Interview de Laurent Levy  : Président du Directoire de Nanobiotix

Laurent Levy

Président du Directoire de Nanobiotix

Grâce à notre produit, notre objectif est de pouvoir traiter au moins deux millions de patients par an

Publié le 28 Février 2014

Nanobiotix a annoncé le 12 février une avancée majeure dans le domaine de la radiothérapie. Le titre a triplé en l’espace de deux jours. De quoi s’agit-il exactement ?
Cette nouvelle étape franchie par le premier produit de notre pipeline, NBTXR3, contribue à dérisquer le développement et nous permet d’envisager l’utilisation des produits NanoXray dans un grand nombre de cancers traités par radiothérapie. Les résultats positifs obtenus au cours d’un essai chez des patients atteints d’un sarcome des tissus mous au stade avancé nous permettent d’envisager la mise sur le marché de ce produit dès 2016, avec un an d’avance sur le calendrier que nous nous étions initialement fixé. Avant cela, il nous faut encore franchir la dernière étape avant le marquage CE indispensable à la mise du produit sur le marché, à savoir la phase dite « pivot » qui doit démontrer le bénéfice réel de cette technologie pour les patients. Cet essai pourrait débuter dès la fin de cette année.

Pourquoi faites-vous aujourd’hui appel au marché ?
L’objectif de l’augmentation de capital est justement de réaliser cet essai clinique et mettre ensuite notre produit sur le marché. Dans le domaine des dispositifs médicaux, il y a deux phases d’essais : une phase pilote qui devrait être finalisée à court terme et une phase pivot. Nous en sommes à la préparation de cette dernière étape.
La commercialisation devrait se faire en 2016, uniquement en Europe pour une première indication qui est le sarcome des tissus mous. Mais notre technologie est potentiellement généralisable à l’ensemble des cancers traités par radiothérapie. Contrairement à la médecine personnalisée, notre objectif est de pouvoir traiter beaucoup de patients, au moins deux millions par an.

Comment cette augmentation de capital est-elle structurée ?
L’offre de base est d’environ 24 millions d’euros. Nous avons déjà sécurisé 18,5 millions auprès d’investisseurs institutionnels : une partie est amenée par nos investisseurs historiques, une autre par des fonds institutionnels français et une autre par des fonds spécialisés étrangers (ndlr : l’offre est limitée aux investisseurs européens). Une clause d’extension de 15% est prévue qui porterait le montant levé à 28 millions. Nous avons souhaité le maintien des droits préférentiels de souscription qui permet aux actionnaires existants de suivre le développement de la société, sans être dilués.

Vous êtes également soutenu par BpiFrance…
BpiFrance (ex Oséo) nous accompagne depuis le début de la société. En 2013, avec l’aide de BpiFrance et d’autres partenaires, nous avons lancé le programme Nice (Nano Innovation for CancEr) qui vise à structurer la filière de la nanomédecine en France. Dans ce cadre Nanobiotix a reçu un financement de 2,8 millions pour explorer le potentiel de sa technologie pour une nouvelle indication, celle liée au cancer du foie.

Quel sera le flottant du titre à l’issue de l’opération ?
Il y a eu beaucoup de mouvements sur le titre ces derniers temps. Notre dernier TPI (ndlr : titre au porteur identifiable) remonte à décembre. Nous en referons un après l’augmentation de capital afin d’avoir une idée claire de la répartition exacte de l’actionnariat.

Qu’envisagez-vous après la commercialisation de votre premier produit en Europe ?
Nous avons conclu en août 2012 un premier partenariat d’un montant maximum de 57 millions de dollars avec la société taïwanaise PharmaEngine, portant sur le développement et la commercialisation de notre produit dans la zone Asie-Pacifique. Le programme de développement devrait démarrer au second trimestre 2014 avec deux indications, le cancer rectal et le cancer de la bouche, localement avancés. S’agissant des Etats-Unis, nous estimons qu’avant la fin de l’année 2014, nous pourrions démarrer un partenariat avec un acteur pharmaceutique afin d’assurer le développement et la commercialisation de notre produit sur ce territoire. Cela dit, nous sommes aujourd’hui focalisés sur la réalisation de notre phase pivot en Europe et sur l’obtention du marquage CE à l’horizon 2016.


Propos recueillis par François Schott