Interview de Gérard Soula : PDG et co-fondateur d'Adocia

Gérard Soula

PDG et co-fondateur d'Adocia

L'IPO va nous servir à réaliser les études cliniques sur les 3 prochaines années

Publié le 14 Février 2012

Votre groupe, Adocia, s'introduit en bourse, pouvez-vous nous présenter vos activités ?
Notre objectif consiste à améliorer les performances des traitements à base de protéines thérapeutiques comme l'insuline. Nous travaillons sur des produits déjà présents sur le marché qui ont un fort succès commercial, on parle de "blockbusters". Ces produits représentent des marchés de plusieurs milliards de dollars. Nous analysons leurs forces et leurs faiblesses afin d'élaborer de nouvelles formulations sur la base de notre technologie BioChaperone®.

A quels marchés vous adressez-vous et que représentent-ils ?
Nous nous sommes focalisés sur deux types de marchés : le marché de la cicatrisation, qui comprend le traitement des ulcères chroniques (ulcère du pied diabétique et ulcère veineux) ; et le marché du diabète, avec en particulier le traitement par insuline.

Il s'agit de deux marchés de taille très importante, puisque le seul marché concernant le traitement du pied diabétique est supérieur à 3 milliards de dollars. Quant au marché de l'insuline, il se révèle supérieur à 17 milliards de dollars.

Avez-vous des concurrents sur vos principaux marchés, si oui lesquels ?
Nous avons globalement peu de concurrents. Pour ce qui est du marché de la cicatrisation, il existe un produit commercialisé mais dont le coût et la posologie sont très défavorables ce qui a conduit à son retrait du marché européen. Dans le traitement du diabète, Novo Nordisk est un acteur très important qui développe de nouvelles protéines. Cette stratégie de la nouvelle molécule présente des risques très élevés. Au niveau de la formulation de protéines approuvées, nous avons effectivement un concurrent américain, Halozyme Therapeutics. Cette société développe de nouvelles formulations d’insuline à action rapide. Cependant, ils n’ont pas à ce jour signé d’accord de partenariat avec une entreprise pharmaceutique sur ce sujet, contrairement à Adocia.

Un mot sur vos projets en cours et futurs en termes de développement ?

Sur le traitement de l'ulcère du pied diabétique (10 millions de patients concernés à travers le monde, dont 1 million par an subiront une amputation), nous venons de terminer une étude clinique de phase II en Inde dont nous allons bientôt publier les résultats. Une des grandes conclusions de cette étude sur près de 200 patients est que notre produit est aussi efficace que le médicament de référence sur le marché (Regranex®, HealthPoint Biotherapeutics) alors que nous avons réduit la dose de protéine administrée d’un facteur 3 et la fréquence d’application d’un facteur 2, une fois tous les deux jours au lieu d’une fois par jour. Cela permet de réduire très significativement le coût d'accès à ce traitement, ce qui est aujourd'hui le facteur limitant pour son usage par une majorité de patients.

Nous allons prochainement lancer une étude de phase III en Inde pour enregistrer et faire approuver notre produit dans les pays émergents. Nous avons également prévu de conduire des études en Europe et aux Etats-Unis l'an prochain. Enfin, nous comptons aussi développer ce produit pour le traitement de l'ulcère veineux, pathologie grave touchant surtout les personnes âgées et les femmes. Il n’y a, à ce jour, pas de traitement approuvé pour ces plaies très longues à cicatriser et douloureuses.

Au niveau du traitement du diabète par l'insuline, nous développons trois produits, deux sont des insulines dites prandiales, c’est-à-dire qui permettent de réguler la glycémie conséquente à la prise d’un repas, le troisième est une combinaison unique d’une insuline basale et d’une insuline prandiale. Ces traitements s'adressent à des marchés de plusieurs milliards de dollars. Une des deux insulines prandiales a d’ores et déjà été licenciée à un grand groupe pharmaceutique.

Votre levée de fonds pourrait atteindre près de 20 millions d'euros, que comptez-vous faire avec ces moyens et qu'attendez-vous de votre IPO plus largement ?
Nous disposons en ce début d’année de 13 millions d'euros de trésorerie, si bien que nous détiendrons, en cas de succès, près de 33 millions d'euros de cash à la fin de l'opération de levée de fonds. D'après nos prévisions, cela devrait suffire à exécuter les programmes cliniques de nos différents projets.

L'IPO va donc nous servir à réaliser ces études cliniques sur les trois prochaines années, et d'autre part, cela va significativement renforcer notre visibilité auprès des grandes sociétés pharmaceutiques. Etant alors bien financés, nous devrions être en bonne position dans les futures négociations...

Adocia a-t-elle vocation à rester une société indépendante ?
Nous avons pour projet de construire une grande société, nous souhaitons donc nous donner les moyens financiers pour avoir l'argent et le temps de développer notre technologie que nous considérons extrêmement prometteuse.

NS