Interview de Vincent Ricordeau : Co-fondateur de KissKissBankBank et Lendopolis

Vincent Ricordeau

Co-fondateur de KissKissBankBank et Lendopolis

Les internautes qui viennent sur notre plateforme sont des 'micro-investisseurs'

Publié le 18 Novembre 2014

En quoi consiste Lendopolis, la plateforme de financement participatif que vous lancez le 19 novembre ?
Depuis le 1er octobre 2014, le cadre du financement des entreprises a évolué en France. Désormais les particuliers sont autorisés à prêter de l'argent à des entreprises contre une rémunération sous forme d'intérêts financiers (auparavant seuls les dons et les prêts sans intérêts étaient autorisés). Cela ouvre de nouvelles opportunités pour les TPE/PME, notamment les plus jeunes, qui ont du mal à accéder au crédit bancaire. Elles peuvent s’adresser directement aux épargnants et obtenir ainsi les fonds nécessaires à leur développement. Pour les particuliers c’est une façon de financer l’économie réelle, en investissant dans des projets qui leur parlent, mais aussi d’avoir un retour sur leur investissement. Cela n’est pas sans risque : contrairement à un prêt bancaire, il n’y a ni garantie ni caution. Mais ce risque est rémunéré par des taux d’intérêts attractifs.

Comment cela fonctionne-t-il, concrètement ?

Toute entreprise qui présente deux bilans comptables et un prévisionnel certifié par un expert comptable peut s’inscrire sur notre plateforme. Les dossiers présentés font l'objet d'une analyse détaillée de la part de notre équipe d’analystes, portant à la fois sur l'historique de la société (au moins deux ans) et le prévisionnel du projet. Nous attribuons à chaque entreprise une note selon son profil de risque : A, B ou C. Cette note détermine le taux d’intérêt qu’elle devra payer pour son prêt : de 4 à 6% par an, en fonction de la durée du prêt, pour les projets les plus solides, de 6 à 8% pour ceux que nous jugeons un peu moins sûrs, de 8 à 10% pour les plus risqués. Chaque entreprise peut emprunter entre 10 000 et un million d’euros sur des durées qui vont de deux à cinq ans. Les particuliers, eux, peuvent investir de 20 à 1000 euros maximum par projet mais peuvent soutenir autant d’entreprisse qu’ils le souhaitent.

Les rendements élevés que vous proposez n’encouragent-ils pas une forme de spéculation ?

Ce n’est pas de la spéculation. Les niveaux élevés de taux d’intérêts correspondent à la rémunération du risque. Prêter à des TPE/PME comprend forcément une part de risque. Il faut être prêt à accepter les échecs de certaines entreprises et les pertes éventuelles qui en découleront. C’est pourquoi nous conseillons aux investisseurs de diversifier au maximum leurs investissements. Mieux vaut prêter 100€ sur 10 projets que 1000€ sur un seul. Par ailleurs nous n’allons jamais conseiller aux gens d’investir 100% de leur épargne sur notre plateforme.

A quel type d’investisseur s’adresse cette plateforme ?
Il n’est pas nécessaire d’être un investisseur chevronné. Le principe du crowdfunding est qu’il est ouvert au plus grand nombre. C’est avant tout une façon de reprendre le pouvoir sur son épargne en participant à des projets très concrets, qu’ils soient artistiques et humanitaires, comme sur Kiss Kiss Bank Bank, ou entrepreneuriaux comme sur Lendopolis. Nous visons donc tous les épargnants, y compris les boursicoteurs, qui peuvent y voir un moyen de diversifier leurs placements. A terme nous espérons que notre offre fera partie de la palette des conseillers en gestion de patrimoine.

Vous souhaitez faire de chaque épargnant un business angel ?

Non car la notion de business angel inclut une dimension de conseil, d’accompagnement opérationnel qui n’est pas présente dans le crowdfunding. Nous préférons parler de « micro-investisseurs » pour désigner les internautes qui viennent sur notre plateforme. Par ailleurs les business angels se concentrent sur certains secteurs : internet, biotech, notamment. Notre plateforme accueillera tous types d’entreprises, de la plus traditionnelle à la start-up technologique.

Propos recueillis par François Schott