Interview de Charles  Dautresme : Stratégiste au sein d'AXA IM

Charles Dautresme

Stratégiste au sein d'AXA IM

«Une croissance de 101% est attendue pour les bénéfices du secteur bancaire en 2010»

Publié le 15 Juin 2010

Quel regard portez-vous sur les perspectives d’évolution des bénéfices des sociétés pour 2011 ? 
Les profits sont attendus en hausse de 32% en 2010 et 19% en 2011. Quelques doutes planent sur les perspectives de progression des bénéfices pour 2011 en raison des éléments macro économiques. Je ne vois cependant pas trop de difficultés à réaliser une croissance à deux chiffres.
Les analystes s’attendent par ailleurs à une perspective de hausse des chiffres d’affaires de 6,5% pour l’année prochaine. Cela n’est pas irréalisable.
Ce qui me semble en revanche moins évident en raison de la hausse des couts, ce sont les estimations d’augmentation des marges. Les analystes s’attendent à un niveau de marge de 17,9% (EBITDA/CA) en 2010 à 18.8% en 2011.

Entre les profits, le chiffre d’affaires et les marges, quel indicateur vous semble le plus pertinent ?
Le chiffre d’affaires.

Comment appréhendez-vous le niveau des valorisations ?
Nous sommes descendus relativement bas, notamment sur les financières, qui représentent 25% du marché, où nous avons des niveaux de valorisation à moins de 1 de cours sur actifs nets.  Ceci implique un résultat financier ROE de 5% sur le long terme. Nous n’avions jamais vu cela auparavant.
Ce massacre des valeurs financières s’explique clairement par leur exposition aux dettes souveraines des pays de la zone euro. 
Le marché de la santé est également très bon marché en raison des craintes qui pèsent eu égard à l’expiration des brevets des médicaments phares d’ici 2012.

Ce caractère bon marché n’a-t-il pas sa raison d’être ?
La faible valorisation des marchés actions eu Europe me semble globalement exagérée. Les investisseurs anticipent le pire.
Nous avons un objectif de progression des indices de 20% d’ici la fin de l’année par rapport au niveau actuel.
 
Sur quelle évolution tablez-vous pour le secteur financier et le secteur de la santé ?
Nous n’avons pas pour habitude de donner des chiffres de progression pour les secteurs. Nous nous contentons de donner des recommandations à l’achat ou à la vente.
En l’occurrence ces deux secteurs sont à l’achat. Une croissance de 101% est attendue pour les bénéfices du secteur bancaire en 2010. L’effet de base est très important. Des établissements étaient en pertes l’année dernière.

De quelle manière envisagez-vous l'évolution de la prime de risque ?
Pour calculer la prime de risque, nous considérons les perspectives de bénéfices sur les trois prochaines années, le niveau actuel de l’indice MSCI Europe et les taux sans risque.  Cette prime se situe à 8,99%. Le point haut atteint était 10% fin 2008 et s’inscrivait dans des conditions de marchés beaucoup plus mauvaises. La moyenne est de 5,38%.

Comment voyez-vous le retrait des investisseurs institutionnels des marchés actions ?
Nous le voyons au niveau des flux. Si nous tenons compte des données de Ishares, le plus gros fournisseur d’ETF dans le monde, uniquement pour le mois de mai, la décollecte sur les actions émergentes s’élève à 200 millions de dollars et la collecte sur les obligations américaines et européennes est de près de 1 milliard.
Ce désengagement est lié à des contraintes réglementaires et  à la crainte sur le risque de défaut des pays de la zone euro. Il est quelque peu exagéré par au niveau des valorisations.
Cet ajustement n’est pas tout récent et pourrait bien être bientôt terminé.

Propos recueillis par Imen Hazgui

imen