Interview de Eric Blanchard : Directeur financier de Somfy

Eric Blanchard

Directeur financier de Somfy

Je ne m'attends pas à ce que nous renouvelions la performance du premier semestre

Publié le 01 Septembre 2011

Quels sont les principaux points que vous retenez des résultats du premier semestre ?
Sur l’ensemble de la période, nous avons constaté une forte dynamique au niveau du chiffre d’affaires avec une croissance de 13,9% (+8,7% à taux et périmètre constants). Par les temps qui courent, c’est plutôt sympathique. Nous avons connu un très bon premier trimestre en croissance de 11,2% à données comparables et un deuxième trimestre en progression de 6,7%. Petit bémol, nous avons quand même l’impression d’être dans un monde franchement incertain en ce moment. Nous avons la chance d’avoir une croissance robuste, plus forte que celle de notre marché et de notre économie, mais nous subissons aussi les mêmes affres que celles de l’économie.
La progression du résultat opérationnel courant est de 1,9% sur le semestre, ce qui est cohérent avec nos développements stratégiques. Sur Somfy Activités, nos charges de R&D se sont accrues de 22% et les investissements marketing et commerciaux ont progressé de 18%.

Comment expliquez-vous cette différence de croissance entre T1 et T2 ?
Je ne vais pas pouvoir vous donner une explication pure et dure. Nous avons des éléments techniques avec le nombre de jours travaillés différent entre les trimestres. Toutefois, ce n’est pas parce qu’il y a moins de jours dans le mois que le consommateur ne va pas réaliser ses achats. Nous avons aussi des effets de base qui étaient plus favorables au premier trimestre qu’au second.
Nous avons une bonne idée de la ligne d’horizon que nous voulons suivre, de nos objectifs stratégiques. En revanche, cela secoue tellement au niveau macroéconomique en ce moment que nous nous réservons la capacité de moduler notre effort en fonction de ce qui va se passer tous les jours dans la vie réelle.

Au niveau de votre chiffre d’affaires, comment expliquez-vous les différences de dynamique de Somfy Activités selon les zones géographiques ?
En Allemagne, nous avons des effets de rattrapage conjugués à des prises de parts de marché, après avoir eu une croissance dans le passé qui était un peu moins impressionnante que sur d’autres zones. En France notamment, ce sont de vraies bonnes performances avec une véritable maîtrise de nos canaux de vente et de nouveaux services que nous apportons à nos clients. La zone d’Europe du Sud (Grèce, Italie, Portugal, Espagne) a été bien plus difficile. Avec -2% nous sommes plutôt soulagés. En Asie-Pacifique, nous sommes aussi relativement soulagés, en restant à peu près stables au Japon. En Australie, la performance n’est pas bonne mais c’est lié à un contexte économique difficile.

Pensez-vous que ces tendances vont se maintenir au second semestre ?
Nous n’avons pas l’habitude de donner de projections, et actuellement nous allons encore moins le faire. Cela dit, je ne m’attends pas à ce que nous renouvelions la performance du premier semestre.

Qu’en est-il de Somfy Participations ?
Le point à retenir, c’est Ciat qui renoue avec la croissance, qui double son Ebitda, et présente des prises de commandes favorables.
Pour les autres activités consolidées par intégration globale, les résultats sont très corrects avec des disparités au sein du portefeuille sur le chiffre d’affaires mais surtout sur les marges. Tout cela en sachant que l’ensemble des entreprises a globalement été touché par la hausse des prix des matières premières.

Avez-vous des projets de cession ou d’acquisition d’actifs en vue sur le reste de l’exercice ? Dans quels secteurs et dans quelles zones géographiques ?
Au premier semestre, nous avons fait un petit investissement en souscrivant à des obligations et des obligations convertibles pour 13,9 millions d’euros chez le numéro un des portes et portails au Brésil (25 millions d’euros de CA en 2010). Cet investissement représente des perspectives d’ouverture ou de renforcement de notre présence sur toute la zone.
Sur le reste de l’année, il n’y a rien de significatif dont je puisse vous parler aujourd’hui.
Dans l’ensemble, en termes d’acquisition, nous visons davantage les marchés émergents. Mais s’il y a une opportunité intéressante de consolidation en Europe, nous pouvons aussi la saisir.

Quel bilan tirez-vous de vos dernières acquisitions ?
En Chine, nous faisons un bilan très positif de notre acquisition puisqu’elle fait près de 22 millions d’euros de chiffre d’affaires sur le semestre. Notre objectif, qui était de ne pas laisser passer le train et d’être présents sur le développement de cet immense territoire, est pour l’instant rempli. Pour le moment, en termes d’activité les performances sont au rendez-vous.

Que prévoyiez-vous pour le marché sur lequel vous êtes présents dans les années à venir ?
Nous sommes sur des marchés qui doivent être porteurs pour trois raisons. D’abord, avec le développement de la domotique sur nos marchés traditionnels européens, nous sommes sur une tendance d’intégration des systèmes. La domotique est culturellement dans l’air du temps. Le marché est prêt et nous avons aussi toutes les technologies nécessaires. Ensuite, l’axe des économies d’énergies est également porteur, avec des possibilités de régulation thermique, de luminosité, de ventilation. Enfin, sur les marchés émergents comme le Brésil ou la Chine, il y a des problématiques de sécurité qui renvoient à des produits pour les portes, portails, alarmes. Globalement, je suis optimiste sur nos différents positionnements.
D’autre part, nous avons une structure financière très saine : pas de dettes, des capitaux propres de plus de 800 millions d’euros, et de nombreuses lignes de financement. Par les temps actuels un peu troublés, cela nous donne une marge de manœuvre, une capacité de réaction et une solidité.

Propos recueillis par Claire Lavarenne