Interview de Patrick Ballu : PDG d’EXEL Industries

Patrick Ballu

PDG d’EXEL Industries

Nos efforts ont toujours visé à nous rendre plus performants en sortie de crise

Publié le 05 Mai 2010

Les résultats de votre groupe au cours du premier semestre 2009-2010 font état d’une forte dégradation. Votre CA est ainsi en repli de 28,5% à 165,8 millions d’euros, tandis que le ROC est en repli de 13,8 millions d’euros à -2,4 millions d’euros. Quelle analyse en faites-vous ?
Du fait de la crise, nous avons eu une baisse significative de notre activité dans la Protection des Végétaux (-32%), ainsi que dans la Protection des Matériaux (-17%).
Néanmoins, nous avons été capables de dégager des résultats proches de l’équilibre et ce, malgré une baisse de 28% du chiffre d’affaires! En prenant rapidement des mesures d’ajustements, en baissant les coûts fixes et en gagnant en productivité, nous avons ainsi réussi à compenser d’environ de moitié l’impact de la baisse d’activité sur le ROC.
Dans un contexte de marché très dégradé, ces résultats témoignent finalement de la solidité du modèle d’EXEL Industries.

Comment expliquez-vous cette baisse d’activité sur vos marchés ?
Dans la Protection des Végétaux, cela s’explique avant tout par l’inquiétude actuelle du monde agricole, liée à l’évolution du prix des céréales et aux négociations en cours autour de la PAC. En conséquence, les agriculteurs adoptent un comportement attentiste.
Dans la Protection des Matériaux, nous subissons toujours les effets de la crise, mais l’activité tend à se stabiliser. Certains investissements industriels ne peuvent en effet plus être retardés, ce qui explique la légère amélioration de nos entrées de commandes depuis quelques semaines.

Les investissements seraient-ils donc seulement «différés» ?
Oui nous le pensons. Que ce soit dans l’industrie ou bien dans l’agricole, nos clients devront continuer à investir et à renouveler leur matériel, pour des raisons environnementales, de respect des règles de sécurité, mais aussi d’économies, car nos pulvérisateurs permettent une application plus précise et donc une réduction des consommations de produits pulvérisés, dont les coûts ne cessent par ailleurs d’augmenter (peintures plus sophistiquées, médicaments pour les plantes, etc.).
Par ailleurs, si l’on souhaite parvenir à nourrir une population toujours plus nombreuse, il faudra nécessairement investir dans l’agriculture, et notamment dans l’acquisition de nouveaux pulvérisateurs capables d’améliorer les rendements des terres cultivables, tout en préservant mieux l’environnement.

Quelles sont vos perspectives pour le reste de l’exercice ?
Dans l’agricole, nous ne pouvons pas encore parler de réelle reprise, mais nous retrouvons des niveaux de prises de commandes meilleurs qu’en 2009 et équivalents à ce que nous avions avant les pics de 2007 et 2008, consécutifs à l’envolée des cours des céréales.
Dans l’industrie, nous avons également le sentiment d’avoir dépassé le point bas de cette crise, nous sommes plus confiants pour cette deuxième moitié de l’exercice malgré une situation encore fragile.

Vous avez adapté votre entreprise à la situation de crise, mais peut-on imaginer qu’une reprise au second semestre puisse être pénalisée par cette adaptation à une activité basse ?
Au contraire, nos efforts ont toujours visé à nous rendre plus performants en sortie de crise. Nous avons notamment beaucoup travaillé sur les gains de productivité avec une nouvelle organisation de production basée sur les concepts Lean.
De plus, nous nous sommes fortement désendettés pendant la crise, à hauteur de 36 millions d’euros, grâce à la forte baisse du BFR. En deux ans, notre gearing est passé de 45% à seulement 15%. Notre situation financière est des plus solides et nous permettra de réagir dans de bonnes conditions, à la hausse comme à la baisse.

Quels nouveaux marchés, hors de France, visez-vous ?
Nous visons essentiellement les BRIC. Dans l’agricole, la Russie et les pays de l’ex-CEI disposent d’un potentiel agricole considérable. C’est pourquoi, même si le manque de financements pénalise actuellement ces pays, nos équipes locales continuent de travailler en profondeur aux côtés de nos réseaux de distribution, afin d’être prêts quand la reprise sera là.
Dans l’industrie, les besoins concernent essentiellement des pays comme la Chine, le Brésil ou l’Inde. Nous avons donc décidé d’y intensifier encore notre présence en dotant de nouveaux moyens nos filiales dans ces pays à fort potentiel. Aujourd’hui, ces pays représentent déjà 30% de notre activité dans la Protection des Matériaux, et nous ne comptons pas en rester là…

Propos recueillis par NS

nicolas