Interview de Marie Meynadier : Directrice générale d'EOS Imaging

Marie Meynadier

Directrice générale d'EOS Imaging

Nous avons déjà réalisé 42 installations d'équipement dans 10 pays, en particulier en Europe Occidentale et en Amérique du Nord

Publié le 02 Février 2012

Pouvez-vous nous présenter brièvement votre société ? Quel est votre produit phare ?
EOS Imaging est une société issue d'une première entreprise fondée par George Charpak, qui a développé et commercialise maintenant une offre en imagerie ostéo-articulaire, autrement dit une imagerie médicale dédiée aux pathologies de l'os et des articulations. Cette technologie est une innovation très forte, en fait la première dans ce secteur depuis l'invention de l'imagerie médicale.

Le produit phare de la société s'appelle EOS et permet de réaliser une image globale du squelette, en 2D et 3D, lors d'un même examen, dans une position naturelle (debout) ce qui est fondamentale pour bien comprendre les articulations, le tout avec une très faible dose de radiation. Cet examen cible particulièrement tout ce qui est pathologies du squelette, telles que les arthroses et les complications associées, les pathologies rhumatismales ou liées au vieillissement de l'os et des articulations, la scoliose et la chirurgie orthopédique consécutive à l'évolution de ces pathologies...

Que représente votre marché ?
Les pathologies ostéo-articulaires sont des maladies qui ne tuent pas directement, mais qui sont en revanche très fréquentes, si bien que l'imagerie associée à ces maladies représente un gros besoin. Au total, nous avons donc mesuré la taille de notre marché en nous appuyant sur les chiffres des chirurgies orthopédiques associées pour faire apparaitre 12 000 sites dans le monde pouvant être directement utilisateurs de la technologie EOS, soit un potentiel de marché à équiper de 6 milliards de dollars, sachant qu'un équipement se facture autour de 500 000 dollars l'unité.

Nous avons déjà réalisé 42 installations d'équipement dans 10 pays, en particulier en Europe Occidentale et en Amérique du Nord, nous avons également quelques installations plus lointaines au Liban et en Australie, mais nous avons à peine commencé le continent asiatique.

Ces équipements ont-ils besoin de consommables ou d'un entretien spécifique ?
Ces produit nécessitent effectivement un certain entretien, ce qui implique que sur notre base installée, nous dégageons un revenu récurrent annuel pour cette maintenance, de l'ordre de 10% du coût de la base installée.

La société envisage également de mettre en place dès cette année un revenu de services dans lequel des traitements avancés de l'image ou la préparation de cas seraient proposés en services externes aux hôpitaux dans des pays comme l'Amérique du Nord où les hôpitaux ont tendance à sous-traiter ce genre de services de production de bilans pré et postopératoires. Sur ce segment, nous prévoyons un marché potentiel d'un milliard de dollars.

Quelle est votre stratégie d'implantation géographique ?
Nous avons commencé par l'Amérique du Nord, en particulier avec les Etats-Unis, et par l'Europe, dont la France et la Suisse en particulier. Nous renforçons actuellement notre présence en Amérique du Nord et en Europe Occidentale en élargissant notre positionnement vers des pays où nous n'étions pas encore. Nous allons ensuite, à moyen terme, nous préparer à rentrer sur des marchés où nous n'avons aucune présence pour l'instant, notamment sur les marchés asiatiques et d'Amérique Latine.

Votre technologie est-elle breveté ? Avez-vous des concurrents ?
Notre technologie est effectivement protégée par un brevet, et nous n'avons aucun concurrent direct sur cette technologie parce que cette dernière est très innovante, d'une part grâce à la technologie de détection qui nous vient de George Charpak, et d'autre part grâce à la technologie algorithmique qui nous permet, à partir de vues planes, de faire de la 3D.

Actuellement, les médecins travaillent avec la radiographie par rayons X, or le problème c'est que l'image obtenue n'est qu'en deux dimensions (2D), or l'os est en trois dimensions, il y a donc un risque que l'image soit faussée par l'effet de la projection. L'autre moyen à disposition aujourd'hui pour avoir une vue en 3D de l'articulation, c'est le scanner voire l'IRM, mais ce sont des dispositifs dans lesquels le patient est couché et reçoit beaucoup de doses d'irradiation. Que le patient soit en position allongée pose donc un vrai problème au chirurgien qui souhaite, par exemple, poser une prothèse sur un genou et qui a donc besoin d'une vue de l'articulation en position fonctionnelle...

Pourquoi réalisez-vous cette opération d'introduction en bourse ?
EOS Imaging a franchi un certain nombre d'étapes clef dans la vie d'une medtech: l'étape règlementaire (agréments de la FDA aux Etats-Unis, et CE en Europe), les étapes d'adhésion du marché (42 machines installées dans 10 pays différents et qui tournent quotidiennement ; au total, 150 000 examens ont déjà été réalisés avec EOS), nous dégageons une croissance forte dans la mesure où nous avons multiplié notre CA par 7 entre 2008 et 2011 (environ 7 millions d'euros de CA entre 2008 et 2011).

Nous avons donc besoin maintenant de financer notre croissance et le besoin de cash flow associé, notre développement commerciale, à la fois sur les zones où nous sommes déjà mais également sur celles où nous ne sommes pas encore, et la continuité du développement de notre plan produit.

Nicolas Sandanassamy