Interview de John Glen : directeur finance et administration d'Air Liquide

John Glen

directeur finance et administration d'Air Liquide

Notre politique d’acquisitions peut passer par le rachat d’acteurs locaux, notamment dans les économies émergentes

Publié le 05 Mars 2007

Un commentaire sur les résultats 2006 du groupe ?
Nous sommes satisfaits des résultats que nous avons délivrés au marché. Notre chiffre d’affaires s’élève à 10 949 millions d’euros, soit une croissance 5,7% à données comparables. Le résultat net atteint pour la première fois les 1 002 millions d’euros, en hausse de 11,4% par rapport au résultat net comparable de 2005 (qui était de 900 millions d’euros).
En 2005, les résultats du groupe avaient été marqués par deux éléments exceptionnels : la cession de Séchilienne et les provisions pour la réorganisation des activités Industriel Marchand en Europe.

Air Liquide a récemment renforcé sa présence en Asie en rachetant à Linde ses parts dans quatre coentreprises. Quelles sont les synergies attendues d’une telle opération ?
Ces acquisitions sont le résultat d’une démarche en cinq étapes menée au fil des années. Air Liquide avait noué des partenariats dans le cadre de quatre joint ventures, à Singapour, en Thaïlande, au Brunei et au Vietnam. Et nous avions plus récemment créé une joint venture au Japon : Japan Air Gases (JAG). Ces filiales sont désormais à 100% dans le groupe Air Liquide.
Il n’y aura pas à proprement parler de nouvelles synergies puisqu’Air Liquide assurait déjà le management de ces entités et détenait 50% du capital des filiales à Singapour, en Thaïlande et au Vietnam. Le rachat de ces entités est la conclusion d’une démarche initiée il y a de cela 40 ans dans l’optique, un jour, de les racheter.
Quant au Japon où Air Liquide est présent depuis 1907, le groupe disposait aussi du management de JAG et les synergies ont été effectuées au cours des deux dernières années, plus vite que prévu d’ailleurs. L’acquisition des 45% restants du capital de JAG va nous permettre de poursuivre le développement du groupe en accompagnant nos clients dans l’ensemble de la zone Asie.

Envisagez-vous de nouvelles acquisitions dans cette région ou sur une autre partie du globe ?
Air Liquide dispose aussi de partenariats à Taïwan et en Corée du sud avec des acteurs locaux. Si des opportunités se présentent, nous étudierons, le moment venu, la possibilité de racheter des parts. Notre politique d’acquisitions peut aussi passer par le rachat d’acteurs locaux, notamment dans les économies émergentes.

Vous avez récemment noué un partenariat avec Total dans le marché à fort potentiel du captage de CO2. En quoi consiste ces nouvelles technologies de combustion et qu’en attendez-vous sur le plan économique ?
Il s’agit d’un test industriel qui se déroule à Lacq, dans le sud-ouest de la France, en partenariat avec Total. Cette nouvelle technologie d’oxycombustion permet de remplacer l'air, composé d'azote et d'oxygène, par de l'oxygène uniquement. L'utilisation de l'oxygène conduit à des fumées très concentrées en CO2 rendant économiquement possible le captage, le transport et le stockage du CO2 dans le sous-sol de la Terre évitant ainsi les rejets dans l'atmosphère. A ce stade, il s’agit d’un projet industriel pilote.

Les analystes tablent sur une accélération de la croissance pour les années à venir. Quelles sont vos prévisions en termes de chiffre d’affaires et de rentabilité pour l’exercice 2007 ?
Nous n’avons pas établi de prévisions de chiffre d’affaires pour 2007. En revanche, nous misons, pour 2007, sur une croissance de notre résultat net qui atteindra deux chiffres. Dans le cadre de nos prévisions sur cinq ans, nous tablons sur une croissance du chiffre d’affaires comprise entre 8 et 10% par an, conduisant à une progression du résultat net de 10 à 13% par an. Cette croissance sera progressive.
 
Sur quelles hypothèses de prix du gaz naturel et de parité euro/dollar se fondent vos prévisions ?
Notre hypothèse de travail est celle d’un taux de change euro/dollar et d’un cours du gaz naturel constants sur la période.

Cette situation pourrait-elle constituer une opportunité de rachat pour un fonds ? Quelle serait votre réaction face à un LBO ?
Nous n’avons aucune connaissance de ce genre d’opérations et nous ne commentons jamais les rumeurs. Notre meilleur atout est notre performance. Nous entendons poursuivre notre dynamique de croissance en nous appuyant sur la fidélité de nos actionnaires et de nos salariés, sur une gestion rigoureuse et sur nos performances. Air Liquide a de très belles opportunités de développement, en particulier dans l’énergie, l’environnement, l’électronique et la santé, et bien sûr, dans les économies émergentes.

Propos recueillis par C.P.

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