Interview de Joseph Felfeli : PDG d'Acteos

Joseph Felfeli

PDG d'Acteos

La forte hausse de notre activité est le fruit d'un long travail de réorganisation de notre entreprise

Publié le 05 Mai 2011

Pouvez-vous présenter la société Acteos en quelques mots?
Acteos est une société que j’ai fondée il y a 25 ans et qui s’appelait Datatronic. L’objectif était de repenser la fonction logistique de l’entreprise et de la positionner en tant que processus au centre des opérations. En effet à l’époque la fonction logistique n’était pas traitée comme un processus de production à part entière, mais comme un ensemble de fonctionnalités de gestion informatisées. Acteos invente le concept de la « logistique intégrée », devenu à partir de 1995 le supply chain management, dont la finalité est la réduction des coûts de la disponibilité des produits par l’optimisation des stocks et l’augmentation du taux de service client. Acteos enterrait ainsi l’ère de la « gestion informatisée » pour inaugurer l’ère de la synchronisation des flux, de l’optimisation des processus de pilotage.
Nous avons alors identifié trois axes de développement de notre offre aux entreprises : la question des provisions et approvisionnements pour piloter les flux, la problématique des stocks dans les entrepôts, et la question du transport c'est-à-dire son coût et ses délais. Pour les entreprises, l’enjeu est majeur car c’est ici que réside le plus gros potentiel de rationalisation.
C’est en 1999 qu’Acteos prend un tournant. Une restructuration capitalistique me permet d’accélérer le développement de l’entreprise même si celui-ci est passé par deux acquisitions qui l’ont plombé plusieurs années. Depuis 2006, Acteos s’est réorganisé et est désormais un groupe en ordre de marche présent en France, en Allemagne et depuis récemment en Amérique du Nord.

Votre chiffre d’affaire au premier trimestre a augmenté de 33% à 2,7 millions d’euros. Comment analysez-vous cette performance?

Ce chiffre n’est pas le fruit du hasard, mais plutôt celui d’un long travail de réorganisation de notre entreprise. Jusqu’à l’année dernière, notre priorité était la rentabilité et nous sommes parvenus à de très bons résultats grâce à d’importants efforts de productivité. Nous travaillons désormais sur notre croissance organique. Nous avons lancé une offensive commerciale et marketing très agressive. Notre offre est d’ores et déjà diffusée dans toute la presse spécialisée. Nous allons également jouer la carte du cross-selling pour mettre en avant l’ensemble de notre offre. Il s’agit de gagner des parts de marchés et grossir.

La hausse de nos prises de commande traduit la dynamique com


Est-ce que vous imaginez retrouver à moyen termes votre niveau d’activité de 2008 où votre chiffre d’affaires dépassait les 12 millions d’euros, contre 10,1 millions l’année dernière?
Les objectifs que nous avons communiqués sont : une croissance à deux chiffres en 2011, et une amélioration de notre rentabilité. Il nous reste encore des gisements de productivité qui ne sont pas encore épuisés et qui pourront encore améliorer nos marges. Autrement, nous pouvons raisonnablement estimer que nous dépasserons les 12 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2012, mais nous ne pouvons pas nous en contenter.

Votre carnet de commandes a baissé au premier trimestre. Est-ce que ça va impacter votre objectif de croissance organique cette année?

Nos efforts de rentabilité et de gains de productivité ont eu un impact mécanique sur notre carnet de commandes. Il faut noter que les prises de commandes, en revanche, sont en hausse. Elles traduisent la dynamique commerciale d’Acteos.

De nombreuses entreprises ont des plans stratégiques et des objectifs à horizon 2015… Qu’en est-il d’Acteos?
Comme nous l’avons indiqué aux analystes financiers, nous espérons retrouver le niveau de rentabilité que nous connaissions avant l’introduction en bourse en 2000. En ce qui concerne la croissance, nous ne comptons pas uniquement sur la croissance organique, mais également sur de la croissance externe. Mais tout dépendra de notre valorisation boursière. Aujourd’hui, nous sommes valorisé 4 fois moins que les sociétés américaines ou canadiennes affichant les performances visées par le groupe pour 2011.

Qu’est ce qui motivera vos opérations de croissance externe? L’acquisition de nouvelles technologies, de parts de marché ou de nouvelles implantations géographiques?
Aujourd’hui, nous avons une avance technologique et conceptuelle de 4 à 5 ans

Nous atteindrons probablement le million de dollars de chiffre d'affaires en Amérique du Nord fin 2012

par rapport à nos principaux concurrents. Ce qui nous intéresse, c’est plutôt d’agréger des parts de marchés sur nos marchés actuels. Notre structure et notre organisation nous permettent d’intégrer de nouvelles entreprises sur le plan humain et opérationnel.

Vous avez lancé votre offre en Amérique du Nord en septembre dernier. Où en êtes-vous?

L’Amérique du Nord est une zone très difficile pour une PME française. Nous avons choisi de travailler avec un partenaire local chargé de recruter des intégrateurs et les sociétés de conseils avec lesquelles Acteos est susceptible de travailler. Notre partenaire est chargé de cette démarche commerciale tandis que notre initiative est garantie par la Coface à hauteur d’un million d’euros sur trois ans. Notre risque sur la trésorerie est donc nul, ainsi que le risque sur les résultats de l’entreprise. Nous ouvrirons un bureau sur place dès que nous aurons atteint le million de dollar de chiffre d’affaires. Cette année nos partenaires prévoient un chiffre d’affaires de 500 000 dollars, et nous pensons que nous atteindrons le million fin 2012.

Avez-vous en tête de nouvelles implantations à l’international?
Pour le moment, nous souhaitons nous concentrer sur notre développement en Amérique du Nord et pérenniser notre activité. Nous pourrons ensuite envisager de nouvelles zones géographiques. La Russie, par exemple, est un marché intéressant pour nous. Géographiquement proche, abordable via notre réseau allemand, c’est un marché où il y a énormément de liquidités et où il y a une vraie dynamique économique.

Etes-vous plutôt optimiste sur l’évolution de votre marché à court terme?
Oui. Il y a des besoins énormes qui ont été démontrés par la crise financière. Les entreprises ont besoin d’investir pour maitriser leurs stocks et les immobilisations. La bataille de la globalisation va se jouer sur la capacité à optimiser ces flux. Ce qui me rend optimiste, c’est que les entreprises ont compris cela et les investissements suivent.

propos recueillis par Nabil Bourassi