Interview de Olivier Brice : Directeur financier de Soitec

Olivier Brice

Directeur financier de Soitec

Le solaire sera notre principal moteur de croissance en 2013-2014

Publié le 23 Mai 2013

Soitec a annoncé des résultats en forte baisse en 2012, dont une perte nette de 209 millions d’euros et un chiffre d’affaires en baisse de 18%. Comment cela s’explique-t-il ?
Nous avons connu une baisse brutale et plus forte que prévu de nos ventes liées au marché des PC. Celles-ci ont chuté de 40%, tandis que les ventes liées aux smartphones et tablettes ont progressé de 40%. Ce phénomène de cannibalisation des ventes de PC par les smartphones touche tous les fabricants de semi-conducteurs, à commencer par les géants américain comme Intel. Chez Soitec, cela s’est traduit par un taux de charge de seulement 30% dans les activités liées au marché des PC et par une baisse des volumes. Nous avons donc mis en place dès l’été 2012 un plan d’économies afin d’ajuster notre base de coûts à la baisse demande. Ce plan a permis de redresser l’activité électronique, qui est redevenue positive au second semestre.

Comment s’est traduite concrètement la réduction des coûts ?

Nous avons réduit nos effectifs dans la branche électronique d’un peu plus de 10%. La grande majorité des départs sont en fait des mises à disposition de personnel dans d’autres entreprises du cluster grenoblois (ndlr : Soitec fait partie du pôle de compétitivité Minalogic dédié aux nanotechnologies). C’est une sorte de « prêt » à des entreprises qui ont besoin de ressources, avec une clause de retour vers Soitec d’ici 18-24 mois.

Quelles sont vos perspectives sur le marché de l’électronique grand public ?
Pour l’exercice en cours, le trend devrait rester le même qu’au cours de l’exercice écoulé. En revanche, d’ici 18 mois, nous prévoyons un rebond de l’activité électronique lié au succès de nos technologies FD-SOI (ndlr : fully depleted silicium on isolant, présentée comme l’avenir des semi-conducteurs). D’une manière générale, nous avons adapté nos produits aux nouveaux besoins de l’industrie, par exemple en proposant des semi-conducteurs capables de traiter la complexité des signaux reçus par un téléphone portable (3G, 4G, standards internationaux). Ces produits doivent nous permettre d’augmenter non seulement notre chiffre d’affaires mais aussi notre rentabilité.

Vous misez aussi beaucoup sur les centrales solaires…
Depuis deux ans, nous avons beaucoup investi dans notre activité solaire. En 2011, lors de notre augmentation de capital, nous avions annoncé un effort de 250 millions d’euros dans ce secteur, financé en grande partie sur nos fonds propres. C’est ce que nous avons fait. Nous disposons aujourd’hui d’une technologie intrinsèquement rentable et d’un outil industriel adapté. Il nous reste à exécuter les contrats que nous avons engrangés, et le solaire devrait constituer notre principal moteur de croissance au cours de l'exercice 2013-2014. Dans ce domaine, notre portefeuille couvre les deux à trois prochaines années. A l’horizon 2015, nous pouvons ainsi envisager une société complètement transformée, avec deux pôles d’activité équilibrés : l’électronique et le solaire. Chacun de ces deux pôles représenterait environ 45% du chiffre d’affaires (ndlr : contre 95% pour l’électronique aujourd’hui), le reste provenant de l’activité Eclairage (LED).

Quels sont vos objectifs de croissance et de rentabilité pour l’exercice en cours ?
Nous tablons sur une croissance à deux chiffres de nos ventes, grâce à au solaire, et sur une réduction drastique de notre perte opérationnelle. Le retour à la rentabilité est prévu pour 2015.

Propos recueillis par François Schott