Interview de Georges Karam : PDG de Sequans Communication

Georges Karam

PDG de Sequans Communication

En nous introduisant à New York, nous accédons à un marché spécialisé dans notre secteur

Publié le 24 Mai 2011

Sequans Communication s’est introduit à la Bourse de New York le 18 avril dernier. Pouvez-vous présenter votre société en quelques mots?
Sequans Communication est une société qui conçoit des semi-conducteurs, notamment des puces 4G et systèmes sans fils. Nos puces équipent des smartphones mais également des clés USB, des routeurs portables, des modems. Nous travaillons sur deux standards : le Wi-MAX et le LTE qui est actuellement en cours de déploiement. Sur le Wi-MAX nous travaillons essentiellement sur les réseaux américains avec l’opérateur Sprint, mais aussi au Japon et en Corée. Sur l’autre norme, nous sommes engagé sur de grands projets notamment aux Etats-Unis et en Chine avec China Mobile. Nous allons lancer des tests dans sept villes chinoises. Nous avons également noué de nombreux contacts intéressants à l’occasion du salon de Shanghaï où nous étions présents l’année dernière, ce qui est un signe positif. En Europe, j’estime que le marché aura un an et demi de retard sur la mise en service des réseaux 4G.

Nous existons depuis 2004 et notre effectif s’élève aujourd’hui à 250 personnes dont la moitié est basée à Paris. Nous avons des collaborateurs un peu partout dans le monde : en Angleterre, en Ukraine, en Chine, à Taïwan… En 2010, Sequans Communication a réalisé près de 70 millions de dollars de chiffre d’affaires, et 25 millions sur le seul premier trimestre 2011. Sur ce trimestre, notre résultat opérationnel ajusté est ressorti à plus de 10% du chiffre d’affaires.

Quelle est la ventilation géographique de votre chiffre d’affaires ?
Nous exportons à 90% en Asie parce que nos clients directs sont des fabricants de mobiles. Les clients finaux sont en Asie, en Europe et aux Etats-Unis. Nous avons tissé deux types de liens avec des entreprises. Nous avons une relation de partenaires-clients avec les fabricants de mobiles comme HTC par exemple. Ensuite, nous avons signé des partenariats avec des opérateurs ou de grands équipementiers pour tester et promouvoir nos solutions. Dans ce dernier cas de figures nous travaillons avec les plus grands acteurs comme China Mobile, mais également avec Ericsson et Huawei.

Quelles sont vos positions sur le marché en termes de parts de marché ?

Sur le Wi-MAX, notre part de marché tourne autour de 40% dans le monde. Elle monte à 70% sur la seule téléphonie mobile équipée en Wi-MAX. Le réseau LTE (4G, ndlr) sera à terme beaucoup plus large. Si nous atteignons les 15% de parts de marché dans le monde, ce sera déjà énorme.

Pourquoi avoir choisi une cotation à New York plutôt qu’à Paris où vous avez vos principaux bureaux installés ?
Le choix naturel aurait effectivement été Paris. Mais notre raisonnement est que Paris comporte moins de valeurs technologiques comparables à Sequans Communication. En nous introduisant à New York, nous nous offrons un accès à un marché où les opérateurs et les investisseurs sont spécialisés sur notre activité. L’inconvénient est de gérer ces investisseurs à distance. Cela implique pour nous une présence plus forte aux Etats-Unis.

Avez-vous recours à des consultants sur place pour appréhender toute la communication financière et les spécificités du droit boursier américain ?

Oui, nous avons des juristes américains qui connaissent très bien les subtilités de la finance américaine. Mais d’une manière générale, le droit se ressemble beaucoup des deux côtés de l’Atlantique. Il y a un risque supplémentaire avec l’existence des class actions. En tout état de cause, notre objectif reste de gérer notre entreprise proprement, en toute transparence, tout en assurant sa croissance.

Cela fait un mois que vous êtes désormais cotés à New York, avez-vous tiré un premier bilan…
Sequans Communication est la première société française à s’introduire à la Bourse de New York depuis dix ans. Nous avons été soutenus par l’équipe d’Euronext dans notre démarche. Dans un premier temps, je dirai que cette introduction est une étape très enthousiasmante dans la vie d’une entreprise comme la notre, surtout au bout de sept ans seulement. Ensuite, sur le côté opérationnel, il y a des contraintes en termes de communications. Ce sont des règles auxquelles nous ne sommes pas habitués mais que nous apprenons. Mais cette cotation nous apporte une stature et une crédibilité auprès de nos clients et fournisseurs. En termes de cotation, nous attendons la fin du mois de mai, c'est-à-dire la fin de la période de silence réglementaire de 40 jours. Nous aurons alors les premiers retours d’analystes et leurs conséquences sur le cours de l’action.

Vous avez choisi le moment où le secteur des nouvelles technologies est réputé très porteur, certains parlent d’une bulle 2.0 mais qui concerne davantage les sites internet. Mais comme eux, vous escomptez sur la croissance des smartphones pour votre croissance…
Il a été facile de convaincre les investisseurs que Sequans Communication évoluait sur un marché très porteur et très demandé. Nous sommes néanmoins très différents d’une entreprise comme LinkedIn. Il n’y a pas de bulles sur les sociétés de semi-conducteurs. Elles affichent des ratios de rentabilité positifs et sont appréciés à leur juste valeur par les marchés.

Propos recueillis par Nabil Bourassi