Interview de Michel Raud : Directeur des gestions, Fourpoints IM

Michel Raud

Directeur des gestions, Fourpoints IM

Nous aimons particulièrement les valeurs moyennes telles que Norma, GEA, Carl Zeiss"

Publié le 06 Novembre 2013

Quelles sont vos principales convictions parmi les valeurs industrielles allemandes ?

Nous aimons particulièrement les valeurs moyennes car leurs taux de croissance sont supérieurs à ceux des grands groupes. Ainsi dans le secteur automobile, nous préférons les équipementiers aux constructeurs. Le groupe Norma figure parmi nos plus fortes hausses de l’année écoulée. Norma fabrique des serre-joints et des connecteurs pour voitures, dont il est le leader mondial. Ce n’est pas de la high tech mais le groupe bénéficie de positions presque inattaquables : il est deux fois plus gros que le numéro deux du marché. Contrairement à la plupart des équipementiers, français notamment, il ne subit pas de forte pression de la part des constructeurs. Sa marge opérationnelle se monte à 16% contre 5% en moyenne pour les équipementiers français.

Toujours parmi les équipementiers, nous sommes positifs sur Durr qui est le spécialiste mondial des robots et des ateliers de peinture pour voitures.
Comme Norma, il travaille avec tous les constructeurs allemands et d’autres, partout dans le monde.

Kuka, l’ex division robots de Daimler, est une autre belle valeur. Autrefois spécialisé dans l’automobile, le groupe est aujourd’hui un spécialiste de l’automatisation des chaînes industrielles, tous secteurs confondus. Le titre a beaucoup augmenté en 2012, c’est pourquoi nous avons pris nos bénéfices. Mais nous continuons à suivre de près cette valeur. Nous aimons aussi Elringklinger, le spécialiste mondial des joints de culasse, ainsi que Continental (pneus et systèmes de freinage).

A part l’automobile, quels secteurs retiennent votre attention ?

Le secteur des machines outils recèle de nombreuses opportunités. Nous aimons particulièrement GEA, un conglomérat qui est en train de se recentrer sur ses points forts. Il réalise désormais 80% de son chiffre d’affaires dans l’embouteillage et la confection des produits de grande consommation (café, lait, viande). Il s’agit d’un marché en croissance notamment dans les pays émergents où les normes sanitaires se font de plus en plus strictes.

Dans le secteur de l’aéronautique, nous aimons MTU qui participe à tous les grands programmes de moteurs d’avions. Le titre a encore du potentiel.

Nous suivons également de près le secteur de la santé qui abrite de très belles valeurs. Une entreprise comme Fresenius dispose de parts de marché très importantes dans le diabète, les instruments de dialyse et les génériques de médicaments par injection. Le groupe gère également des hôpitaux en Allemagne dans le cadre d’un mouvement de privatisation destiné à alléger les finances publiques. Nous avons également investi dans Carl Zeiss (diagnostics oculaires), Sartorius Stedim (groupe franco-allemand d’équipements pour la biotech) ou encore Geresheimer (emballages de médicaments).

Quid des valeurs du Dax (Siemens, Bayer, BASF …) ?

Nous aimons Linde, le spécialiste des gaz industriel. Comme Air Liquide, il est présent partout dans le monde. C’est un marché énorme, où seulement quatre groupes comptent vraiment. La visibilité en termes de chiffre d’affaires est très bonne.

Bayer est une valeur intéressante même si elle est exposée aux aléas de la conjoncture, via sa division de matériaux de construction. La division de produits phytosanitaires et de produits pharmaceutiques est très prometteuse. Elle n’est plus exposée au problème des génériques et devrait tirer la croissance ces prochaines années. Par ailleurs nous pensons que Bayer vendra dans les prochaines années sa division de produits chimiques lourds (BTP). Ce sera un catalyseur pour le titre.

En revanche, nous restons à l’écart du secteur de la chimie (BASF, Lanxess). Même si ces entreprises sont bien positionnées sur leur marché, l’impact du cours matières premières sur leurs marges et leurs chiffres d’affaires nous paraît exorbitant. De même pour Thyssenkrupp, avec un marché de l'acier dont les perspectives restent moroses.

Autre groupe en difficulté : Siemens. Le groupe a fermé plusieurs usines et vendu des pans entiers d’activités ces dernières années. Pour l’instant, ces restructurations n’ont pas convaincu les marchés. Le titre n’a pas retrouvé son niveau de 2007 alors que ceux de General Electric ou de Philips sont bien plus hauts. Siemens est considéré comme un investissement risqué en raison des nombreux « profit warning » auquel le groupe nous a habitués. Mais si le nouveau management parvient à faire remonter les marges, le titre va suivre. C’est d’autant plus probable que le groupe figure parmi les leaders mondiaux de marchés en croissance : la technologie médicale, l’énergie, les robots industriels et l’équipement des villes.

Propos recueillis par François Schott