Interview de Jean-François Fourt : Président, Auplata

Jean-François Fourt

Président, Auplata

La Guyane attire aujourd'hui les plus grands acteurs de l'industrie aurifère

Publié le 08 Avril 2015

Auplata, premier producteur d’or français, réalise jusqu’au 9 avril une augmentation de capital avec maintien du droit préférentiel de souscription (DPS) d’un montant maximum de 5 millions d’euros. A quoi vont servir ces fonds ?
Suite au succès de notre unité pilote de cyanuration (procédé d’extraction de l’or par réaction chimique complexe, dans des cuves agitées puis électrolyse) nous voulons passer à l’étape supérieure et déployer des usines d’extraction industrielles directement sur les sites miniers de Dieu Merci et de Yaou, en Guyane française. La cyanuration permet en effet d’extraire 95% de l’or contenu dans le minerai contre 30% pour la technique de gravimétrie que nous utilisons actuellement.
L’augmentation de capital servira à participer au financement de la construction d’une première usine de cyanuration à Dieu Merci. L’autorisation de la Direction de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DEAL) est attendue en 2015 et l’usine pourrait être mise en service en 2016. Son coût - 10 millions de dollars dont une partie financée par un prêt bancaire (project financing)- sera rentabilisé sous trois ans. Cette unité augmentera significativement la production d’or d’Auplata.

Auplata a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 18,5 millions, en baisse de 9%, et une perte nette de 5,1 millions (contre 8,3 millions en 2013). Quelles sont vos perspectives dans un marché de l’or déprimé (l’once d’or a perdu 40% depuis son plus haut de 2011) ?
Nous sommes très satisfaits de l’évolution de nos fondamentaux depuis un an. La baisse du cours de l’or, exprimé en dollar, est plus que compensée par la baisse de nos coûts, exprimés en euro. Auplata est en effet l’une des rares sociétés aurifères à produire en zone euro (en Guyane française) par conséquent la baisse de la monnaie européenne par rapport au dollar a un impact direct sur nos marges. Nous bénéficions également à plein de la baisse du pétrole qui est l’un de nos premiers postes de dépenses sur nos mines. Ces deux éléments sont de puissants soutiens à nos activités. Nous avons d’ailleurs poursuivi en 2014 nos investissements, à la fois dans l’exploration et dans la production. Outre la réhabilitation de plusieurs usines nous avons mis en place cette unité pilote de traitement des concentrés aurifères par cyanuration. Nous avons en outre conclu des partenariats avec des opérateurs majeurs de notre industrie, Nordgold et Newmont Mining, qui s’intéressent aujourd’hui à la Guyane en raison de ses gisements inexploités et de l’avantage de produire en zone euro.

Comment va se traduire concrètement votre stratégie de partenariats ?
Le potentiel aurifère de Guyane est énorme, seule une infime partie du sous-sol est exploitée (la partie sulfurée n’a jamais été exploitée). Auplata est le premier producteur d’or de Guyane avec une production de 505 Kg d’or en 2014 et plus de 700 km² de permis et titres miniers, soit 80% des permis délivrés pour ce département. Nous avons aujourd’hui l’opportunité de valoriser ces titres miniers. Il faut savoir que des groupes comme Nordgold et Newmont n’ouvrent pas de nouvelle mine dans le monde si ce n’est pour produire 20 tonnes d’or par an pendant 20 ans. C’est ce qu’ils recherchent en Guyane. Notre stratégie de joint-ventures consiste à laisser à leur charge les dépenses d’exploration et à nous associer, le cas échéant, à l’exploitation en détenant une part minoritaire dans les futurs sites de production.

Propos recueillis par François Schott