Interview de Bruno Rostain : Président du directoire d’Aviva France

Bruno Rostain

Président du directoire d’Aviva France

Aviva a réalisé une croissance dynamique au deuxième semestre 2007 à l’inverse du marché

Publié le 18 Mars 2008

Quels enseignements tirez-vous de vos performances 2007 ?
En 2007, Aviva France a réalisé une croissance de l’ensemble de son activité de 2%, notamment une hausse de ses affaires nouvelle vie, épargne et retraite de 2% dans un marché de l’assurance vie en baisse de 4% en France. Aviva a réalisé une croissance dynamique au deuxième semestre 2007 à l’inverse du marché.

La dégradation de la conjoncture économique est-elle de nature à atténuer votre dynamisme ? Quelles sont vos prévisions pour l’exercice 2008 ?
Notre conception de l’assurance vie est qu’elle répond à un objectif de long terme et doit être conçue, gérée, dans une perspective de durée. De ce fait, notre sensibilité à la conjoncture économique est relativement limitée, au-delà de l’impact immédiat qu’elle peut avoir sur la collecte annuelle. Concernant nos perspectives pour 2008, nous en parlerons à l’occasion de la conférence de presse que nous organiserons le 27 mars prochain.

Quel a été la conséquence de la crise des subprimes sur les résultats de votre groupe ?
A l’occasion de la présentation des résultats 2007, le groupe Aviva a exposé de manière détaillée la composition de ses actifs, y compris son exposition au subprime qui est très limitée. Au final, la provision pour participation aux excédents s'élève à 627 millions d'euros à la fin de l'année, la réserve de capitalisation vie à 622 millions d'euros, et les plus-values latentes sur placements vie et dommages à 1407 millions d'euros.

Indépendamment des titres subprimes, qu'est-ce qui pourrait affecter les résultats du groupe dans le cadre de la crise financière que nous connaissons ?
D’une manière générale, on peut imaginer que bien que non impactés significativement par la crise du subprime, les acteurs de l’assurance pourraient être indirectement affectés par l’évolution du marché boursier.

Sur le front des acquisitions, de quelle marge de manœuvre financière disposez-vous ?
En tant que filiale d’Aviva plc coté à la bourse de Londres, Aviva France n’est pas habilité à répondre à cette question.

Vers quelles zones géographiques tournez-vous votre regard ?
 Le groupe Aviva est implanté en Europe, en Amérique du nord et en Asie-Pacifique. La société se développe dans toutes les régions et plus rapidement évidemment dans des marchés de niche comme en Amérique du nord et sur des marchés émergents comme l’Europe de l’est et en Asie (Chine, Inde, Taïwan et Corée du sud).

On observe une augmentation sensible de l'assurance collective et des assurances de risques par opposition à l'épargne ou à la retraite. Comment analysez-vous la situation ?
Aviva France se positionne uniquement sur le marché de l’assurance individuelle, qui représente, de très loin, l’essentiel du marché.

S’agissant du marché de l’assurance vie, quel a été l’impact du fort ralentissement des transferts des PEL et des transferts Fourgous ?
Avant tout, je souhaiterais préciser qu’Aviva France a toujours eu la volonté de diversifier ses sources de revenus en assurance vie. La vente de nos produits d’assurance vie s’effectue par de nombreux canaux de distribution (nos agents généraux, nos commerciaux salariés, des courtiers ainsi que des partenaires de référence tels que l’association AFER, première association française d’épargnants retraite ou encore le groupe Crédit du Nord, via notre société commune Antarius). Les transferts de PEL ont surtout bénéficié aux bancassureurs.

Pour ce qui concerne Aviva, si impact il y a du ralentissement des transferts de PEL, ce serait au travers de l’activité d’Antarius.
Concernant les transferts Fourgous, Aviva n’a jamais comptabilisé les transformations Fourgous dans ses affaires nouvelles et le ralentissement observé des transferts Fourgous n’a donc pas d’impact sur nos chiffres d’activité.

Il semble qu'il y ait un retour des contrats euros vers des contrats en unités de compte. Confirmez-vous cette tendance ? Celle-ci est-elle préoccupante ?
Ce que l’on peut dire c’est que nous n’avons pas observé de mouvements forts sur les stocks de contrats, qui se seraient traduits par un transfert des unités de compte vers les fonds en euros. Cela s’explique à mon sens  par notre démarche de bon conseil qui vise à être proche de nos clients, à positionner l’assurance vie comme un produit de long terme, notamment dans les périodes d’incertitudes pour leur apporter un conseil réellement adapté à leur besoin. Pour autant, on doit s’attendre à ce que la part des unités de compte dans la collecte de début 2008 soit plus faible.

Selon le président de la république, les Français épargnent trop. Un certain nombre de mesures ont été envisagées dans le but d'inciter les Français à consommer davantage. Une des mesures concerne le déblocage de l'épargne salariale et l'autre la transmission de succession. Quel est votre avis sur ces deux mesures ?
Si on regarde les besoins, on voit bien que la retraite, voire la dépendance, vont nécessiter une épargne long terme croissante. De la même manière, le financement de l’économie en confirme les besoins. Pour autant, de façon ponctuelle et conjoncturelle, on peut comprendre la volonté de relancer l’activité économique en soutenant la consommation, et c’est ce que le gouvernement s’efforce de faire.

Propos recueillis par Imen Hazgui