Interview de Jean-Pierre Gorgé : Président d'Auplata

Jean-Pierre Gorgé

Président d'Auplata

La demande d'or devrait évoluer à la hausse

Publié le 16 Décembre 2010

Vos niveaux de production ne sont pas encore très satisfaisants, comment Auplata compte-t-il y remédier ?
Aux bornes de nos exploitations actuelles, nous extrayons 30% de l’or contenu dans les minerais que nous traitons. Ce rendement est donc très insuffisant, ce qui est lié à l’utilisation du seul procédé gravimétrique qui est actuellement le seul autorisé en Guyane française. Nous avons d’ailleurs mis au point et réaliser un démonstrateur utilisant le thiosulfate de sodium. Les premiers résultats obtenus sont très positifs, et compte tenu de ces résultats, nous allons pouvoir maintenant passé à la construction d’une usine de plus grande taille, qui devrait nous permettre de traiter tout l’or contenu dans nos résidus déjà traités une première fois et donc de récupérer environ la moitié de cette or. Le but étant également de doubler nos rendements quotidiens, et ceci pour des coûts marginaux très limités puisque l’essentiel des minerais a déjà subi les coûts de transformation. La construction de cette usine devrait démarrer dans les tous prochains mois et devrait durer un an.

Etant donnée la hausse des cours de l’or, ne pensez-vous pas qu’une correction brutale est à craindre ?
Il me semble tout d’abord, que si l’on compare l’évolution des cours de l’or à l’évolution des cours de certains métaux rares, je ne suis pas sûr que l’or ait progressé davantage. Par ailleurs, les utilisations de l’or sur le plan industriel sont très significativement en croissance. Dès lors, la demande d’or devrait évoluer à la hausse. Nous constatons aussi que de grands groupes miniers recherchent un peu partout à l’international de nouveaux gisements à mettre en exploitation, mais souvent, elles n’en trouvent pas. Ce facteur d’offre peut aussi tirer le cours de l’or à la hausse puisque l’offre en or n’est pas totalement élastique.

Investir dans l’or reste donc un bon investissement sur le moyen/long terme…
Investir dans l’or, probablement mais je ne suis pas un financier ! En revanche, investir dans Auplata peut s’avérer intéressant. On sait en effet que le cours des sociétés minières évolue de manière beaucoup plus brutale que le cours de l’or lui-même, c’est-à-dire que les fluctuations des cours de l’or se répercutent de manière très aigue, dans un sens comme dans l’autre, sur le cours de sociétés minières. En ce qui concerne Auplata, je pense qu’il y a un élément supplémentaire qui est très important et qui est double : c’est d’une part le fait que nous venons de signer un accord avec une société canadienne qui va nous permettre de mettre en valeur le gisement de Paul Isnard d’ici quelques années ; d’autre part, nous avons la maturation et la preuve que notre procédé au thiosulfate fonctionne, nous allons donc pouvoir doubler à terme nos productions.

Pourriez-vous nous donner quelques détails sur votre rapprochement avec Colombus Gold ?
Ce rapprochement va nous permettre de devenir actionnaire de Colombus Gold à hauteur de 40 à 45%, en contrepartie de quoi Colombus Gold va dépenser 7 millions de dollars pour s’assurer que le gisement de Paul Isnard va pouvoir être mis en exploitation. Il s’agit donc de travaux de géologie, suivis de travaux d’étude de faisabilité au terme de laquelle une exploitation à grande échelle pourra être menée. L’objectif d’Auplata est donc de rester associé à cette exploitation à hauteur de près de la moitié. Par ailleurs, en devenant actionnaire de Colombus Gold, Auplata fait un premier pas vers son internationalisation puisque notre groupe va se trouver associé aux permis miniers que détient la société Colombus Gold notamment aux Etats-Unis, dans le Nevada.

Il n’est pas exclu qu’à terme, Auplata soit vendu à un grand groupe minier ?
Je crois que l’on ne peut rien exclure, mais il ne faut pas non plus oublier qu’Auplata est une petite société. Il existe dans le monde des géants miniers et il est clair que ces derniers commencent à nouveau à s’intéresser à la Guyane, ce qui n’était pas le cas il y a 2-3 ans du fait des conditions très difficiles d’obtention des autorisations administratives notamment. Dès lors, qu’Auplata rejoigne un jour le giron d’un grand groupe minier est une hypothèse qui sera peut être d’actualité dans quelques années. Cela étant, nous avons encore aujourd’hui beaucoup de travail pour créer de la valeur pour nos actionnaires.

Nicolas Sandanassamy