Interview de Julien Zuccarelli : Directeur général d'ASK

Julien Zuccarelli

Directeur général d'ASK

Nous allons développer le ticket de métro sans contact

Publié le 17 Juin 2014

Vous dirigez ASK, une société française qui s’introduit sur Euronext et prévoit de lever 25 millions d’euros. Pouvez-vous nous la présenter ?
ASK est un spécialiste des solutions "sans-contact" dans les domaines du transport et des documents d’identité. Elle a développé une technologie brevetée basée sur un procédé unique de connexion directe du silicium sur une antenne imprimée en encre argent, qui permet d’assurer à la fois la fluidité des contrôles et la sécurité des données personnelles. La technologie ASK est ainsi embarquée dans les documents d’identité de 13 pays, dont les plus belles références mondiales telles que les passeports électroniques américains, britanniques, français, israéliens ou philippins. Sur le marché du Transport, nous travaillons avec les opérateurs de transports publics de 103 villes dans 27 pays, dont Atlanta, Dubaï, Lisbonne, Londres, Mexico, Miami, Singapour, Sydney, Tel Aviv, etc. En France, nous sommes les fournisseurs de la technologie sans contact du Pass Navigo, des cartes Velib’ et d’autres cartes de transport à Marseille, Bordeaux, Lille, Nantes, ou Nice.

Pourquoi cette introduction en bourse ?
Nous allons sur le marché pour mettre en œuvre notre plan stratégique qui vise à nous permettre d’atteindre 100 M€ de chiffre d’affaires à horizon 2017 contre 40 M€ en 2013, et faire progresser notre niveau de marge brute aux standards de l’industrie. 
Tout d’abord nous allons racheter la part minoritaire de notre co-entreprise américaine, car les Etats-Unis représentent un axe de développement très important, surtout depuis que nous avons été sélectionné pour le passeport électronique américain. Cela nous permettra de conserver toute la valeur ajoutée de ce contrat. Nous souhaitons également refinancer notre dette obligataire, via un remboursement anticipé, afin d’alléger nos charges financières et ainsi mettre en place une structure financière moins couteuse.
Enfin, et c’est l’essentiel de la levée de fonds, nous souhaitons accélérer notre développement. Cela va passer pas la finalisation de notre organisation industrielle, en transférant les activités de notre site industriel indien vers notre usine en Chine qui concentrera notre production "de masse". La France et les Etats-Unis constitueront nos sites industriels à forte valeur ajoutée.
Nous allons également doubler nos investissements en R & D, essentiellement basée en France, afin de conserver notre leadership technologique.
Enfin, pour renforcer notre présence commerciale sur nos principaux marchés (Europe, Etats-Unis, Amérique latine), nous allons doubler notre force commerciale.

Comment parviendrez-vous à doubler votre chiffre d’affaires en trois ans ?
Dans les documents d’identité, la tactique est simple : poursuivre sur le même rythme qui nous a permis de passer de 0% de part de marché en 2006 à 17% en 2013. Il y a beaucoup de choses à faire dans les pays où nous sommes déjà présents – par exemple, aux Etats-Unis, nous avons signé avec quatre Etats pour le renouvellement de leurs permis de conduire. Le passeport crée un effet d’entraînement sur les autres titres. Par ailleurs, nous voulons poursuivre notre expansion internationale au rythme de 2 à 3 nouveaux marchés par an. A ce jour, 95 pays des 193 états membres de l’ONU délivrent des passeports électroniques. Il existe un vrai réservoir de croissance.
Côté Transport, nous allons développer de nouvelles lignes de business. Nous avons déjà commencé avec l’intégration de données personnelles sécurisées dans les cartes de transport que nous livrons. Nous allons également développer le ticket sans contact, car ces derniers restent très utilisés dans de nombreuses villes à travers le monde, notamment à Paris. Cela permettra à la RATP de réduire ses coûts de maintenance des bornes d’accès.

Ne serait-il pas plus judicieux de passer au paiement sans contact sur mobile ?
Nous suivons de près le développement de ces nouveaux services sur mobiles. Mais nous constatons très peu d’appétit de la part des usagers, que ce soit en matière de paiement ou de transport. Par ailleurs la technologie n’est pas encore au point. Il n’y aura pas de cannibalisation du Pass Navigo par une application téléphonique à l’horizon de notre plan stratégique. En revanche, à plus long terme, nous n’excluons pas d’entrer sur ce marché via des applications permettant de télécharger des données client dans les téléphones ou dans les cartes de transport.

Qui sont vos concurrents ?
Le leader du marché est une entreprise néerlandaise, Smartrac (250 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013, ndlr). Il y a également des acteurs plus spécialisés comme Toppan. Nous ne sommes jamais seuls en lice sur un marché, cela dit notre technologie ne cesse de prendre des parts de marché. En dépit de notre petite taille, nous bénéficions de l’appui de grands groupes comme Gemalto, Oberthur ou Safran. Ce sont nos clients mais aussi et surtout des leaders mondiaux qui nous ouvrent des portes sur les principaux marchés. J’ajoute qu’il s’agit d’un métier de spécialistes, avec peu d’acteurs et de fortes barrières à l’entrée.

Pour connaître les modalités de l'introduction en bourse d'ASK, cliquez ici.

Propos recueillis par François Schott