La crise en zone euro va-t-elle durer?

(Easybourse.com) Les tensions sur les marchés sont palpables. La situation est grave et les secousses sur l'obligataire n'ont pas fini d'ébranler l'ensemble des marchés tant qu'un changement politique significatif ne sera pas opéré au sein de la zone euro.
Les marchés attendent beaucoup des institutions européennes. Ils veulent des réponses concrètes face au risque de défaut d’un ou de plusieurs Etats membres. Ils n’entendent pas être impliqués dans le futur mécanisme de résolutions de crise. Pour autant, c’est ce que prévoient Paris et Berlin qui ont défini ensemble les nouvelles règles du jeu pour protéger la zone euro à partir de 2013. Inspiré par les règles du FMI, le nouveau mécanisme européen de stabilité (MES) qui doit remplacer le FESF (le fonds de stabilité financière) applique à toute nouvelle dette souveraine émise après 2013 une « clause d’action collective ». Cette clause entraînera en cas de défaut de l’émetteur une modification des conditions de remboursement, avec réchelonnage de la durée de remboursement, baisse des taux ou décote sur le principal. Dès lors, avec ce dispositif, est mis clairement au programme la possibilité d’insolvabilité de certains Etats. C’est cette idée, celle de pouvoir perdre sur des emprunts publics européens, qui affole les marchés.
Le scenario d’un éclatement de la zone euro est testé par le marché
Pour Michel Aglietta, économiste au CEPII, certains détenteurs de dettes souveraines, en particulier les fonds anglo-saxons, les hedge funds et les banques d’affaires américaines, sont en partie responsables des vibrations actuelles sur le marché de la dette souveraine européenne. En rappelant que « ce qui compte c’est ce qu’il se passe à la marge », l’économiste nous explique, que ces acteurs vendent à découvert et gagnent de l’argent par des opérations spéculatives ponctuelles.
Les fonds anglo-saxons, les hedge funds et les banques d’affaires américaines, sont en partie responsables des vibrations actuelles sur le marché de la dette souveraine européenne
Les plans d’austérité tuent la croissance
Mais, pour Michel Aglietta, on demande déjà trop d’efforts pour les pays périphériques pour assainir leurs comptes publics. Il leur faut absolument de la croissance pour honorer leurs dettes. Au sein de la zone euro, l’objectif de la politique monétaire ou budgétaire n’a jamais été la croissance. « Les austérités budgétaires généralisées vont avoir pour conséquence une croissance dégradée. Le FMI prévoit déjà une hausse de PIB en recul passant de 1,7% à 1% à cause de ces mesures de rigueur», assure-t-il. Et L’Allemagne encore une fois donne la leçon. En voulant se montrer ferme, elle entretient la tension sur les marchés. A tel point que le président du Parti socialiste européen, Poul Nyrup Rasmussen, n'a pas hésité à déclarer la semaine dernière : « Angela Merkel doit apprendre que les dirigeants politiques doivent parfois la fermer ».
Changement significatif de politiques
Pour l’économiste du CEPII, « l’Allemagne doit faire des efforts de relance et assurer une solidarité macro-économique ». En deux mots, rien ne sert de donner l’exemple, si derrière rien n’est fait pour assurer le redémarrage de la consommation outre-Rhin et avec elle l’ensemble de l’activité eurolandaise. La reprise de la croissance est le nerf de la guerre. Et d’ajouter, « il faut par ailleurs accepter une coordination européenne avec un budget européen. Et ne pas oublier que le déficit actuel a été creusé à 80% à cause de la récession ».
Si la fébrilité des marchés persiste, des mesures politiques vont devoir être prises. Mais, les décisions prises en urgence ne sont pas toujours meilleures… L’histoire récente le prouve. Alors qu’il faudrait davantage repenser la politique fiscale au niveau européen et en profiter pour restructurer les politiques budgétaires, il est fort à craindre que pour éviter le pire, les gouvernements de la zone euro soient prêts à tout.
La BCE continue à jouer les pompiers, mais les braises résistent
La Banque centrale européenne vient d’annoncer qu’elle continuera en 2011 ses opérations spéciales de refinancement à trois mois. Cette décision va apporter
Les banques européennes sont encore chargées de créances douteuses et les stress tests n’ont pas été réalisés de manière sérieuse
Stéphanie Villers
Publié le 02 Décembre 2010