Interview de Olivier Brice : Directeur financier de Soitec

Olivier Brice

Directeur financier de Soitec

L'environnement général nous amène définitivement à être prudent

Publié le 16 Novembre 2011

Quels ont été les moteurs de croissance sur la période ? Comment expliquez-vous la perte affichée par vos résultats semestriels ?
Les leviers de croissance sur ce premier semestre concernent notre cœur de métier, donc notre division électronique qui a enregistré une croissance de 18%. Dans le détail, les ventes totales de plaques au second trimestre ont atteint 70,8 millions d'euros, soit une baisse séquentielles de 8,5%, en raison de la prudence de nos principaux clients, dont AMD. Quant aux autres divisions, leurs contributions sont ressorties à 1,9 million d'euros en revenus des licences, à 4,7 millions pour la division Layer Transfer Solutions et à 2,3 millions pour la division Specialty Electronic. Enfin, la division Solar Energy n'a pas eu de contribution significative et impacte négativement les marges.

Cela étant, cette croissance tient compte d'une dépréciation du dollar de plus de 10%...

Parallèlement, nous avons décidé d'accentuer notre effort de Recherche & Développement (R&D), or la croissance nous permettait de le faire, sauf que le dollar ne nous a pas permis d'atteindre l'équilibre au niveau opérationnel. C'est pourquoi nous présentons une perte de 8,5 millions d'euros. Si le dollar avait été constant, nous aurions été positifs à hauteur de +2% de marge... Et ce, en dépit de nos investissements en R&D, de 7 millions d'euros, et de notre effort de structuration de nos organisations.

L'effet dollar est donc vraiment majeur, dans la mesure où, à taux de change constant, nous aurions le même niveau de marge, et pourtant, nous aurions rajouté quasiment 8 millions d'euros sur la partie R&D et structuration...

Mais vous avez bien une couverture...
Un industriel couvre ses flux vendeurs et acheteurs, ce que nous faisons bien évidemment: presque 100% de notre CA est libellé en dollars ainsi que 30% de nos coûts, ce qui représente 70% de couverture. Mais il s'agit ici d'un problème comptable de conversion...

Quelles sont vos perspectives sur le reste de l'exercice ?

L'environnement général nous amène définitivement à être prudent, dans la mesure où la zone de turbulence que nous traversons, va bien au-delà du périmètre de Soitec. De facto, dès lors que nous sommes dans des conditions de ce genre, l'industrie des semi-conducteurs a l'habitude de se focaliser sur les problématiques d'inventaire, et donc de réduire ses stocks, ce qui a pour conséquence une baisse des commandes de nos clients dans un premier temps.

C'est ce que nous anticipons sur les prochains trimestres. Sachant que c'est le niveau de la consommation finale qui déterminera la demande à venir et la perspective d'un rebond sur les prochains trimestres de 2012...

Et en termes chiffrés ?
Le contexte général ne nous permet pas d'avoir de visibilité suffisante, nous pouvons seulement prédire que le chiffre d'affaires du 3ème trimestre devrait baissé par rapport second trimestre, mais nous ne savons pas de combien... La grande inconnue reste en effet ce que les consommateurs vont réellement acheter pendant la période des fêtes.

Nicolas Sandanassamy