Interview de Eric Bleines : Directeur Général adjoint, responsable Action - CCR Asset Management

Eric Bleines

Directeur Général adjoint, responsable Action - CCR Asset Management

Parmi nos principales convictions, Total, Statoil, CGG Véritas et SBM Off-Shore

Publié le 01 Septembre 2011

Quel regard portez-vous sur l’évolution des marchés financiers ?
A mon sens, les marchés ont réagi très violemment, par excès de pessimisme. Bien qu’une partie de cette correction soit justifiée, ils sont allés trop loin et ont participé à l’effondrement du secteur industriel et financier.

En raison de l’anticipation d’une récession marquée, un nombre important des valeurs de ces secteurs se sont écroulées, à des niveaux avoisinant ceux de la crise de 2008, suite à la déroute de Lehman Brothers. Or, je ne suis pas sûr que nous en soyons encore là.

Je ne serai donc pas surpris que les marchés retrouvent raison dans les prochaines semaines, après certains évènements qui pourraient jouer le rôle de catalyseur, et qui redonneraient ainsi quelques couleurs à différents secteurs (industriel, services pétroliers, automobile, acier, informatique). En effet, la publication de certains chiffres macroéconomiques ou certains évènements microéconomiques, comme des OPA, aideraient à la reprise de confiance des marchés.

Par exemple, lorsque HP réalise plus de 75% de prime sur le cours de bourse grâce à une OPA sur Autonomy, ou encore quand Warren Buffet prend participation dans Bank of America, une des banques qui paraissent les plus malades, à hauteur de 5 milliards de dollars, cela ne peut qu’apporter des signaux positifs aux marchés.

Ne pensez-vous pas que le refinancement par Warren Buffet de Bank of America soit une opération commandée Barack Obama ?
Non, pas du tout. Warren Buffet a réinvesti son argent dans la banque de son propre chef, il n’y a aucun doute.

Dans cette période assez difficile, avez-vous un secteur clé dans lequelvous investissez plus massivement ?
Le secteur et sous-secteur du pétrole restent extrêmement attractifs.
La première raison est simple : nous avons toujours besoin d’énergie. De plus, contrairement à bien des secteurs, celui-ci ne s’est pas du tout effondré et nous avons un baril de Brent encore à 110 dollars.

Les sociétés de ces secteurs présentent de forts avantages : elles sont peu endettées, peu impactées par la pression d’une taxe éventuelle des pays endettés et ont de gros rendements. Elles sont, par ailleurs, même souvent, bien managées.

Du fait de la préoccupation majeure d’une croissance de la production, dont découlent les investissements de recherche de nouveaux champs d’exploitation, les sociétés parapétrolières sont d’autant plus intéressantes qu’elles bénéficient d’une activité continue, même dans une situation économique trouble. Les nouveaux sites (Brésil, Angola, Moyen-Orient) nécessitent des moyens technologiques et sécuritaires de plus en plus importants.

Quelles valeurs affectionnez-vous particulièrement au sein du secteur pétrolier ? Quels sont leurs points négatifs ?
Dans le secteur pétrolier, Total, par exemple, se négocie en bourse sur un niveau de PER de 6 fois les bénéfices attendus au titre de l’année 2011, contre une moyenne historique de 10,5. Le rendement avoisine les 7%, ce qui est extrêmement attractif. Nous estimons que le potentiel de progression du cours est au moins de 25%. Ce même potentiel vaut pour Statoil, dont le PER est de 7,5 fois, contre une moyenne historique de 10,5. La faiblesse, voire l’absence de croissance de leur niveau de production, a tout de même contribué au recul des titres de ces deux valeurs.

En ce qui concerne les sociétés de services pétroliers, les valeurs que nous préférons particulièrement sont CGG Véritas, SBM Off-Shore, ou encore Vallourec. Cela étant dit, la hausse des coûts de production et de leurs matières premières, conjuguée à la hausse du dollar et à l’augmentation du coût des ressources humaines, fait pression sur les marges de ce type de société.


Propos recueillis par Léa Deglaire