Interview de Axel Laroza : Gérant du fonds «Objectif éthique socialement responsable» chez Lazard Frères Gestion

Axel Laroza

Gérant du fonds «Objectif éthique socialement responsable» chez Lazard Frères Gestion

Le capital humain est, avec le capital financier, l'un des deux moteurs de l'entreprise

Publié le 12 Juillet 2011

Quelle est l’approche du fonds « Objectif éthique socialement responsable » et à qui s’adresse-t-il ?
Il s’agit d’un véhicule d’investissement socialement responsable (ISR) lancé en 2001, qui s’adresse aux investisseurs institutionnels et particuliers. Notre démarche consiste à appliquer un double filtre d’analyse à notre univers d’investissement composé des 350 plus grosses capitalisations de la zone euro. Le premier filtre est extra-financier, il prend en compte la performance des entreprises en matière d’environnement, de gestion des ressources humaines et de gouvernance. Nous nous basons pour cela sur notre partenariat avec l’agence de notation extra-financière Vigeo avec qui nous travaillons en étroite relation depuis plus de dix ans. Le second filtre, financier, est commun à l’ensemble de la gestion chez Lazard Frères. Il consiste à identifier des valeurs sous-évaluées par rapport à leur potentiel de croissance et de rentabilité.

La première ligne d’investissement du fonds est le groupe Total. Comment cela est-il compatible avec le critère environnemental ?
Nous avons opté dès le départ pour une approche « Best in class », autrement dit nous n’excluons aucun secteur a priori. Au sein de chaque secteur, nous sélectionnons les meilleurs élèves au regard du double filtre financier et extra-financier dont j’ai parlé précédemment. Total fait partie des valeurs que l’on retrouve dans de nombreux fonds ISR et non-ISR. En revanche, le filtre extra-financier nous a conduits à exclure certaines valeurs comme le fabricant d’ascenseurs Koné, qui est une entreprise extrêmement rentable mais qui a eu par le passé des problèmes avec ses clients et fournisseurs. De même, Air Liquide a longtemps été mal noté par Vigeo en raison d’un manque d’informations sur les aspects environnementaux et sociaux. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, et la valeur a intégré le fonds.

Vous insistez beaucoup sur le capital humain comme élément de différenciation. Pourquoi ?

Le capital humain est, avec le capital financier, l’un des deux moteurs de l’entreprise. C’est pourquoi la gestion des ressources humaines est le pilier de notre analyse extra-financière. Nous attachons une importance particulière à des éléments comme le taux de rotation des effectifs, la politique de rémunération et de formation, ou encore la gestion des plans de restructuration. Lorsqu’une entreprise est mal notée par Vigeo au regard de ces critères, elle ne passe pas notre filtre.

Quelle a été la performance du fonds depuis 10 ans ?
Sur la période 2001-2011, nous avons surperformé l’Eurostoxx Large d’environ 6%. Même chose sur un an, trois ans et cinq ans, où nous sommes positifs alors que le marché est en baisse. Non seulement le filtre extra-financier n’a pas coûté, mais il a généré de la sur-performance. Il a par ailleurs permis de réduire la volatilité alors que le marché traversait des périodes de crise et de rebond.

Propos recueillis par François Schott