Emmanuel Babeau
Directeur financier de Schneider Electric
Nous avons un objectif d'économies de 400 à 500 millions d'euros en 2010
Publié le 19 Février 2010
Vous avez publié au titre de 2009 un chiffre d’affaires en recul de 15% à 15,8 milliards d’euros et un bénéfice net en baisse de 49% à 852 millions. Quel bilan tirez-vous de l’année écoulée ?
Schneider Electric a évolué dans un environnement exceptionnellement difficile qui s’est traduit par une baisse significative de notre activité. Mais nous avons réussi à augmenter nos prix de 1% en moyenne sur l’ensemble de l’année 2009, ce qui dans ce contexte n’était pas évident. Nous avons ainsi préservé l’avenir.
Par ailleurs, nous avons été très performants dans la réduction des coûts, avec plus de 640 millions d’euros d’économies au total sur 2009. Le groupe a généré un free cash flow record de 2 milliards d’euro qui est dû à une très bonne gestion du besoin en fonds de roulement. Nous sommes par exemple parvenus à réduire nos stocks et à améliorer les délais de paiement de nos clients.
Grâce à cette génération de cash flow, nous avons réduit notre dette de 40%, passant de 4,6 milliards en 2008 à 2,8 milliards d’euros en 2009.
Ces économies peuvent-elles être réitérées en 2010 ?
Tout à fait. Nous avons un objectif de génération d’économies de 400 à 500 millions d’euros en 2010. C’est un élément qui doit nous permettre d’atteindre notre objectif d’amélioration de la marge opérationnelle (Ebita) à environ14% (contre 12,9% en 2009).
Quels sont vos autres objectifs pour 2010 ?
Nous avons un objectif de croissance à un chiffre du chiffre d’affaires. Nous nous attendons à une année 2010 contrastée en fonction des marchés. Les nouvelles économies vont faire preuve de dynamisme (Chine, Inde, Vietnam, Amérique latine) tandis que la croissance devrait être atone dans les grandes économies occidentales.
Nous allons reprendre un niveau d’investissement plus élevé en 2010 dans les nouvelles économies pour faire face à notre développement sur ces marchés.
Vous vous apprêtez à racheter Areva Distribution pour 1,1 milliard d’euros. Comment allez-vous financer l’opération et quel impact aura-t-elle sur vos résultats ?
Nous n’avons pas fixé l’impact de l’intégration d’Areva sur nos comptes car il y a encore trop d’incertitudes sur le calendrier. Nous attendons de connaître la date exacte du ‘closing’ (ndlr : le groupe prévoit de finaliser le rachat au printemps 2010).
Ce que nous pouvons dire, c’est que l’acquisition sera relutive sur notre bénéfice par action dès la première année, puisque nous la payons avec du cash et que nous intégrons une activité rentable.
Areva Distribution nous offre une belle complémentarité dans l’activité de distribution d’électricité, depuis le lieu de production jusqu’à sa transmission au client final. Cette acquisition va nous permettre d’être un des grands acteurs de la moyenne tension et de la distribution d’énergie dans le monde.
Elle va aussi nous renforcer dans les ‘smart grid’, autrement dit les réseaux intelligents qui permettent à votre voisin de produire sa propre électricité et éventuellement de vous la vendre en direct.
Envisagez-vous d’autres acquisitions ?
Nous avons déjà à conclure l’acquisition d’Areva Distribution tout en nous concentrant sur notre croissance interne. Nous ne sommes pas du tout à la recherche de nouvelles acquisitions. Mais si des opportunités se présentent dans notre secteur, nous les regarderons.
Vous communiquez beaucoup sur l’efficacité énergétique de vos produits. Quelle part de votre de chiffre d’affaires est liée aux économies d’énergie ?
40% de notre chiffre d’affaires a une composante efficacité énergétique. C’est un vecteur de croissance formidable. Dans le scénario de Copenhague, l’efficacité énergétique représente les deux-tiers de ce qu’il faudra faire pour limiter les émissions de CO2. Les spécialistes estiment que, tous secteurs confondus, l’efficacité énergétique devrait engendrer 7500 milliards de dollars d’investissements dans les 30 prochaines années.
C’est pourquoi nous avons maintenu nos investissements dans la recherche-développement en 2009, afin d’offrir de nouvelles solutions à nos clients, par exemple pour le bâtiment, l’industrie, ou encore les data centers.
Nous avons également décroché de nombreux contrats dans les énergies renouvelables, en participant par exemple à la construction de fermes solaires, ou à l’installation de panneaux photovoltaïques sur les toits de grandes enseignes de distribution. Nous avons terminé 2009 lancés à pleine vitesse dans ce domaine.
Propos recueillis par François Schott
Propos recueillis par François Schott