Interview de Bertrand  Jacquillat  : Président et co-fondateur d'Associés en Finance, vice-président du Cercle des économistes

Bertrand Jacquillat

Président et co-fondateur d'Associés en Finance, vice-président du Cercle des économistes

S&P 500, Nikkei, Cac 40 : je table sur une baisse de 10% à 20% des actions européennes et américaines en 2014

Publié le 13 Janvier 2014

D’après vous les actions des pays développés devraient contreperformer cette année ?
Je pense qu’il y a plus de chances que les actions baissent cette année qu’elles ne montent.
En 2013, la hausse des actions des pays développés a été largement supérieure à la progression des profits. En Europe, le rally enregistré à été de près de 20% alors que les bénéfices sont quasi nuls, voire négatifs. Aux Etats-Unis, le ratio cours sur bénéfices de Shiller est à un niveau élevé par rapport à sa moyenne historique.

D’après vous les bénéfices enregistrés ne seront pas suffisants pour alimenter une poursuite de la hausse des actions des pays développés cette année ?

Je ne le pense pas. Le consensus table sur un accroissement des bénéfices entre 10 et 15%. Cela sera probablement le cas en raison d’un effet de base favorable. En relatif, ces pourcentages ne sont pas très élevés.

Nous ne pourrions pas avoir des profits plus importants ?
Je ne le pense pas. Les bénéfices des sociétés américaines occupent une large part dans le PIB des Etats-Unis. Le ratio des profits sur PIB, y compris des seuls profits domestiques, au delà des bénéfices totaux sont élevés historiquement.
Les banques centrales sont extrêmement accommodantes en termes de politique monétaire car elles demeurent inquiètes quant à l’évolution des économies qu’elles supervisent.
Il y a donc un décalage entre la préoccupation affichée des banquiers centraux et l’optimisme des investisseurs qui s’est exprimée par un net rebond des actions ces deux dernières années.

De quelle ampleur pourrait être la correction des actions développées ?
Nous ne sommes pas dans une bulle comme en 2007 mais nous sommes tout de même face à des niveaux de valorisation élevés qui justifierait une correction de l’ordre de 10 à 20% sur les actions des pays développés en 2014 et non de 50% comme en 2000 ou en 2007.

De quelle manière les investisseurs devraient aborder cette nouvelle année ?
Je resterai à l’écart du compartiment des actions.

Pour s’orienter vers quelle classe d’actifs ?
Je préfère gagner 1% ou 2% sur les obligataires que de perdre 15% sur les actions même si pour beaucoup les taux risquent de monter et ce qui sera gagné en rendement, sera perdu en moins value en capital avec la baisse du prix des obligations.

Vous semblez être en minorité à tabler sur un tel scénario ?
Je suis effectivement en minorité.
C’est toujours mauvais signe lorsqu’une large majorité des opérateurs sur les marchés sont optimistes.

Quel accueil a votre prévision auprès de vos interlocuteurs ?
J’ai pu entrevoir depuis plus d’une dizaine d’années tous les retournements de marché. Ils ont ainsi plutôt confiance en mon jugement. J’étais très pessimiste en 2007, très optimiste en 2009 alors que l’opinion commune était très optimiste en 2007 et très pessimiste en 2009.

Si l’on considère l’ensemble des marchés actions globalement, quels marchés pourraient tirer leur épingle du jeu ?

Peut-être les marchés émergents qui ont beaucoup reculé ces deux dernières années.

Le marché chinois en particulier ?
Cela n’est pas exclu.

Propos recueillis par Imen Hazgui