Interview de Yves  Maillot : Directeur des investissements et de la gestion actions de Robeco Gestion

Yves Maillot

Directeur des investissements et de la gestion actions de Robeco Gestion

Une de nos principales convictions, France Telecom

Publié le 22 Octobre 2010

Un des secteurs que vous appréciez est celui des télécoms. Pourquoi ?
Les avantages liés à ce secteur résident dans des rendements relativement certains au bénéfice de risques relativement faibles et dans une certaine visibilité des performances du fait de cash flows importants face à un environnement très incertain. Une société comme France Telecom a un cash flow d'environ 8 milliards d'euros. Le rendement du free cash flow (cash flow comparé à la capitalisation boursière de 44 milliards d'euros) est de 18%.
Nous voyons des gisements de croissance significatifs comme le développement d'Internet sur la télévision, ou encore de la vidéo à la demande.

Quel est le niveau de ces rendements ?

Si nous considérons les grands opérateurs historiques, le rendement attendu sur le dividende 2011 pour France Telecom est de 8,6%, pour Telefonica de 8,7%, pour Vivendi de 7,2%, pour Deutsche Telekom de 6,7%. La moyenne se situe donc aux alentours de 7%.

Quels sont les principaux risques que présente le secteur actuellement ?

Nous pouvons mentionner un potentiel de revalorisation plutôt faible en raison d'une croissance du chiffre d'affaires très modeste. Pour France Telecom, les perspectives de bénéfices sont de 2 à 3%. Nous passerions d'un bénéfice par action de 1,68 euro à 1,72 euro (estimé).
Il y a en outre une incertitude sur la pérennité des marges pour des motifs de concurrence, de contraintes réglementaires. Encore hier, France Telecom annonçait l'abandon de ses tarifications nationales et locales. Qui plus est des investissements d'envergure vont être nécessaires pour développer les réseaux 3G et 4G.
Un dernier risque est liée à une probable hausse de la fiscalité. Le secteur des télécoms est totalement contrôlable par les autorités étant donné que les délocalisations ne sont pas possibles.

Quel regard portez-vous sur la valorisation du secteur ?

La valorisation est peu élevée. Si nous considérons les PER sur 10 ans, ces derniers sont montés jusqu'à 78 fois les bénéfices (au sommet de la bulle Internet). A présent ils se situent entre 10 et 12 fois.

Quelles sont les valeurs du secteur que vous détenez ?

Hormis France Telecom, nous avons également Deutsche Telekom, Telecom Italia et Vivendi sur lequel il y a un potentiel de revalorisation non négligeable des autres actifs .
L'importance des pondération depend des portefeuilles. Dans le portefeuille zone euro, la pondération sera davantage en faveur de Deutsche Telekom et dans un portefeuille français en faveur naturellement de France Telecom.

Quel est votre horizon d'investissement sur ce type de valeur ?
Du fait de la moindre volatilité de ces titres et de la recherche d'une performance régulière la détention sera a priori plus longue que sur des paris plus ponctuels comme les valeurs cycliques. Ensuite tout dépend des benchmarks des portefeuilles. Dans un portefeuille français, il est un peu incontournable de détenir du France Telecom et d'avoir une détention longue sur le titre. C'est surtout le poids de la ligne qui évolue.

Propos recueillis par Imen Hazgui