Interview de Frédéric Jamet  : Directeur de la gestion de State Street Global Advisors France

Frédéric Jamet

Directeur de la gestion de State Street Global Advisors France

Les actions de la zone euro devraient particulièrement tirer leur épingle du jeu en 2014

Publié le 09 Décembre 2013

Quel bilan faites-vous de cette année 2013 sur les marchés financiers ?
Trois principales constatations peuvent être établies : une performance remarquable des actions des pays développées proche de 20% ; une nette correction des actions émergentes de 5% ; et un parcours assez quelconque des actifs obligataires marquant ainsi une rupture par rapport à la tendance de ces dernières années.

Quels actifs devraient le plus tirer leur épingle du jeu en 2014 ?

Si l’on se fie à l’amélioration des fondamentaux et aux valorisations, alors nous sommes amenés à privilégier les actions européennes.

Nous devrions avoir dans la zone euro un rétablissement de la croissance sur fond d’un maintien d’une politique monétaire très accommodante de la Banque centrale européenne à l’inverse des Etats-Unis, où la reprise devrait demeurer robuste mais avec une Réserve fédérale américaine qui s’oriente vers une normalisation de sa politique monétaire.

La valorisation des actions européennes présente son intérêt par rapport à la moyenne historique, par rapport aux actions américaines et par rapport aux actifs obligataires.

Quelles sont vos perspectives de croissance économique et de progression des bénéfices ?
Le PIB devrait croitre de 1%. La hausse des bénéfices pourrait avoisiner les 10%.

Qu’escomptez-vous de la BCE en 2014 ?

Elle pourrait faire encore un petit effort pour soutenir la croissance. Nous n’avons pas d’idée particulière sur la mesure qui pourrait être prise entre une baisse des taux, un autre LTRO (opération de refinancement à long terme des banques européennes à des conditions avantageuses).

Avoir des actifs bon marché et intéressants à acheter ne suffit pas. Il faut un mouvement déclencheur en termes de performance boursière…

Ce mouvement parait s’être enclenché sur les actions européennes. Nous percevons clairement un regain d’intérêt de la part des investisseurs internationaux qui permet de légitimer la poursuite d'une dynamique positive.

Lorsque vous évoquez les actions européennes, y incluez-vous les actions britanniques ?
L’univers des actions britanniques et celui des actions européennes sont deux univers différents. Les actions britanniques s’inscrivent davantage dans une configuration à l’américaine, avec des performances plus importantes, une inflation qui se situe à un stade plus avancé.
Nous préférons les actions de la zone euro.

Quel potentiel de performance vous semble plausible dans ce dernier compartiment ?

Environ 8%.

Quel serait le risque principal pour ces actions ?

Un accident non prévu qui perturberait un retour progressif vers une croissance stable.

Par exemple ?
Nous pourrions avoir problème budgétaire grave aux Etats-Unis, dans la mesure où le budget 2014 n’a pas encore été voté et que le plafond de la dette n’a été que temporairement relevé. Nous pourrions aussi avoir des faillites ou des dérives politiques en Europe avec des conséquences exacerbées. Nous pourrions enfin avoir un impact violent sur le pétrole suite à l’intensification de conflits armés.

Qu’en est-il de votre allocation d’actifs ?

Nous privilégions les pays périphériques comme l’Italie et l’Espagne ou des secteurs plutôt cycliques, comme la consommation cyclique plutôt que la consommation de produits de base ou de produits de santé.
Nous préférons les petites capitalisations aux grandes valeurs.

Quels sont les actifs à éviter ?

Les actifs qui sont réputés pour être sécurisants, typiquement les obligations souveraines, la liquidité, les actions défensives, les grandes capitalisations de croissance standard.

Il est à noter que nous sommes dans un monde où il y a des changements rapides d’organisation, de relation, de corrélation. Il faut en cela être flexible et avoir une allocation d’actifs souple et dynamique susceptible d’être rapidement modifiée.

Propos recueillis par Imen Hazgui