Interview de Jérôme  Vinerier : Analyste chez IG Markets

Jérôme Vinerier

Analyste chez IG Markets

Devises : nos plus fortes convictions concernent le dollar australien, le dollar néozélandais, le franc suisse et le yen

Publié le 20 Juillet 2011

Même si les deux zones géographiques sont confrontées à une problématique aiguë concernant leur dette souveraine, l’euro devrait présenter davantage d’attrait que le dollar aux yeux des investisseurs sur le marché des devises. Pourquoi ?
Du fait de la politique monétaire laxiste de la Réserve Fédérale des Etats-Unis, le dollar US subit une vague de dépréciation depuis plusieurs mois. Le second plan d’assouplissement quantitatif, débuté à l’automne 2010, est certes récemment arrivé à son terme, mais la FED n’a pas exclu de mettre en place de nouvelles mesures de soutien à l’économie.
Etant donné le ralentissement de l’activité économique outre-Atlantique et la faiblesse du marché de l’emploi, un nouveau plan devrait voir le jour au cours du second semestre, ce qui devrait continuer d’affaiblir le billet vert.

La monnaie unique européenne rencontre également des difficultés en raison de la crise de la dette qui affecte plusieurs de ses Etats membres. Cependant, le différentiel de rémunération entre le taux directeur de la BCE et celui de la Fed est clairement en faveur de l’euro. Il est fort probable que ce différentiel s’accentue d’ici la fin de l’année, la banque centrale européenne étant particulièrement vigilante et réactive face aux tensions inflationnistes.

La rigueur budgétaire et la bonne santé économique de l’Allemagne, ainsi que l’importance du couple franco-allemand constituent d’autres facteurs favorables à la monnaie unique.
Les nouvelles mesures que vont devoir prochainement prendre les gouvernants pourraient permettre de consolider la confiance attribuée à l’euro.

Vers quelles devises fortes devraient continuer de s’orienter les cambistes au cours du prochain semestre ?
Depuis plusieurs mois et parmi les grandes devises, les cambistes préfèrent le yen et le franc suisse.

Face au dollar US, le franc suisse a ainsi fait aussi bien que l’or sur un an : l’appréciation enregistrée est de près de 30%.

Pour le moment il n’y a aucun signe qui indiquerait un retournement à court ou moyen terme.
Quand on regarde l’indice boursier de la place de Zurich, on note un fléchissement important des cours. Les investisseurs ont tendance à prendre leurs bénéfices et à anticiper un impact de l’appréciation du franc suisse sur l’économie du pays.

Un pays comme la Suisse, de par sa petite taille, n’est pas en mesure d’absorber l’ensemble des liquidités comme la zone euro, le Japon ou les Etats-Unis.

Suite au tsunami japonais au mois de mars, nous avons assisté à une intervention coordonnée des principales banques centrales pour enrayer la forte appréciation du yen. La devise nippone s’était envolée d’environ 6% en l’espace d’une journée face au dollar.
Depuis le mois de mars s’est dessinée une stabilisation de la parité dollar-yen et euro-yen.
Depuis peu, nous avons de nouveau des velléités. La tendance de fond d’appréciation du yen est en train de reprendre.

Au-delà du franc suisse et du yen, un fort potentiel de progression existe sur la devise canadienne, la devise australienne et le dollar néo-zélandais.

Que pensez-vous des devises émergentes ?
Le réal brésilien est toujours bien orienté. La devise brésilienne profite de la forte croissance du pays, et évolue sur de nouveaux plus hauts historiques tant face à l’euro qu’au dollar. Cette tendance de fond pourrait durer plusieurs mois encore.

Le fort intérêt des investisseurs pour l’or du fait de la progression continue de son cours a-t-il impacté d’une manière ou d’une autre le volume des transactions sur le marché des devises ?

Même si l’or progresse de manière continue depuis une dizaine d’année et que le cours du métal jaune atteint à chaque fois de nouveaux records historiques, cet actif ne tend pas à réduire les volumes de transactions sur les devises.

Au niveau des contrats futurs qui se traitent v sur le CME (Chicago Mercantile Exchange), nous ne voyons pas de changement particulier sur les volumes.

Quels sont in fine vos plus fortes convictions pour le second semestre de l’année ?
Nos plus fortes convictions concernent le dollar australien, le dollar néozélandais, le franc suisse et le yen, qui devraient continuer de s’apprécier face au dollar US.

Voici nos prochains objectifs pour ce second semestre :

AUD / USD : haussier, cible à 1,20$
NZD / USD : haussier, cible à 1,95$
USD / CHF : baissier, cible 0,75 Fs
USD / JPY : baissier, cible 75 ¥

Propos recueillis par Imen Hazgui