Interview de Dominique Blanc : Directeur de la recherche ISR chez Novethic

Dominique Blanc

Directeur de la recherche ISR chez Novethic

Nous ne jugeons par les entreprises mais les gérants ISR

Publié le 05 Octobre 2010

Novethic a accordé son label « ISR » (investissement socialement responsable) à 142 fonds cette année, contre 92 en 2009. Les sociétés de gestion sont-elles devenues plus vertueuses en matière de développement durable ?
Si nous avons décerné un plus grand nombre de labels cette année, c'est parce que nous avons eu davantage de candidats. Avec 80 nouvelles candidatures, il est certain que les sociétés de gestion manifestent un intérêt grandissant pour le label. Mais la proportion de recalés – 22% - est stable. Beaucoup de sociétés de gestion ont présenté plus de fonds qu'en 2009. Amundi (la coentreprise des groupes LCL et Crédit Agricole, ndlr), alors qu'elle n'avait pas fait acte de candidature en 2009, a cette fois demandé le label pour l'ensemble de ses fonds ISR ouverts aux particuliers.

L'un des buts du label est de faire connaître l'ISR du grand public. Pensez-vous que cet objectif soit atteint ?
Pas encore. Les banques commencent à commercialiser des produits ISR auprès des particuliers mais les efforts déployés restent insuffisants pour que l'ISR bénéficie d'une réelle visibilité dans les grands réseaux de distribution. Le label peut permettre d'augmenter cette visibilité, toutefois nous sommes très attentifs à la manière dont il est employé sur les brochures commerciales. Novethic s'associe par ailleurs à des initiatives telles que la Semaine de l'ISR (ndlr : du 4 au 10 octobre) ou la constitution d'un « village ISR » au sein du Forum de l'investissement (8 et 9 octobre), essentielles pour la promotion du label auprès des épargnants particuliers.

Que répondez-vous aux critiques des Amis de la Terre (ONG environnementale) sur l'absence de différence réelle entre un fonds ISR et un fonds classique ?
A l'instar des autres fonds actions, les fonds ISR sont investis essentiellement dans des grandes capitalisations afin de garantir un certain rendement aux investisseurs. Mais ils tiennent également compte de critères extra-financiers et amènent les entreprises à répondre à des questions de plus en plus précises sur leur impact environnemental et social, ce qui est en soi une véritable révolution. Les Amis de la Terre ont une démarche « éthique » considérant que certains secteurs d'activité sont intrinsèquement néfastes. Ce n'est pas notre approche. Nous ne jugeons pas les entreprises sélectionnées dans les fonds ISR mais les gérants et leur démarche. En outre, certains produits de taux n'ont pas obtenu le label pour des raisons liées à des problèmes de notation extra-financière des Etats ou de mode de gestion de produits financiers dérivés.

Propos recueillis par François Schott