Interview de Cédric Lagarrigue : Directeur associé de Focus Home Interactive

Cédric Lagarrigue

Directeur associé de Focus Home Interactive

Nous réalisons 80% de notre chiffre d'affaires à l'international

Publié le 28 Janvier 2015

Présentez-nous Focus Home Interactive, la société que vous dirigez et que vous vous apprêtez à introduire sur Alternext ?
Focus Home Interactive est le troisième éditeur français de jeux vidéo, derrière Ubisoft et Gameloft. En 2014 nous allons réaliser un chiffre d’affaires compris entre 43 et 44 millions d’euros , dont 80% à l’international. Nous ne sommes qu’un petit éditeur comparé aux « majors » comme Ubisoft, mais nos jeux sont reconnus pour leur qualité et leur originalité y compris loin de nos frontières (30% du chiffre d’affaires est réalisé aux Etats-Unis, ndlr). Notre plus gros succès à ce jour est Farming Simulator, un jeu permettant de se glisser dans la peau d’un agriculteur, dont nous avons vendu 2 millions d’exemplaires à ce jour. Blood Bowl, dont la sortie du deuxième opus est prévue pour 2015, est un autre de nos bestsellers. Aujourd’hui notre catalogue compte près de 40 jeux pour PC et consoles, il devrait s’enrichir de huit nouveaux titres cette année.

Comment rivalisez-vous avec les « majors » tels qu’Electronic Arts, Sony, Nintendo… ?
Là où les « majors » du secteur se focalisent sur des jeux au point mort élevé adossés à des budgets de développement souvent supérieurs à 30 millions d’euros, Focus Home Interactive s’oriente sur des jeux aux budgets de développement plus de dix fois inférieurs, dont 80% sont rentables dès les six premiers mois de commercialisation. Nous externalisons la création auprès de studios partenaires, pour la plupart sont français (Eugene Systems, Cyanide, Spiders). Avec eux, nous avons développé au cours des dix dernières années une vraie capacité à bien sélectionner les projets et à maîtriser les budgets.

Comment s’est déroulée l’année 2014 sur le plan financier ?

Nous avons connu en 2014 une accélération de notre croissance, avec un chiffre d’affaires en hausse de 60% par rapport à l’année précédente. Au premier semestre 2014, la rentabilité opérationnelle était en hausse, à 14,6 %. Depuis sa création, Focus Home Interactive est une société rentable et elle entend le rester, au travers de faibles coûts fixes et de budgets de développement maîtrisés.

Pourquoi êtes-vous absents du marché des jeux sur mobile ?

C’est un choix. Nous ne souhaitons pas entrer sur un marché hyperconcurrentiel où les budgets sont faibles, le nombre d’acteurs important et la sinistralité élevée. Nous avons réussi à nous faire une place sur le marché « traditionnel » des jeux pour PC et consoles et nous profitons de la croissance de ce marché. Notre réseau de distribution, entièrement externalisé, nous assure une présence dans 80 pays aussi bien en grandes surfaces (Wall Mart, etc) que dans les magasins spécialisés, mais aussi sur une cinquantaine de plateformes de téléchargement dont celles des principaux fabricants de consoles (Sony, Microsoft). Aujourd’hui 45% de notre chiffre d’affaires est issu du téléchargement sur ces plateformes et cette part devrait augmenter à l’avenir avec la dématérialisation croissante du jeu vidéo.

A quoi va servir l’augmentation de capital (10 millions d’euros) réalisée à l’occasion de votre introduction en bourse ?
Cette levée de fonds auprès du grand public et d’investisseurs institutionnels doit nous permettre de relever le budget moyen de nos jeux qui passera d’une fourchette comprise entre 1,5 à 2,5 millions d’euros aujourd’hui à un budget compris entre 2,5 et 3 millions d’euros. Tout en gardant un souci de maîtrise des budgets, nous souhaitons ainsi accroître notre notoriété partout dans le monde auprès de publics toujours plus exigeants. Nous ne souhaitons pas éditer davantage de jeux mais faire des jeux de grande qualité. Le produit de l’opération servira également à renforcer notre présence commerciale aux Etats-Unis et en Chine, un marché qui s’ouvre à peine aux fabricants de consoles et aux éditeurs étrangers. Nous prévoyons également de renforcer nos équipes afin d’accompagner le développement de nouveaux jeux.

Propos recueillis par François Schott