Crise des dettes souveraines : ce que craignent les marchés
(Easybourse.com) Après la Grèce, l'Irlande… Et bientôt ? Le Portugal ? Les craintes sur les dettes souveraines ont repris de la vigueur avec les déboires financiers de l'Irlande qui vient enfin d'accepter les mesures d'austérité préconisées par Bruxelles. Mais ces vicissitudes annoncent-elles une débâcle plus grave et généralisée aux poids lourds de l'Europe ? Pour répondre, Easybourse est allé enquêter auprès de deux spécialistes, Philippe Waechter et Marc Fiorentino…
Après avoir surfé sur une croissance forte jusqu’en 2007-2008, notamment grâce au dumping fiscal pratiqué pour les sociétés, l’Irlande doit aujourd’hui faire face à un retour de bâton pour le moins vigoureux, avec des niveaux de croissance très faibles et un système bancaire au bord de l’effondrement. A quoi il convient d’ajouter une hausse soutenue des déficits publics. Pour Philippe Waechter, directeur de la recherche économique de Natixis AM, ces éléments composent «l’équation impossible» que les marchés financiers sanctionnent actuellement en attaquant l’Irlande :
Philippe Waechter
Mais si Philippe Waechter estime qu’il faut bien faire la part des choses entre d’un côté, des pays comme la Grèce, l’Irlande et le Portugal, et de l’autre, des Etats plus solides comme l’Allemagne ou la France, le spécialiste des marchés financiers, et PDG d’Euroland Finance, Marc Fiorentino, n’hésite pas quant à lui à tirer la sonnette d’alarme. A l’en croire, les marchés ne se sont pas trompés et auraient même prédits depuis deux ans les déboires que connaissent aujourd’hui l’Irlande, la Grèce et bientôt, le Portugal. Or, souligne-t-il, si l’on peut encore régler la question de dette souveraine de ces pays à coup de «rafistolage», il apparaît plus délicat de résoudre la crise qui risque de toucher un Etat autrement plus important, l’Espagne. Le vrai sujet serait en effet le risque de contagion vers des pays dont l’endettement ne pourrait être résorbé seulement par la générosité européenne à travers son fonds Fonds de stabilité financière (FESF), doté de 400 milliards d’euros.Dès lors, on peut déjà se demander si les quelques coups de rabot appliqués sur les niches fiscales françaises suffiront à résoudre le problème de la dette structurelle de la France.
Marc Fiorentino va même encore plus loin, jugeant que seule une attaque des marchés sur la dette américaine serait en mesure d’imposer à tous une réflexion de fonds sur la restructuration des dettes nationales.
Marc Fiorentino
Nicolas Sandanassamy
Publié le 24 Novembre 2010