La taxe sur les banques prend forme
(Easybourse.com) La France et l’Allemagne appellent leurs partenaires du G20 à mettre en place un prélèvement sur les banques afin de prévenir de nouvelles crises. Berlin compte montrer l’exemple en adoptant une loi avant l’été.
Evoquée lors du sommet du G20 de Pittsburgh en septembre, la taxe sur les banques fait son chemin, en particulier aux Etats-Unis où elle a été inscrite dans le projet de budget pour 2010-2011.
Ce projet doit cependant encore être voté par le Congrès où la bataille s’annonce rude entre Républicains farouchement opposés à toute taxation et les Démocrates partisans d’une plus grande régulation à l’instar de Barack Obama.
La taxe était également au menu du conseil des ministres du gouvernement allemand hier, auquel a assisté la ministre française de l’économie, Christine Lagarde – une première dans l’histoire des deux pays.
Pour le couple franco-allemand, il faut une taxe internationale sur les banques dont les modalités pourraient différer d’un pays à l’autre, mais qui doit permettre de prévenir tout risque systémique.
«Nous sommes fondamentalement d'accord sur la nature internationale que doit présenter ce mécanisme et sur le fait qu'il doit préserver un jeu à armes égales entre les banques qui interviennent sur les marchés financiers internationaux», a déclaré Christine Lagarde.
Divergences de vues
Mais des oppositions apparaissent déjà sur le champ d’application et l’affectation d’une telle taxe. Ainsi, Paris n’exclut pas d’y soumettre les hedge funds, ces fonds spéculatifs accusés d’avoir précipité la chute d’autres établissements, tandis que Londres défend bec et ongles ces fleurons de la finance britannique.
Berlin, qui ne veut pas attendre que ses partenaires se décident, compte faire passer avant l’été une taxe qui concernerait uniquement les banques et varierait selon le profil de risque de chaque établissement.
Son produit atteindrait 1 à 1,2 milliard d'euros par an et alimenterait un fonds destiné à répondre à d'éventuelles nouvelles crises bancaires, a précisé le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble.
Vers une taxe sur les transactions financières ?
A Paris on envisage plutôt d’affecter le produit directement au budget de l’Etat. Une manne qui viendrait combler une situation déficitaire chronique en France. Par ailleurs, le gouvernement estime que la création d'un fonds de secours pourrait inciter les banques à se tourner vers des activités trop risquées.
Selon Christine Lagarde, la création d'une taxe sur les profits bancaire n’empêcherait pas l’instauration d’un prélèvement sur transactions financières internationales, également appelé taxe Tobin.
«Je ne crois pas qu'ils soient mutuellement exclusifs», a-t-elle déclaré.
La taxe Tobin permettrait de financer la lutte contre le changement climatique et l'aide au développement et ne doit pas être exclue des réflexions du G20, selon la ministre de l’économie.
François Schott
Publié le 01 Avril 2010