Interview de Eric  Pagniez : Délégué général adjoint de l’AFG

Eric Pagniez

Délégué général adjoint de l’AFG

Vers un label unique applicable à tous les fonds monétaires en Europe

Publié le 04 Mai 2010

Comment définissez-vous les OPCVM monétaires ?
Un OPCVM monétaire est un OPCVM dont la liquidité est assurée tous les jours  et dont la gestion est effectuée de manière à offrir dans la mesure du possible un rendement proche des taux du marché monétaire.

Quels sont les risques clairement identifiés sur ces véhicules ?
Ce sont des OPCVM  qui ont pour objectif la préservation du capital investi sans toutefois en offrir une garantie.
En effet, ces produits présentent deux risques principaux mais qui restent limités : le risque de crédit qui se matérialiserait par un défaut de remboursement d'un émetteur, et le risque de taux.

Quel regard portez-vous sur la réforme réglementaire des fonds monétaires ?
Au niveau européen, il n’existe pas à l’heure actuelle une définition homogène  pour les OPCVM monétaires. Le CESR travaille actuellement à l’élaboration d’un label unique applicable à tous les pays de la communauté européenne. L’AFG a pris une part active aux travaux en cours en apportant une réponse précise à la consultation lancée par le CESR en octobre 2009.
L’objectif des travaux du CESR est d’établir un cadre précis aux OPCVM pouvant être qualifiés de monétaires. Les propositions avancées touchent principalement à trois aspects : la duration maximale des OPCVM, la maturité résiduelle maximale des titres détenus par ces OPCVM et leur qualité de signature (rating) minimum. La question est de savoir où placer le curseur.

La convergence est-elle assurée des deux cotés de l’Atlantique ?
Nous n'avons pas tout à fait les mêmes règles. Un exemple en est donné avec la valorisation des actifs. En France, le principe de valorisation applicable est de coller à la valeur de marché (« mark to market »), alors qu'aux Etats Unis, il est possible de valoriser les actifs de manière linéaire jusqu’à 397 jours.
Les fonds monétaires à valeur liquidative constante, qui sont très répandus dans le modèle anglo saxon, ne sont pas autorisés dans notre pays. L’AFG a d’ailleurs préconisé dans sa réponse à la consultation du CESR que le label OPCVM monétaires se limite à une stricte valorisation «mark to market» des instruments détenus par les fonds.

Vous avez également exprimé des recommandations sur la composition de ces fonds ?
Effectivement les recommandations de l’AFG tendent à faire en sorte que les gérants n’aient pas de contraintes trop restrictives qui le mettraient dans une  situation où il n'est plus en mesure de gérer de manière efficace. Nous avons par exemple préconisé que les OPCVM monétaires ne soient pas uniquement investis dans les titres les mieux notés, mais que les titres courts émis par des entreprises d’une qualité de rating reconnue « investment grade » restent éligibles. 

Quel regard portez-vous sur la sortie massive des investisseurs des fonds monétaires depuis quelques mois maintenant ?
Cette sortie s’explique essentiellement par des éléments conjoncturels des taux du marché monétaire très bas, et parallèlement la concurrence d'autres supports de placement à court terme.
Je n'ai pas toutefois pas d'inquiétudes sur le trend qui se dessine et le recul de 4.6% de l’encours des OPCVM monétaires en France depuis le début de l’année doit être analysé comme un mouvement de rééquilibrage, après que cet encours ait atteint des niveaux exceptionnellement élevés en période de crise.

Propos recueillis par Imen Hazgui

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