Interview de Loïc Jenouvrier : Directeur financier et juridique d'Edenred (ex Accor Services)

Loïc Jenouvrier

Directeur financier et juridique d'Edenred (ex Accor Services)

Notre objectif est d'augmenter la valeur du dividende de manière récurrente dans les années à venir

Publié le 28 Février 2012

Comment s’est portée l’activité d’Edenred, l’inventeur du Ticket Restaurant, en 2011 ?
En 2011, notre volume d’émission a progressé de près de 10%, tout comme notre chiffre d’affaires. Nous sommes exactement au milieu de notre «guidance» qui prévoit une croissance annuelle du volume d’émission située entre 6 et 14%. Cette hausse reflète le fort dynamisme des pays émergents, en croissance de +17,8% en données comparables, qui génèrent 58% du volume d’émission du Groupe fin 2011. Notre modèle est basé sur les volumes : plus ils augmentent, plus nos marges s’améliorent. Ainsi notre résultat net courant après impôt a progressé de 23% l’année dernière, à 203 millions d’euros, pour un bénéfice net de 194 millions.

Comment comptez-vous perpétuer une croissance de 10% en moyenne chaque année ?
Nous avons identifié quatre leviers de croissance pour les prochaines années. Premièrement, le taux de pénétration des services prépayés (Ticket Restaurant, chèque emploi service,…) est encore faible dans tous les pays où nous sommes implantés. Même en France, notre marché historique, seuls environ 18% des salariés bénéficient de ces avantages. Il y a donc du potentiel, y compris dans la période actuelle où, en complément de l’augmentation peu importante des salaires, les entreprises peuvent faire un effort sur ces avantages.

Deuxièmement, nous poursuivons notre expansion géographique : après la Finlande fin 2011, le Groupe entend se développer dans 1 à 2 nouveaux pays en 2012, pour atteindre un objectif de 6 à 8 nouveaux pays en 2016. Troisièmement, nous allons lancer 26 nouveaux produits entre juillet 2011 et fin 2012. Parmi ces lancements, Ticket Frete, solution de gestion de frais professionnels au Brésil pour les transporteurs, et Ticket Plus, un avantage aux salariés en Allemagne, constituent deux offres à fort potentiel. Enfin, nous allons accélérer notre passage au numérique, avec un objectif de 50% du volume d’émission dématérialisé à fin 2012, ce qui aura un effet positif sur les marges dès 2013.

Vous avez annoncé un dividende de 0,70 euro par action, qui correspond à un taux de distribution proche de 80%. Comment financez-vous vos investissements ?

Notre activité est très faiblement intensive en capital : malgré la croissance, nos investissements se limitent à 30 et 40 millions d’euros par an. C’est pourquoi le Groupe vise à répartir de façon équilibrée le free cash flow (ndlr : 306 millions d’euros en 2011) entre la distribution du dividende, le remboursement de la dette brute et des acquisitions ciblées. Notre objectif est d’ailleurs d’augmenter la valeur du dividende de manière récurrente dans les années à venir.

La crise a-t-elle un impact sur vos activités ?
Nous sommes relativement à l’abri de la conjoncture économique. En effet, même si la baisse de l’emploi salarié peut avoir une incidence sur le volume de titres que nous commercialisons, elle est compensée par l’augmentation du nombre de nouveaux clients. Que ce soit en France ou dans les pays à forte croissance, nous avons encore beaucoup d’innovations à apporter. Nous avons par exemple lancé une solution de gestion de frais professionnels au Brésil, et un Ticket Transporte en Espagne, qui sont autant de succès.

Propos recueillis par François Schott