Interview de Pierre Jérôme : Directeur général de Spineguard

Pierre Jérôme

Directeur général de Spineguard

Le marché américain représente les trois-quarts de notre chiffre d'affaires

Publié le 12 Avril 2013

Vous êtes le co-fondateur de la société SpineGuard qui s’introduira le 29 avril sur Alternext (voir les modalités). Pouvez-vous nous présenter l’entreprise et son activité ?
SpineGuard est une entreprise innovante qui conçoit, développe et commercialise des instruments de sécurisation de la chirurgie du dos. La société a été créée en 2009 par « spin-off » (scission) de la société SpineVision dont nous avons racheté l’une des technologies ainsi que la filiale américaine, basée à San Francisco. Depuis quatre ans, nous avons développé cette technologie ainsi qu’une gamme de produits qui a déjà permis la réalisation de 25 000 chirurgies. Notre objectif aujourd’hui est de développer notre réseau commercial et de proposer notre technologie à une échelle beaucoup plus large. La société emploie 22 personnes dont la moitié aux Etats-Unis.

En quoi consiste la « sécurisation de la chirurgie du dos » ?
Chaque année, près de 5 millions de vis vertébrales (implants de la colonne vertébrale) sont posées à travers le monde à la suite d’accidents ou de maladies. Leur mauvais positionnement est fréquent, avec des conséquences potentiellement dramatiques pour les patients opérés, notamment sur le plan neurologique. Notre produit, baptisé PediGuard, est un instrument à usage unique qui permet de percer les vertèbres avec une plus grande précision. Grâce au capteur situé à sa pointe et à l’électronique embarquée dans sa poignée, il indique au chirurgien si sa trajectoire est bonne. C’est une méthode à la fois plus précise et moins coûteuse que celles utilisées jusqu’à présent, notamment d’imagerie médicale.

Vous commercialisez vos produits dans une quarantaine de pays. Comment se répartissent vos ventes ?

Le PediGuard est commercialisé aux Etats-Unis, en Europe mais aussi en Amérique du Sud, en Asie et au Moyen-Orient. En France, nous comptons une vingtaine d’hôpitaux utilisateurs. Nous passons par des distributeurs sauf aux Etats-Unis et en France où nous vendons directement aux hôpitaux. Le marché américain représente les trois-quarts de notre chiffre d’affaires, qui s’est élevé à 3,9 millions d’euros en 2012 (+30%). Nous espérons démarrer la commercialisation en Chine et au Japon au cours des deux prochaines années, une fois les autorisations réglementaires obtenues

Quand envisagez-vous de dégager des bénéfices ?

Nous ne sommes pas encore rentables mais notre besoin en fonds de roulement est proche de zéro. Nos stocks ne représentent que 13% de notre chiffre d’affaires. Pour atteindre le seuil de rentabilité, il nous faut développer nos ventes. Nous sommes convaincus d’y parvenir. L’introduction en bourse va nous permettre de nous renforcer sur le plan commercial aux Etats-Unis et d’accélérer notre développement dans le reste du monde. Elle va également nous permettre de développer notre pipeline de produits, notamment pour des applications à d’autres pathologies (hanche, traumatologie, crâne maxillo-facial…) et bien sur de poursuivre nos efforts de recherche et développement

Après Medicrea, Vexim et Spineway, vous êtes le 4e spécialiste de la chirurgie du dos à vous introduire sur Alternext. Vous ne craignez pas l’embouteillage ?
Sur un marché de 9 milliards de dollars, avant de parler d’embouteillage il y a de l’espace ! Nous ne sommes pas sur le même créneau que ces autres acteurs français. Ils sont spécialisés dans les implants vertébraux, nous fournissons une solution de sécurisation de la pose de vis vertébrale et avons pour ambition d’en faire un standard de soins mondial. Par ailleurs, nos investisseurs historiques nous accompagnent dans cette introduction en bourse à laquelle ils se sont engagés à souscrire à hauteur de 1,8 million d’euros (ndlr : depuis sa création la société a levé 17 millions d’euros auprès de fonds de capital-risque dont les français Omnes, Ipsa et A Plus Finance).


Propos recueillis par François Schott