Interview de Julian Waldron : Directeur financier de Technip

Julian Waldron

Directeur financier de Technip

Nous nous sommes séparés de nos projets les moins rentables

Publié le 19 Février 2010

Technip a publié un bénéfice net en repli de 62% en 2009, en raison d’une charge exceptionnelle au quatrième trimestre. Votre chiffre d’affaires est lui aussi en baisse (-12,4%). Quel regard portez-vous sur l’année écoulée ?
Nos résultats sont en ligne, voire légèrement supérieurs à ce que nous avions donné comme indication au marché. Notre chiffre d’affaires a atteint 6,45 milliards d’euros alors que notre objectif le plus récent était de 6,4 milliards ; notre marge est ressortie à 10,5% pour le groupe et à 18,8% pour les activités « subsea » contre un objectif de 18%.

Si l’on exclut la provision exceptionnelle sur le dossier TSKJ Nigeria, le résultat net de 170 millions d’euros est également supérieur au consensus du marché.

Le plus important est que nous avons atteint les objectifs que nous nous étions fixés en matière de rentabilité opérationnelle, de carnet de commandes et de trésorerie.

Pourtant le titre a chuté jeudi après la publication de ces résultats. Comment l’expliquez-vous ?
La performance du titre a été très bonne ces derniers mois, y compris dans les jours qui ont précédé les résultats, où nous avons fait des préannonces. Que le titre prenne une pause ne me choque pas. D’ailleurs je suis plutôt rassuré par les réactions des analystes à la fois sur la performance 2009 et sur les objectifs que nous avons donnés pour 2010.

Vous prévoyez un nouveau recul de votre chiffre d’affaires en 2010 (autour de 6 milliards). Pour quelles raisons ?
Le chiffre d’affaires prévisionnel de 2010 prend en compte deux éléments. Tout  d’abord, nos clients ont lancé un peu moins de projets en 2009, ce qui devrait se refléter sur notre chiffre d’affaires au second semestre 2010 et en 2011. En outre, nous avons volontairement nettoyé notre carnet de commandes depuis deux ans, afin de nous séparer des projets non rentables ou les moins rentables. En 2009, ces projets représentaient encore quelques centaines de millions d’euros de chiffre d’affaires ; en 2010 ce sera beaucoup moins. Je pense en particulier à des projets que nous avons pris en 2005-2006 au Moyen-Orient et aux Etats-Unis et qui se sont avérés non rentables.

Quel impact a eu la baisse des cours du pétrole sur votre activité ?
La baisse du prix du pétrole a beaucoup freiné notre activité dans la première moitié de l’année dernière. A 35-40 dollars le baril en janvier 2009, l’ensemble de la clientèle se demandait s’il fallait continuer à lancer des projets. Cela s’est assez vite corrigé ensuite et les décisions finales d’investissement ont repris.
Les projets qui ont été les plus touchés par la baisse du prix du baril mais aussi par la baisse des financements se situent en Mer du Nord ou encore au Canada dans les sables bitumineux. Lorsque le prix du baril est trop bas, ce genre de projet ne voit tout simplement pas le jour. Cependant, nous restons présents sur ces marchés pour être prêts quand ils redémarreront, comme ce devrait être le cas en 2010.

Craignez-vous que les compagnies pétrolières exercent une pression sur les prix compte tenu des perspectives moroses de la production pétrolière ?
Nos clients ont toujours été exigeants en termes de coûts mais aussi en termes de productivité et d’efficacité des projets. En 2009, nous avons pu les aider à réduire leurs coûts sans pour autant réduire nos propres marges. Comment faisons-nous cela ? En leur proposant un service ‘clé en mains’ comprenant le design des unités (raffineries, plates-formes, etc.), le planning des achats et la gestion de l’ensemble des coûts liés à un projet. Nous conservons ainsi une rentabilité tout à fait correcte.

Comptez-vous élargir vos activités aux énergies renouvelables, par exemple avec la construction et l’installation d’éoliennes offshore ?
Technip souhaite rester un groupe centré sur l’énergie. Cela inclut les énergies renouvelables. En 2008-2009, nous avons lancé quelques projets dans ce domaine, par exemple le projet Hywind en Norvège, pour StatoilHydro. Il s’agit de la première éolienne offshore flottante au monde, d’une capacité de 2,3 mégawatts, dont nous avons conçu et fabriqué la structure sous-marine dans notre chantier finlandais, et que nous avons ensuite installée. C’est un projet très réussi, et si nous pouvons en faire d’autres, nous le ferons. Nous avons d’ailleurs récemment annoncé que notre centre opérationnel d’Aberdeen sera le centre de référence du groupe pour ce type de projets en Mer du Nord. Nous considérons qu’il s’agit d’un secteur stratégique. Toutefois il ne représentera qu’une petite partie de notre chiffre d’affaires.

Propos recueillis par François Schott

francois