Interview de Dominique Louis : Président d'Assystem

Dominique Louis

Président d'Assystem

Nous répondons à la pénurie d'ingénieurs qualifiés dans le domaine du nucléaire

Publié le 25 Mars 2010

Assystem est une entreprise d’ingénierie et de conseil aux secteurs technologiques comme l’automobile ou le nucléaire. Comment avez-vous traversé la crise et quelles sont vos perspectives ?
J’aime cette idée que lorsqu’on traverse une crise, on en ressort plus fort. C’est vraiment ce qui nous est arrivé en 2009. Au premier semestre, nous avons pris une claque énorme avec l’effondrement du secteur automobile. L’activité a été fortement impactée, en France comme en Italie. Cela nous a poussés à nous attaquer à nos coûts indirects et à simplifier notre organisation. Ces mesures ont permis à la marge de rebondir au deuxième semestre, à 6,2%. Pour 2010, nous tablons sur un retour à une faible croissance organique (ndlr : le chiffre d’affaires a reculé de 8,6% à 613 millions d’euros en 2009) et sur une augmentation de la marge opérationnelle.

Vous misez aujourd'hui beaucoup sur le nucléaire. Pourquoi?
Le nucléaire est un marché historique d’Assystem, et c’est aussi un marché qui renaît. Il y a aujourd’hui 200 projets de centrales à travers le monde qui doivent voir le jour d’ici 2020.

Assystem est présent à toutes les étapes de construction, de mise en service, d’exploitation et de maintenance des installations nucléaires. Nous travaillons de longue date avec Areva, EDF et GDF que nous accompagnons en France et à l’international. Nous répondons notamment à la pénurie d’ingénieurs qualifiés dans le domaine du nucléaire – pénurie qui va s’aggraver au cours des prochaines années en raison du départ à la retraite des ingénieurs formés il y a 30 ans.

Pour autant, nous n’abandonnons pas nos autres activités de recherche-développement externalisée et de conseil concernant notamment les secteurs automobile, aéronautique et de la défense.

Pouvez-vous évoquer votre participation au projet ITER, ce réacteur expérimental qui va être construit à Cadarache ?
Nous sommes chefs de file d’un consortium international qui a répondu à l’appel d’offres pour la construction d’ITER et dont la proposition est arrivée en tête devant deux autres consortiums. Nous n’avons pas encore obtenu le contrat car il y a un délai de recours (ndlr : ce délai expire fin mars).
ITER est un projet mondial qui doit démontrer la faisabilité scientifique et technique de la fusion nucléaire comme nouvelle source d’énergie - une vraie rupture technologique. Si nous obtenons ce contrat, nous entrerons dans la cour des grands. Rien qu’en génie civil, le projet se monte à 1 milliard d’euros. Nous en assurerions la maîtrise d’œuvre, soit un contrat d’environ 100 millions d’euros.

Quels sont vos objectifs de croissance à moyen terme ?
Si nous obtenons ce contrat à Cadarache, nous espérons dépasser dans quelques années le milliard d’euros de chiffre d’affaires. Assystem marchera sur deux pieds : un pôle de recherche-développement externalisée pour le compte de clients industriels - avec notamment un développement sur le marché de l’informatique et de l’électronique embarqué -  et un pôle nucléaire avec la construction, la mise en service et la maintenance des installations. A l’horizon 2015, ce pôle nucléaire devrait représenter les deux tiers de notre chiffre d’affaires.

Propos recueillis par François Schott

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