Interview de Eve Bouard : Gérante actions small et mid caps européennes chez BNP Paribas Investment Partners

Eve Bouard

Gérante actions small et mid caps européennes chez BNP Paribas Investment Partners

Actions françaises 2014 : parmi nos convictions figurent Ingenico, Gemalto, Arkema, Alten, Zodiac, Natixis, CNP Assurances, Euler Hermès, Valeo et Plastic Omnium

Publié le 13 Février 2014

Quel regard portez-vous sur le marché des actions françaises à ce stade de l’année ?
Les multiples sont aujourd’hui dans la lignée de leur moyenne historique. Nous n'avons plus observé de décote. Les petites et moyennes valeurs ont un PE plus important que celui des grandes capitalisations en raison de perspectives de croissance plus élevées. Ces valeurs sont plus réactives, et sont s’adaptent plus facilement aux fluctuations de l’écosystème dans lequel elles se trouvent.

Le principal moteur du rebond des actions françaises cette année sera la progression des bénéfices. Nous nous attendons à une hausse entre 10% et 15%. Le rebond des titres devrait être au moins égal à cela.

Hormis les bénéfices, voyez-vous d’autres catalyseurs pour la classe d’actifs ?

Les flux et les opérations capitalistiques.
Les allocations d’actifs des grands investisseurs sont encore très déséquilibrées en défaveur des actions. Or les rendements générés par les actions françaises (environ 3%) continuent à être très attrayants, surtout lorsqu’on les compare aux rendements délivrés par les obligations françaises. C’est une situation que l’on peut qualifier d’ « historiquement inhabituelle ».

Les conditions semblent réunies pour un redémarrage des opérations capitalistiques. Les entreprises sont en bonne santé. Elles regorgent de liquidité et sont ainsi en capacité de réaliser des acquisitions en mesure de générer de la croissance à moindre coût par rapport à un investissement en interne. Elles peuvent bénéficier aussi detaux de refinancement sur le marché bas. On observe également une meilleure visibilité de l’environnement, par rapport aux précédentes années passées.

Quels secteurs devraient être particulièrement touchés par ces opérations capitalistiques ?
On parle beaucoup du secteur des télécoms. Cependant d’autres segments de niche connaissent également un fort dynamisme, comme celui du paiement par mobile ou par Internet. Du fait de l’implémentation de la réglementation SEPA, les banques européennes tendent à sortir de cette activité. Des mouvements pourraient être observés également dans le segment des Recherches et Etudes, avec des acteurs tels qu’Ipsos qui pourrait voir son périmètre d’activité évoluer.

Qu’en est-il de vos principales thématiques d’investissement du moment ?
Nous avons identifié au sein de notre univers d’investissement quatre grandes thématiques qui résultent de notre stratégie basée sur la sélection de valeurs.
La première thématique recouvre les leaders technologiques qui tirent pleinement parti de la reprise mondiale, comme Ingenico ou Gemalto.
La seconde thématique identifiée est celle d’acteurs qui se situent sur des activités en retournement, comme Arkema , spécialiste de la chimie.
La troisième thématique est celle des sociétés positionnées sur des marchés de niche et en mesure de se développer et de se renforcer quel que soit la conjoncture mondiale, comme Alten ou Zodiac.
Enfin, une dernière thématique, celle des actions très décotées (notamment sur la base du ratio rendement sur cash-flow), qui devraient connaitre une hausse de leurs cours de bourse par un phénomène de rattrapage, sans pour autant voir leurs ventes augmenter , c’est le cas notamment d’Atos.

Que vous inspirent les valeurs financières ?
Il est difficile d’en déduire des conclusions générales. Les histoires sont propres à chaque valeur. J’ai en portefeuille quelques établissements spécialisés comme Natixis, CNP Assurances, ou encore Euler Hermès.

Quid de l’automobile ?
Nous avons surtout des équipementiers comme Valeo et Plastic Omnium.
Cette dernière société a la particularité d’avoir deux grands moteurs de croissance : d’une part le nombre de véhicules croissants partout dans le monde et, plus particulièrement en Chine qui devraient faire appel à leur pot d’échappement ; d’autre part le durcissement des contraintes réglementaires pour les constructeurs automobiles à compter de 2015, incitant ces derniers à produire des véhicules plus légers et donc à utiliser plus de composants en plastique dans la carrosserie.

Sociétés exposées à la consommation domestique versus sociétés exposées à la consommation des pays émergents. Qu’en pensez-vous ?

Les sociétés exposées à la consommation domestiques étaient en 2013 très décotées. Elles ont notablement crû au second semestre, et sont donc devenues moins attractives. Pour poursuivre leur envolée, elles doivent démontrer leur aptitude à générer des profits, ce qui n’est pas encore le cas. .

D’un autre coté les sociétés très présentes dans les pays émergents ont été mises à mal et offrent pour certaines des points d’entrée intéressants.

La vigilance est ainsi de rigueur. La discrimination est clé.

Quels principaux risques appréhendez-vous aujourd’hui ?
L’emballement des flux sans reprise des bénéfices. La dépréciation des devises des pays émergents, un ralentissement de la dynamique dans ces pays et plus généralement la force de l’euro qui pourrait fortement pénaliser les entreprises européennes, fortement exportatrices.

Envisageriez-vous l’année en deux parties ?
C’est ce que nous espérons globalement, avec un 1er semestre qui s'annonce plutôt très faible, nous attendons une reprise plus dynamique dans la 2ème partie de l'année.

Propos recueillis par Imen Hazgui