Interview de Guy-Charles Fanneau de la Horie : Directeur général de Néovacs

Guy-Charles Fanneau de la Horie

Directeur général de Néovacs

Notre structure de coût de production est très nettement inférieure à celle des anticorps monoclonaux

Publié le 09 Janvier 2012

A quel niveau de développement en êtes-vous sur vos traitements phare contre la polyarthrite rhumatoïde [PR], la maladie de Crohn et le Lupus ?
Nous venons de présenter les résultats de phase II sur le TNF-Kinoïde dans le traitement de la PR qui révèlent trois éléments principaux: d'abord, que le produit a été bien toléré ; deuxièmement que le produit a été efficace au niveau immunologique, c'est-à-dire qu'il a bien provoqué l'apparition d'anticorps qui vont viser le TNF ce qui était l'objectif principal de l'étude ; enfin, nous avons relevé des signes très prometteurs d'activité clinique en relevant un score clinique et également au niveau biologique en regardant les taux d'une molécule appelée CRP et qui est un marqueur de l'inflammation.

Pour ce même produit, nous avions présenté l'an dernier des résultats dans la maladie de Crohn, avec là encore trois enseignements majeurs : une bonne tolérance u produit, une très bonne efficacité immunologique, et des signes très prometteurs d'activité clinique dans la mesure où la moitié des patients étaient entrés en rémission ce qui est deux fois mieux que les traitements classiques aux anticorps monoclonaux...

Enfin nous développons un produit [l'interferon kinoïde] qui vise l'interféron dans le traitement du Lupus. Nous avons présenté en novembre les résultats de sa première phase d'étude clinique chez l'homme, en démontrant que ce produit est très bien toléré, très efficace au niveau immunologique puisque 100% des patientes ont développé des anticorps dotés d'une très forte activité.

Quid du développement de ces produits en 2012 ?
Dans un premier temps, nous souhaitons trouver au moins un partenaire pour l'un des produits, étant donné que le développement requiert énormément de ressources, à la fois financières et humaines. Cela étant, nous poursuivons en parallèle de cette recherche de partenaire, les études cliniques sur nos produits, de phase IIb voire III donc sur plusieurs centaines de patients...

De fait, étant donné le montant de notre trésorerie, de 15,3 millions d’euros au 30 juin 2011, nous sommes suffisamment armés pour poursuivre notre activité jusqu'au quatrième trimestre 2012, il est donc évident qu'un évènement majeur de ce type devra se produire d'ici là...

Au total, nous prévoyons la publication des résultats de phase II dans la maladie de Crohn dès le 2ème trimestre 2012 ; quant à l’étude de phase II dans le lupus, cette dernière sera initiée dans le courant du 1er semestre...

Pouvez-vous nous rappeler quel est la taille de votre marché ?
Le marché des produits biologiques anti-TNF est supérieur à 20 milliards de dollars, et est toujours en progression. Ces 20 milliards de dollars représentent en fait les ventes 2010 des 3 principaux produits existants [Enbrel ; Humira ; Remicade].

Dans le détail, l'indication pour la PR en est le principal débouché et représentait déjà 12,7 milliards de dollars en 2010. Or elle devrait atteindre les 17 milliards de dollars en 2015 d'après les prévisions du Vision Gain Report. Quant au Datamonitor, il avance une croissance de 7,3% annuelle entre 2009 et 2019 sur ce marché.

Quant à la maladie de Crohn, le marché représente entre 3 et 4 milliards de dollars. Enfin, l'interféron kinoïde qui vise le Lupus, s'adresse à un marché complètement vierge. Or quand on observe le montant très élevé des traitements qui arrivent sur le marché et les prévisions de patients que cela concerne, on arrive assez vite à un marché potentiel de 5 milliards de dollars.

Quelles sont les atouts de vos produits face aux autres ?
Dans le cas de notre produit visant le TNF-Kinoïde, ce dernier a de nombreuses caractéristiques qui le différencie des anticorps monoclonaux: son spectre d'activité est plus large [contrairement aux anticorps monoclonaux qui attaquent le TNF sur un seul angle, nos anticorps sont polyclonaux et attaquent donc le TNF sous différents angles] ; les anticorps polyclonaux sont produits par le système immunitaire du patient, ils sont donc totalement naturels, et il n'y aura donc pas de phénomènes de résistance ; notre traitement sera également plus simple avec 3 ou 4 injections par an contre une en moyenne tous les 15 jours dans le cas des anticorps monoclonaux.

Enfin, nous estimons que notre structure de coût de production est très nettement inférieure à celle des anticorps monoclonaux. Cet avantage concurrentiel en termes de coûts de production est dû au fait qu'une année de traitement avec notre produit requiert un milligramme de protéines contre plus d'un gramme dans le cas des anticorps monoclonaux.

Nicolas Sandanassamy