Interview de Alexandre  Baradez : Responsable Analyses Marchés chez IG

Alexandre Baradez

Responsable Analyses Marchés chez IG

CAC 40: le trou d'air devrait se continuer la semaine prochaine

Publié le 24 Janvier 2014

Quel regard portez-vous sur la forte correction du Cac 40 aujourd’hui ?
La correction des marchés s’explique par le cumul de plusieurs éléments. Il y a tout d’abord les craintes liées à l’avertissement du FMI avancé il y a quelques jours a propos d’un risque de déflation dans la zone euro. Il y a également les préoccupations relatives aux indices PMI du secteur manufacturier des pays de la zone euro. En France, deuxième économie de la zone euro, l’indice s’est encore contracté alors que l’indice moyen pour la zone euro est en progression. Il y a les inquiétudes sous jacentes aux messages délivrés par les agences de notation. L’agence Fitch a publié un communiqué sur l’Hexagone la semaine dernière dans lequel elle précise que la France était au sein des pays notés double A, le pays dont l’endettement était le plus élevé, soit le double de la moyenne de tous les pays notés double A. Ce soiR l’agence Moody’s doit s’exprimer. Les investisseurs sont dans l’appréhension de ce qui sera signalé par cette dernière.
Un dernier élément de frilosité est à chercher du côté des émergents. L’instabilité politique se renforce en Ukraine. Les déclarations non rassurantes se multiplient en Chine à propos du financement de certaines entreprises phares, dans l’industrie minière ou encore l’industrie agricole. Il y a l’impression que la problématique du shadow banking, autrement de l’apport excessif de liquidité par les trusts et autres opérateurs non régulés est de plus en plus mise en évidence négativement. Un ralentissement potentiel de la liquidité à l’instar de la fin du premier semestre puis de la fin 2013 est dans les esprits, avec des taux de refinancement interbancaires susceptibles de s’emballer à nouveau. Enfin, Outre Atlantique, les résultats sont en demi-teinte. De nombreuses sociétés ont déçu sur leurs chiffres.

Face à l’ensemble de ces zones d’ombre, il n’y a plus de catalyseurs à court terme, de raison d’accélérer. Le contexte n’est de ce fait plus porteur, ce qui explique la contreperformance des principaux indices boursiers et notamment du Cac 40.

La BCE a fait état de deux informations nouvelles, a priori positive pour le secteur bancaire européen : un remboursement massif des prêts consentis lors des LTRO et la réduction de la facilité de prêt en dollar ?

Ces informations sont déjà pricées par le marché. Au demeurant, Benoit Coeuré, membre du directoire de la BCE a signalé la semaine dernière qu’il y avait selon lui peu de chance que la BCE lance un nouvel LTRO cette année dans la mesure où les conditions de retour à la croissance étaient réunies. Or les investisseurs attendent des mesures de soutien complémentaires de la BCE. L’accès au crédit par les PME/PMI dans la zone euro est toujours tendu. Et la BCE peut agir de façon ciblée pour solutionner ce point négatif. Il y a donc une préoccupation liée à l’absence de réponse additionnelle de la Banque centrale alors que Mario Draghi a plusieurs fois répété que la boite à outils était très fournie.

Y a-t-il dans l’ensemble de ces éléments, certains qui ont un poids tout particulier dans le repli de l’indice français ?
Je ne le crois pas. Le marché n’a pas décroché sur une information singulière.

Vous attendez vous à ce que la baisse se poursuive ?
Le trou d’air devrait se continuer la semaine prochaine. Nous devrions au minimum avoir une consolidation, au pire encore des mouvements négatifs parce qu’il n’y aura pas d’éléments suffisant pour justifier tout de suite un retour sur des plus hauts niveaux.
Il ne faut surtout pas céder au catastrophisme pour autant.
A moyen et long terme, je suis optimiste sur la tendance haussière des marchés actions (dans les 6 à 18 prochains mois, également sur le marché des actions françaises).

Propos recueillis par Imen Hazgui