Interview de Laurent Rouyrès : PDG de Labrador, créateur des Grands Prix de la Transparence

Laurent Rouyrès

PDG de Labrador, créateur des Grands Prix de la Transparence

Les entreprises françaises ont fait d'énormes progrès dans l'information réglementée

Publié le 28 Septembre 2010

Labrador est une société spécialisée dans l'information réglementée des entreprises. De quoi s'agit-il au juste ?
Nous aidons les entreprises à rendre leur information réglementée (rapports financiers annuels et trimestriels, documents à destination des marchés) plus claire et transparente. Nous réalisons 70% de l'information réglementée des 100 premiers groupes français. En effet, plus l'information est claire et précise, plus elle a de chance d'être en conformité avec les normes en vigueur. Notre objectif est de rendre cette information utile à tous : analystes, investisseurs et grand public. Mon rêve est qu'un jour ma fille qui a 14 ans puisse lire le rapport annuel d'un grand groupe.

Les entreprises vous suivent-elles dans cette démarche ? Vous décernez demain les Grands Prix de la Transparence du SBF 120...
Tout à fait. Depuis 2001, d'énormes progrès ont été faits. Non seulement l'information est plus fournie mais elle est publiée plus rapidement. Par exemple, la date de sortie moyenne du rapport annuel pour les entreprises du CAC 40 est passée du 29 avril en 2005 au 27 mars en 2010. On a gagné un mois, alors que dans le même temps de nouvelles obligations réglementaires sont apparues et ont rendu plus complexe la production des rapports. La présentation des documents s'est elle aussi beaucoup améliorée, même s'il reste des progrès à faire notamment sur les documents numériques, disponibles en ligne, qui ne sont pas toujours interactifs.

Comment jugez-vous la qualité de l'information réglementée en France par rapport à d'autres pays ?
Les entreprises françaises peuvent encore s'améliorer sur deux points par rapport aux anglo-saxons : la rapidité de publication et la comparabilité. Les documents américains sont ultra-normés, ce qui facilite les comparaisons d'une entreprise à l'autre, et permet aussi une publication plus rapide. Ce sont généralement des documents en noir et blanc à la présentation peu soignée mais les informations y sont accessibles rapidement.

Les entreprises françaises ont longtemps rechigné à dévoiler la rémunération de leurs dirigeants. Est-ce une information que l'on trouve aujourd'hui dans tous les rapports ?
Oui. Les entreprises françaises respectent le code Afep/Medef qui fixe des directives précises dans ce domaine. Avant, c'est vrai, on pouvait dissimuler ces informations, voire vous faire croire à de faux chiffres en matière de rémunération. Aujourd'hui, ce n'est plus possible. Toutes les informations sur la rémunération des dirigeants sont dans le document de référence, même s'il reste des points de complexité. Le calcul des retraites (ndlr : retraites-chapeaux), par exemple, peut être difficile à effectuer pour les petits actionnaires.

Si les rapports financiers contiennent de plus en plus d'informations sur l'entreprise, le lecteur ne risque-t-il pas de s'y perdre ?

En effet, les documents d'information réglementée ont tendance à enfler, malgré nos efforts pour en simplifier la présentation. Cela découle des obligations de plus en plus précises fixées par le régulateur. Mais cela n'est pas gênant en soi. Personne ne lit un document d'information réglementée de A à Z, ce n'est pas le but. Tout le monde y cherche une information précise. Peu importe donc que le document fasse 20 pages ou 500, l'important c'est de trouver l'information. Et c'est justement notre travail.

Propos recueillis par François Schott