Interview de Bruno Ducros : Gérant Actions chez Camgestion

Bruno Ducros

Gérant Actions chez Camgestion

Actions françaises 2014 : nous sommes très investis sur les médias avec Publicis et TF1, les bancaires avec Société Générale et Natixis et la construction avec Vinci et Eiffage

Publié le 13 Février 2014

Quel regard portez-vous sur le marché des actions françaises cette année ?
Nous demeurons positifs en raison de la vigilance dont fait preuve la Banque centrale européenne vis-à-vis du niveau d’inflation au sein de la zone euro.
Nous sommes d’avis qu’au cours de l’année l’institution monétaire interviendra une nouvelle fois, ce qui aura pour effet de soutenir le marché de la zone euro dans son ensemble et le marché français en particulier.

Ceci étant, le rebond des actions françaises devrait être limité par rapport aux actions de la zone euro ?
L’histoire des actions françaises se distingue de celle actions de la zone euro pris globalement car la situation macroéconomique est foncièrement mauvaise. Est attendue entre 0 et 0,3% de croissance, contre 0,8% pour l’ensemble de la région.
Aujourd’hui déjà les valorisations des actions françaises sont moins élevées que celles des actions de la zone euro. Le PE de l’indice parisien est à 12,3 contre 13,3 pour l’indice européen.

La toile de fond macroéconomique nous amène à nous montrer très méfiants vis-à-vis des perspectives bénéficiaires.
Le consensus avancé en fin d’année dernière était de 15%. L’exercice des révisions à la baisse a d’ores et déjà débuté. D’aucuns sont allés jusqu’à tabler sur un chiffre de 7%.

Intra muros des éléments peuvent se révéler soit favorable soit défavorable pour le marché...
Un Pacte de responsabilité a été avancé pour tenter de restaurer la confiance au sein de l’environnement des affaires. L’objectif louable poursuivi par ce Pacte est de renforcer la compétitivité et la profitabilité des entreprises. S’il y parvient, ou s’il y a des éléments tangibles qui montrent qu’un succès est possible, alors cela serait un facteur d’appui important pour les actions françaises.
A l’inverse, des élections doivent avoir lieu. Si leur issue alimente une inquiétude à l’égard de l’avenir de la conduite de la politique économique dans le pays, il est probable que les investisseurs décident de retirer rapidement et massivement leurs placements des actions françaises.

Vous ne pensez pas que les flux seront un catalyseur pour les actions françaises cette année ?
Je resterais prudent concernant les flux. Certes davantage d’investisseurs internationaux s’intéressent aux actions de la zone euro y compris les actions françaises. Mais des flux massifs ont déjà été observés l’année dernière.
Les actions de la zone ont été par le passé et constitueront encore une partie marginale de l’allocation des grands investisseurs institutionnels américains.
Pour ce qui est de l’arbitrage taux-actions, celui-ci a aussi grandement été fait l’année dernière. Il aura un effet bien moindre cette année.

Quid des opérations capitalistiques ?
Face à la faiblesse de la croissance, si la stabilisation perdure dans la zone euro, il est possible de voir une augmentation des opérations de fusion-acquisition pour assurer un développement plus solide et accroître d’autant plus les résultats.
Le cash est très abondant, les niveaux d’endettement relativement bas, et les taux de refinancement faibles, trois paramètres favorables au lancement d’opérations d’achat.

Qu’en est-il de votre allocation d’actifs ?
Nous donnons la primeur aux valeurs décotées cycliques.
Nous ne restons cependant pas à l’écart des valeurs de croissance qui ont été délaissées ces derniers mois. Les difficultés de ces sociétés liées aux émergents semblent bien avoir été intégrées dans les cours.
Nous sommes enclins à davantage miser sur les petites et moyennes valeurs que sur les grandes valeurs car elles sont moins exposées aux pays émergents présentement chahutés. 33% de croissance bénéficiaire est escompté sur les small et mid caps cette année, contre 15% pour les large caps.

Quid de vos préférences sectorielles ?
Nous sommes très investis sur les médias (Publicis et TF1), les bancaires (Société Générale et Natixis), la construction avec Vinci et Eiffage en particulière du fait du plan gouvernemental autoroutier.
Nous sommes sous pondérés sur le secteur de la distribution, et de la santé.

Quels principaux risques identifiez-vous à ce stade ?
Le risque majeur me parait être le risque politique. Le marché n’aime pas du tout l’instabilité politique.
Il y a lieu de ne pas avoir une image trop sombre sur les émergents. La majeure partie de la purge a été faite sur les devises. Certains pays affichent une certaine robustesse.





Propos recueillis par Imen Hazgui