à destination des segments «Resources» et Transports. Quant à la seconde priorité, elle concerne la poursuite de nos efforts d’amélioration de nos process industriels.

Avec le rapprochement avorté de Prysmian et Draka, la question de la consolidation du secteur est relancée. Quel rôle compte y jouer Nexans ?
Il y a une sorte d’unanimité  sur le fait que l’une des caractéristiques du marché du câble réside dans son caractère très fragmenté. Cette situation dure depuis de nombreuses années et tous les acteurs du câble ont annoncé à un moment ou un autre que ce marché finirait par se consolider. Je pense que cela reste vrai.

Il y a sans doute des raisons de fond expliquant la lenteur de ce mouvement, et un contexte de crise comme nous l’avons vécu en 2009 n’est pas de nature à favoriser les rapprochements. Plusieurs acteurs ont les moyens de participer à cette consolidation, et Nexans en fait partie.

Si 2009 n’y était pas propice, nous verrons ce que cela donnera en 2010.

Restez-vous à l’affût d’opérations d’acquisition en 2010…
Nous ne nous sommes jamais interdit d’en faire. D’ailleurs, depuis 2007, nous avons réalisé trois acquisitions relativement importantes.

Aujourd’hui, la situation financière du groupe nous permet de rester à l’écoute des opportunités.

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy

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