Interview de Vincent  Mang  : Directeur du Salon Actionaria

Vincent Mang

Directeur du Salon Actionaria

L'intérêt de l'investissement en actions doit être renforcé par les pouvoirs publics

Publié le 21 Novembre 2011

Quel regard finalement portez-vous sur l’évolution des marchés à l’heure actuelle ?
Il faut garder la tête froide. Les indices ne reflètent plus la réalité des fondamentaux économiques. Les marchés exercent une pression sur les politiques pour les amener à mettre en œuvre des mesures de nature à garantir leur capacité à rembourser leur dette. Une fois ces mesures prises et la situation stabilisée, nous devrions revenir à une question plus cruciale : comment maintenir en dépit de la politique d’austérité qui est menée un taux de croissance suffisant ? Une seule solution à cela, alimenter les entreprises en capitaux.
L’investissement en actions envisagé sur le long terme permet le développement de nos entreprises qui constituent un moteur pour notre économie, sur le plan des salaires, des impôts.
L’intérêt pour un tel investissement doit être renforcé par les pouvoirs publics.

Selon vous ces pouvoirs publics ont tort d’opposer actionnaires et salariés ?
On a tendance à véhiculer une mauvaise image de l’actionnaire dont les intérêts s’opposeraient à ceux du salarié. C’est inexact. Ces deux catégories de population se rejoignent à travers l’essor de l’entreprise. Il y a toute une culture à refaire sur le rôle de l’entreprise et sur le rôle de l’investissement dans les entreprises.

Une des manières d’encourager l’actionnariat réside dans une fiscalité plus avantageuse, pour les différents livrets (notamment le Livret de développement durable), pour l’assurance vie, ou encore le PEA. Or la France s’inscrit dans une politique d’austérité et dans une véritable chasse aux niches fiscales. Comment dans ce contexte espérer une réforme de la fiscalité? La commission des finances du Sénat a tout de même rejeté par deux fois le projet de réforme du PEA ?
La fiscalité sur les valeurs mobilières doit aussi s’apprécier en la comparant à celle des autres classes d’actifs. L’immobilier vient de faire l’objet de nouvelles mesures fiscales pénalisantes. L’assurance vie reste pour le moment épargnée mais il est légitime de se demander jusqu’à quand ? Tout est une question de rééquilibrage.

Pensez-vous réalisable des réformes fiscales favorables dans le court terme ?
Oui, à condition que tout le monde le veuille.

Au-delà des pouvoirs publics, la responsabilité de la remise en place de la culture sur le rôle de l’investissement dans les entreprises doit être assumée par d’autres acteurs ?
Il est nécessaire que les entreprises communiquent davantage et que les experts du secteur n’hésitent pas à faire la promotion auprès du public le plus large du rôle de l’investissement en actions.
Par ailleurs les entreprises ont compris le rôle qu’elles devaient assumer sur le plan sociétal et se sont engagées dans des actions de développement durable qui dépassent largement le cadre de leur métier de base.

La règlementation a aussi une influence dans l’attrait des actionnaires pour le marché actions. Un effort est envisagé pour agir sur l’opacité des marchés, la fragmentation, la volatilité. Pensez-vous que les régulateurs parviendront à assainir les marchés et à rassurer les investisseurs ?
La régulation ne peut être efficace que si elle se fait au niveau global sinon les spéculateurs se déplaceront et utiliseront les places dispensées de cette régulation. Nous pouvons déjà espérer cette régulation au niveau européen avant d’y réfléchir au niveau mondial.


Propos recueillis par Imen Hazgui