Interview de Pascal Imbert : PDG de Solucom

Pascal Imbert

PDG de Solucom

Nous sommes en train de rentrer dans une période où le marché sera beaucoup plus difficile

Publié le 01 Décembre 2011

Vous venez de publier vos résultats semestriels, lesquels font état d'un repli de 4% de votre CA et d'une autre de 43% de votre ROC par rapport à l'an dernier, comment l'expliquez-vous ?
Les résultats du semestre sont d'abord caractérisés par un repli du chiffre d’affaires qui n'est pas du tout lié à une contraction du marché mais est la conséquence de la baisse de 6% de nos effectifs que nous avons connu en 2010/2011 en raison de difficultés de recrutement et d'un turnover assez élevé.

Avez-vous pris des mesures pour corriger cette tendance ?
Face à ces difficultés de recrutement en 2010/2011, nous avons mis en place un certain nombre d'actions qui ont bien fonctionné et qui nous ont permis de faire redémarrer la croissance de nos effectifs. Il s'agit d'un sujet dont nous sommes enfin sortis, si bien que les recrutements se sont très bien passés au 1 er semestre, avec 179 recrutements connus fin septembre contre seulement 100 l’an dernier à la même époque, et continuent d'être bien orientés en ce début de second semestre.
Par ailleurs, notre niveau de turnover est en train de revenir à des niveaux tout à fait normatifs, à 16% en rythme annuel contre 20% un an plus tôt.

Quid des indicateurs opérationnels ?
De même que pour le chiffre d’affaires, ces indicateurs ne reflètent pas non plus de difficulté dans le business. Au 1er semestre, le marché a été plutôt bon, avec une demande en croissance dans tous les secteurs, ce qui nous a permis d'avoir des indicateurs opérationnels bien orientés, à la fois du point de vue du taux d'activité, à 85% stable par rapport à l'exercice précédent, et sur les prix de vente qui, comme attendus, ont progressé légèrement, en passant de 713 euros en 2010/2011 à 716 euros en moyenne au 1er semestre 2011/2012.

Votre marge opérationnelle a également souffert...
Nous avons lancé en début d'exercice un plan stratégique intitulé "Solucom 2015" qui passe par une très forte accélération de nos investissements en matière de ressources humaines et de notoriété, afin de générer une croissance forte dans la période 2011-2015. Ces investissements ont donc pesé sur la marge opérationnelle courante du 1er semestre, sachant que l'an dernier, nous étions en sortie de crise avec des dépenses compressées au maximum. Il y a donc un effet de base défavorable sur cette marge opérationnelle courante. Pour autant, cette marge du 1er semestre reste totalement conforme à notre plan de marche annuel.

L'impact sur la marge est également liée à la saisonnalité de votre activité...
Solucom a en effet un exercice décalé, autrement dit, notre 1er semestre se déroule d'avril à fin septembre, ce qui signifie que les mois d'été sont inclus dans cette période, au contraire des autres sociétés du secteur. Cela nous donne donc une saisonnalité caractérisée par un 1er semestre qui a toujours une rentabilité inférieur à celle de l'ensemble de l'exercice.
A quoi il faut également ajouter le fait que nous avons en général un CA plus important sur le second semestre qui permet de mieux financer les dépenses de fonctionnement de l'entreprise, ce qui accentue bien entendu cet effet rentabilité en croissance du 1er au second semestre.

Comment voyez-vous évoluer votre marché sur le second semestre ?
Nous vivons un exercice qui risque d'être scindé en deux parties très distinctes, dans la mesure où la crise financière, dans le courant de l'été, n'a pas tardé à générer des effets sur le marché. Autant notre 1er semestre s'est déroulé dans un marché positif, autant le 2nd semestre s'ouvre dans un marché qui est déjà beaucoup plus tendu...

Solucom est une société de conseil, or cette activité est généralement en avance de phase par rapport aux autres segments du marché des services informatiques : c'est souvent cette activité qui subit en premier les effets d'un ralentissement et qui redémarre plus vite en sortie de crise.

Nous pensons donc que nous sommes en train de rentrer dans une période où le marché sera beaucoup plus difficile. Certains de nos client nous ont d'ailleurs déjà prévenu qu'ils allaient ralentir leurs dépenses en 2012, il y a donc un changement de climat qui s'est instauré sur le marché et qui nous amène à être très offensifs en matière d’investissements commerciaux sur le second semestre.

Quelles sont vos perspectives sur l'exercice en cours ?
Etant donné le contexte, nous restons prudents sur nos objectifs de CA 2011/2012. Nous avons donc un peu décalé la fourchette de notre objectif de chiffre d’affaires sans toutefois revoir l’objectif de marge opérationnelle courante. Initialement, nous avions tablé sur un chiffre d’affaires compris entre 110 et 115 millions d'euros, or nous pensons maintenant qu'il devrait plutôt se situer entre 108 et 112 millions d'euros. En revanche, nous confirmons notre objectif de marge opérationnelle courante comprise entre 10 et 12% sur l'ensemble de l'exercice.

Actuellement, nous manquons de visibilité et nos clients également. Nous sommes en effet dans une période de grande incertitude macroéconomique, ce qui a tendance à figer les décisions. Cela étant, Solucom est une société très résiliente en période de crise, et nous sommes en outre sur un marché qui a déjà démontré sa capacité à bien résister durant les retournements de cycle, et notamment le dernier en 2008-2009.

Nicolas Sandanassamy