Interview de Sébastien  David : Responsable des relations investisseurs, produits de bourse à la Société Générale

Sébastien David

Responsable des relations investisseurs, produits de bourse à la Société Générale

Produits de bourse : en 2013, une évolution intéressante a été observée dans la répartition entre warrants indices et warrants actions

Publié le 22 Octobre 2013

Quel regard portez-vous sur le développement du marché des produits de bourse en France ?
Le marché nous semble très dynamique. Il y a constamment des innovations et des lancements de produits performants et non complexes.

Quels sont selon vous les grandes tendances (en termes de nature de produit, de sous-jacents, et autres caractéristiques phares) qui se dessinent depuis le début de l'année ? A quoi vous attendez-vous pour les prochains mois ?
Les produits actuellement les plus traités sur le marché des produits de bourse en France sont les certificats à levier qui multiplient la performance journalière avec un levier fixe. Nous attendons, dans les semaines à venir, l’essor d’une toute nouvelle catégorie de produits : les turbos jour. Ils offrent aux investisseurs un levier sur le CAC 40, tout en limitant le risque à la séance boursière en cours.

Quels enjeux liés à l'essor de ce marché se posent selon vous : sur le plan de la réglementation, de la fiscalité, sur le front opérationnel ?
Depuis janvier, les profits sont imposés au barème progressif de l’impôt sur le revenu alors qu’avant un taux global de 39,5% était appliqué. On peut penser que ce changement a eu un petit effet sur le volume de ces produits.
De nouveaux points réglementaires ou de nouvelles mesures fiscales sur les instruments eux-mêmes ou sur leurs sous-jacents ne sont pas à exclure.
Si tel était le cas, nous ne serions pas à l’abri d’un risque de transfert de volume d’une place vers une autre place.

De quelle manière tentez-vous de faire face à la concurrence : quelle stratégie, quels éléments de différenciation ?
Nous pouvons distinguer quatre principaux acteurs sur le marché français des produits de bourse. Chacun a sa spécialité et se montre réactif pour une gamme donnée, certains sur les turbos, d’autres sur des certificats. Certains sont actifs dans la communication auprès des clients, d’autres plus dans l’animation des produits.
Société Générale a une approche orientée vers le client et propose de concevoir des produits sur mesure qui répondent à des stratégies d’investissement précises. Ainsi, nous donnons la possibilité à nos clients de formuler des requêtes spécifiques par téléphone ou par mail sur un nouveau niveau de levier, ou de nouveau sous-jacents. La demande client est ensuite évaluée notamment en termes de risque et nous nous efforçons de répondre aux clients dans un délai très court.
Ainsi, en 2012 de nombreux investisseurs voulaient voir plus de sociétés étrangères, notamment asiatiques, dans notre gamme de warrants.
Quand nous avons émis les warrants dans les nouvelles thématiques nous avons pris en compte cette volonté. Dans le secteur automobile nous avons par exemple proposé des warrants sur BMW, Daimler, Fiat, General Motors ou encore Toyota.
Société Générale met également l’accent sur la pédagogie en organisant des conférences, des webinars et des formations dans lesquels des analystes donnent leur vision du marché et expliquent quels produits et quels sous-jacents correspondent aux différentes stratégies d’investissements.

Combien avez-vous lancé de produits depuis le début de l'année ? Sur quels segments avez-vous mis l'accent ?

Nous avons lancé environ 3000 produits depuis le début de l’année. et avons constamment entre 2500 et 3000 produits listés différents.
Cette année, Société Générale a émis dans le compartiment des turbos, une gamme de 40 « turbos jour ». En étant renouvelés quotidiennement, ces instruments permettent d’avoir un effet de levier maximal. Pour profiter de mouvements outre Atlantique, ils sont négociables jusqu’ à 18h30 au lieu de 17h30 grâce a des évolutions techniques de NYSE Euronext.

Est-ce à dire que les investisseurs ne peuvent pas rester positionnés sur ces produits plus d’une journée ?
Avec les turbos, en raison de l’importance des effets de levier, les investisseurs qui sont des investisseurs très avertis, ne restent généralement positionnés que quelques heures. Le renouvellement de ces produits quotidiennement n’a pas d’incidence sur les stratégies adoptées.

Pour répondre à la demande soutenue des investisseurs pour les warrants actions vous avez décidé de lancer des warrants sur de nouvelles thématiques...

Cette année une évolution intéressante a été observée dans la répartition entre warrants indices et warrants actions. En 2012, les warrants sur le CAC 40 représentaient environ 66% du volume des warrants. Le volume des warrants sur titres vifs était de 35%. La préférence était clairement donnée au sous-jacent indice.

Suite au rebond survenu sur le marché des actions, le volume sur les warrants indices s’est déversé sur les warrants actions. Ces derniers représentent désormais plus de 50% de ce qui est généré sur le les warrants. La part des indices est désormais de moins de 40%.
Les sous-jacents actions et indices englobent 95% des transactions.
L’intérêt pour les matières premières et notamment l’or s’est fortement amoindri suite à la chute du cours du métal jaune. Le segment des devises capte une part marginale du volume.
Face à cette nouvelle tendance, nous avons décidé d’émettre des warrants actions dans des secteurs porteurs comme l’aéronautique, les smartphones, l’automobile, l’Internet, les médias. L’écho a été positif.

En quoi consistent vos autres nouveautés ?

Société Générale a lancé un certificat sur l’indice Cac next 20 qui suit la performance des 20 entreprises susceptibles d’entrer dans le Cac 40. Depuis plusieurs années il a tendance à surperformer le Cac 40. Sa commercialisation a rencontré un vif intérêt : un afflux de volume a été constaté alors qu’il n’a été commercialisé qu’il y a deux semaines.

A l’occasion de la semaine de l’investissement socialement responsable nous venons également de lancer le Certificat100% sur l’indice Euronext Vigeo France 20 en partenariat avec Vigeo et Euronext.

Comment envisagez-vous la suite des évènements sur ce terrain ?
Les acteurs s’orientent de plus en plus vers des produits simples dans leur conception et utilisation comme les certificats leverage et short et les turbos jours pour lesquels les investisseurs peuvent continuellement recalculer la performance.

Qu'en est-il de l'évolution de l'intérêt des investisseurs pour vos produits ? Quel est l'état de la collecte ?

Nous parlons plutôt de volume que de collecte sur ces produits. Nous sommes à peu près sur le même niveau de volume que l’année dernière. Notre part de marché reste à plus de 40% dans un marché qui a connu une tendance baissière.

Propos recueillis par Imen Hazgui