Interview de Hugues Souparis : PDG du groupe Hologram Industries

Hugues Souparis

PDG du groupe Hologram Industries

En 2009, nous avons consacré 13,5% de notre chiffre d'affaires à la recherche-développement

Publié le 17 Mars 2010

Hologram Industries fournit des hologrammes pour la sécurisation et l'authentification des billets de banque, des documents d’identité ou encore des produits de marque. Votre activité a-t-elle souffert de la crise?
Nos activités récurrentes liées à l’authentification de documents de voyage (passeports) et d’immatriculation (vignette automobile) ont en effet connu une baisse sensible des volumes liée à la baisse du trafic aérien et à l’effondrement du marché automobile.

En revanche, la croissance a été tirée par le document d’identité, via le remplacement dans un grand nombre de pays des cartes d’identité papier par des cartes en plastique. Ce renouvellement concerne également les permis de conduire, notamment dans l’Union européenne où tous les pays vont devoir se conformer à un nouveau format fixé dans une directive.

Au final, nous avons pu augmenter notre chiffre d’affaires de 6,2% en 2009, à 28,3 millions d’euros. Notre résultat opérationnel a baissé de 17,1% à 5,7 millions, mais nous avons maintenu une marge opérationnelle de 20% conforme à notre objectif de moyen terme. Quant au bénéfice net, il a progressé de 16,1% à 5,5 millions.

Quels sont vos principaux marchés ?
Nous réalisons environ 75% de notre chiffre d’affaires à l’international. Nous avons beaucoup de clients dans les pays de l’Est (Pologne, Hongrie, Slovaquie, Pays Baltes, notamment) qui représentent environ 25% de notre chiffre d’affaires.

L’Asie est également une zone importante et avoisine 24% du chiffre d’affaires. Nous avons des clients aux Philippines, en Indonésie, en Malaisie ou encore à Taïwan.

Les Etats-Unis représentaient jusqu’à cette année moins de 10% du chiffre d’affaires, mais cette part  va augmenter significativement à partir de 2010. Nous avons en effet racheté fin décembre deux petites sociétés, SecureMark Decal et Ariston Reflective, qui nous offrent une véritable implantation aux Etats-Unis.

Quels sont vos objectifs sur le marché américain ?
Le niveau technologique de la concurrence n’est pas aussi élevé aux Etats-Unis qu’en Europe. Nous pensons qu’il y a réellement un créneau sur ce marché pour une société comme la nôtre. Nous avons en outre la possibilité d’y entrer à petits pas, état par état, puisque chaque état américain est compétent en matière de documents d’identité et de permis de conduire, qui font partie de notre cœur d’activité.

SecureMark Decal travaille uniquement avec le secteur public, auquel il fournit des étiquettes de sécurité pour les plaques d’immatriculation. Nous prévoyons d’augmenter les capacités de l’usine de Chicago (ndlr : celle-ci emploie à l’heure actuelle une dizaine de personnes) et d’y fabriquer d’autres éléments optiques. Sur les deux prochaines années, nous comptons y investir entre 4 et 5 millions d’euros. De ce fait nous n’envisageons pas de dégager un bénéfice aux Etats-Unis en 2010.

Quels sont vos produits les plus innovants ?
Nous avons lancé fin 2009 les hologrammes personnalisables. Il s’agit d’un hologramme transparent imprimé à la surface d’un document d’identité, qui est personnalisable, c’est-à-dire qu’on peut y mettre votre portrait. Outre la rupture technologique, cela permet de renforcer l’efficacité des contrôles. C’est un produit qui attire énormément les policiers, les douaniers auxquels nous l’avons présenté. Néanmoins, il faudra encore du temps aux Etats pour sauter le pas. Je ne pense pas qu’on puisse s’attendre à faire du chiffre d’affaires sur ce produit cette année.

Nous comptons également beaucoup sur l’identification digitale et la vérification de documents sur internet. Nous avons racheté début 2009 la société Advestigo spécialisée dans ce domaine. Je pense que c’est un marché très porteur qui va contribuer largement à notre croissance dans les prochaines années.

Comment sont développés ces produits ? Avez-vous noué des partenariats avec des laboratoires universitaires ?
Nous avons toujours consacré une grosse part de notre chiffre d’affaires à la recherche-développement – 13,5% en 2009. Je suis moi-même ingénieur, et j’ai toujours été très attiré par l’innovation.
Comme toute entreprise innovante, nous avons reçu des financements d’Oséo, mais nous avons développé notre savoir-faire de manière autonome, car il n’existe pas aujourd’hui de filière propre à notre industrie.
Le succès aidant, nous attirons davantage. Aujourd’hui, nous avons plusieurs partenariats en cours de développement avec des laboratoires universitaires français, mais ceux-ci restent pour l’heure confidentiels.

Quelles sont vos perspectives pour 2010 ?
2010 sera une année de forte croissance, ne serait-ce que par l’impact des acquisitions. Les sociétés acquises seront très certainement en croissance. Nous espérons qu’il en sera de même pour le périmètre historique, même si les effets volumes dont je vous parlais en début d’entretien (moins de voyages, moins d’immatriculations) vont probablement se retrouver en 2010.

Propos recueillis par François Schott

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