Interview de Gil Beyen : Président directeur général d'Erytech

Gil Beyen

Président directeur général d'Erytech

Nous ambitionnons une fois les commercialisations débutées dans les leucémies aiguës à lancer encore de nouvelles études cliniques dans d'autres indications

Publié le 04 Septembre 2014

Vous venez de publier vos résultats semestriels. Un commentaire ?
Nos résultats se caractérisent avant tout par une diminution de notre perte nette à 3,2 millions d'euros pour le premier semestre 2014, contre 4,1 millions d'euros sur la même période de l'année précédente. Ce gap de quasiment 900 000 € a notamment été possible par la diminution de nos charges financières de 1,1 million d'euros, liée à des prêts convertis au moment de l'introduction en bourse du mois de mai 2013, partiellement compensée par des subventions moins élevées et des charges opérationnelles en légère augmentation.

Quels principaux évènements ont rythmé votre activité au cours de ces six premiers mois de l’année ?
Nous sommes avant tout une société de développement de médicaments.
Nous avons avancé dans deux études importantes pour nos traitements dans les leucémies aiguës. La première, de phase III dans la leucémie aigüe lymphoblastique, est désormais terminée et nous devrions pouvoir annoncer les résultats finaux dès le début du quatrième trimestre de cette année.
La seconde étude, de phase II, concerne la leucémie aiguë myéloïde. Son comité d’experts indépendants, le DSMB (Data Safety Monitoring Board), vient tout juste de se prononcer pour la deuxième fois de suite à l’unanimité en faveur de la poursuite de l’étude, ce qui est une très bonne nouvelle.

Nous avons par ailleurs lancé deux nouvelles études dont l’une dans les tumeurs solides, plus précisément dans le cancer du pancréas, pour laquelle nous avons déjà recruté le premier patient, et l’autre dans la leucémie aigüe lymphoblastique aux Etats-Unis. Là aussi nous venons de recruter le premier patient.

Vous avez également vu un renforcement de votre actionnariat et de votre conseil d'administration…
Effectivement. Le renforcement de notre actionnariat s’est déroulé au mois de février 2014.
Une opération de reclassement de titres, à hauteur de 18% du capital, a été réalisée. Des actionnaires qui nous avaient suivis dès le début de notre aventure se sont partiellement ou entièrement retirés pour laisser place à de nouveaux investisseurs. Nous avons ainsi pu capitaliser sur les contacts que nous avions eus aux Etats-Unis et dans d’autres pays pour faire entrée de nouveaux actionnaires non français au capital, des grands fonds spécialisés dans les sciences de la vie.

Qu’on apporté ces nouvelles participations ?
Tout d’abord, une diversification géographique de notre actionnariat mais aussi un accroissement de la crédibilité et de la solidité d’Erytech. Nos partenaires initiaux étaient déjà très solides, cependant l’entrée de ces nouveaux fonds d’investissement spécialisés dans les sciences de la vie contribue à nous donner une visibilité plus longue sur la composition de notre actionnariat.

Qu’en est-il de l’arrivée de nouveaux membres indépendants au sein de votre Conseil d’administration ?
Ces arrivées doivent avant tout être regardées dans l’optique d’une internationalisation accrue de la société. Nous avons ainsi sollicité la présence au sein de notre Conseil d’un expert de l’oncologie basé aux Etats-Unis et d’un expert de la finance basé en Belgique.

Les prochains mois devraient avant tout se caractériser par la recherche par Erytech d’une obtention d’autorisation pour la commercialisation de votre traitement contre la leucémie aigue...
Oui tout à fait. Nous espérons pouvoir commencer à commercialiser notre produit contre la leucémie aigue lymphoblastique début 2016, et escomptons une commercialisation de notre traitement contre la leucémie aigüe myéloïde en 2017.

Confirmez-vous que le marché auquel vous vous adressez dans les leucémies aiguës représente un potentiel d’1 milliard d’euros ?
Il existe déjà des produits à base d’asparaginase sur le marché. Cependant ces produits sont d’un accès restreint. Ils sont en effet très toxiques et sont administrés uniquement à des patients en mesure de tolérer cette toxicité, soit seulement 20% des patients atteints de leucémies aiguës.
Nous visons les 80% restants, ce qui représenterait effectivement un marché potentiel d’environ 1 milliard d’euros.

Selon les analystes financier, Erytech est correctement financé pour tenir à travers 2015, année où la société devrait commencer à recevoir des milestones par son partenaire Orphan Europe pour Graspa ?
Nous disposons en effet d’une trésorerie de 12,5 millions d'euros qui devrait nous permettre de tenir 18 mois.
D’ici là nous devrions avoir obtenu nos autorisations de commercialisation et commencé à recevoir de l’argent frais de notre partenaire.

Est-ce à dire qu’il ne devrait pas y avoir de nouvelle opération de refinancement d’ici 18 mois ?

Si nous nous tenons au plan actuel de développement, probablement non. Ceci étant, nous ambitionnons une fois les commercialisations débutées dans les leucémies aiguës à lancer encore de nouvelles études cliniques dans d’autres indications. Nous pourrions alors procéder à de nouvelles opérations de refinancement à ce moment là mais ce n’est pas encore à l’ordre du jour.

Votre cours a progressé de plus de 48% depuis le début de l’année. Qu’est ce que cela vous inspire ?

Cette hausse reflète selon moi en partie le fait que nous avons fait ce que nous avions annoncé lors de notre IPO à la fois s’agissant de l’avancée de nos études cliniques que du renforcement de notre capital et de notre conseil d’administration.

Un dernier mot pour vos actionnaires...

Il devrait incontestablement y avoir un important flux de nouvelles sur la société dans les mois à venir.

Propos recueillis par Imen Hazgui