Alain Pitous
Directeur général adjoint - Associé chez Talence Gestion
La thématique du dividende nous semble revêtir un vif intérêt pour le reste de l'année 2015
Publié le 18 Février 2015
Avec quel sentiment avez-vous débuté cette année 2015 ?
En étant bien investis sur les actions européennes…mais avec une certaine méfiance. 2014 nous a montré à quelle point il fallait rester humble en termes de prévisions. Selon le consensus, les taux américains devaient remonter, les pays émergents devaient être affectés par ce mouvement en conséquence, et le pétrole devrait rester stable. Ce n’est pas du tout ce qui s’est produit.
Qu’en est-il de votre exposition aux actifs risqués aujourd’hui ?
Sur une échelle de risque comprise entre 0 et 10, nous avons oscillé toutes l’année 2014 entre 6 et 7 avec des actions, les à haut rendement et les obligations émergentes.
Nous sommes revenus à 6 vers le 20 décembre. Nous sommes à présent à 7 depuis fin janvier.
Êtes-vous d’avis que cette année sera propice pour les actions de la zone euro ?
Plusieurs éléments de soutien à une hausse des actions de la zone euro sont perceptibles. La dépréciation de l’euro, la chute du baril, la faiblesse des taux d’intérêt.
Ces éléments sont à considérer avec précaution. La faiblesse des taux aura un effet limité dans la mesure où les entreprises européennes ne sont pas très endettées.
Par ailleurs, alors que l’on comprend aisément les répercussions négatives de la chute du baril, il en est différemment des conséquences positives. Ces derniers sont ne sont palpables qu’à moyen terme.
Nous ne sommes plus très loin du niveau plancher de l’euro. Il y a lieu de penser que les Etats-Unis ne laisseront pas leur compétitivité se dégrader outre mesure sans réagir. Même s’ils n’exportent pas beaucoup vers l’international en relatif, les sociétés américaines tirent avantage d’un niveau faible du dollar. La Fed pourrait décider de conserver un statu quo sur ses taux. Elle n’a objectivement pas de raison de les relever à l’heure actuelle.
Quelle évolution escomptez-vous pour le cours du baril et la parité euro dollar ?
50 dollars pourrait constituer une forme de plancher pour le baril ; Le plus gros du parcours de l’Euro a été fait. Nous pourrions aller à 1,10 mais guère bien plus bas.
Quelle hausse des profits des entreprises européennes peut-on espérer cette année ?
La hausse pourrait aller jusqu’à 10%.
Quelles répercussions pour la zone euro doit-on attendre du quantitative easing de la BCE ?
Le QE ne devrait pas beaucoup aider la croissance en Europe.
Il devrait tout au plus redonner de la marge de manœuvre aux banques et ainsi prêter plus abondamment à l’économie avec des conditions assouplies. C’est tout l’enjeu du QE mais les investisseurs ne sont pas très optimistes à ce sujet.
Les opérations de fusion acquisitions constitueront-ils un moteur pour le segment ?
Les opérations de M&A devraient se poursuivre. La croissance organique est faible. Les entreprises sont enclines à rechercher de la croissance externe. La visibilité est plus nette sur la santé des entreprises. En cela, les canards boiteux sont repérés. L’endettement est moins couteux. Il est possible de financer une partie de l’acquisition en actions.
En outre, les entreprises américaines ne peuvent pas encore rapatrier massivement leur surplus de trésorerie pour des considérations fiscales. Dès lors, il est vraisemblable qu’une partie de ce cash soit utilisé pour racheter des sociétés européennes fragilisées notamment dans la technologie ou la pharmacie.
S’il ne faut pas s’attendre à des bagarres boursières monstrueuses, les transactions seront suffisamment importantes pour animer le marché.
Une expansion des multiples est elle à espérer ?
Du fait de taux extrêmement bas, il est possible d’avoir une légère expansion des multiples supplémentaire si les résultats des entreprises sont au rendez vous que le taux de rendement du dividende reste attractif et que la liquidité devient plus abondante.
Quel regard portez-vous sur la volatilité du marché ?
Nous nous attendons à des variations comparables à celles de 2014. Les oscillations sont le reflet de phases d’optimisme et d’inquiétude jouées de manière binaire par les investisseurs. Cela donne lieu à des écarts importants et parfois à des exagérations.
Comment appréhendez ces trous d’air ?
Il est crucial d’avoir une vision stratégique afin d’éviter de se faire prendre à revers. Notre stratégie est basée sur l’idée que compte tenu de la morosité de la conjoncture économique à travers le monde, les grandes banques centrales devraient rester à la manœuvre. Une abondante liquidité devrait encore être injectée.
L’idée est alors de conserver des munitions en permanence afin de tirer avantage des trous d’air- autrement dit des corrections de plus de 10% sur un mois-pour se repositionner sur les titres sanctionnés trop sévèrement. Parallèlement il faut savoir se montrer contrariant lorsque le marché est en hausse et que certaines valeurs performent de façon exagérée sur fond de l’annonce d’une bonne nouvelle macroéconomique comme le quantitative easing de la BCE.
Pour notre part, les ajustements sont toujours effectués à la marge avec des limites à l’achat et à la baisse. A trop changer l’allocation, les couts d’investissement peuvent s’avérer onéreux. Il y a une prime à maintenir ses positions stratégique.
Quels risques pour les marchés identifiez-vous aujourd’hui ?
Le comportement du Japon. Les Abenomics successifs ont des effets négatifs pour les autres marchés. La baisse du yen conduit à la baisse des devises asiatiques.
Il y a une guerre des changes larvée qui en découle pour regagner de la compétitivité.
Il n’est pas exclu que la Chine réagisse en faisant baisser fortement le yuan pour faire repartir son économie.
Qu’en est-il de la Grèce ?
Je pense que la Grèce ne peut pas sortir de la zone euro. Les intérêts au maintien du pays sont importants de part et d’autre. Il est à rappeler que la dette de la Grèce est détenue à hauteur de 40 milliards par la France.
Les modalités de remboursement de la dette devraient finir par être négociés mais pas le niveau de la dette en elle-même.
Quelles thématiques d’investissement préconisez-vous ?
Nous n’avons pas de biais sectoriels ou géographiques. Nous sommes principalement positionnés sur la zone euro et les Etats-Unis et marginalement exposés aux pays producteurs de pétrole et à l’Asie hors Japon depuis mi-janvier.
La thématique du dividende nous semble revêtir un vif intérêt. Sur le Stoxx 600, 100 sociétés vont verser un dividende supérieur à 5% dans les 18 mois à venir. 400 sociétés vont distribuer un dividende de plus de 3%. Cela ne signifie pas qu’il faut se positionner sur ces sociétés aveuglément.
Quels ont été vos derniers ajustements de portefeuille ?
Nous avons repris de manière très précautionneuse des positions sur certaines valeurs cycliques qui sont les mieux à même de profiter de la baisse de l’Euro et de la baisse des matières premières ; ces valeurs ont tellement déçu dans le passé que nous procédons de manière mesurée.
En étant bien investis sur les actions européennes…mais avec une certaine méfiance. 2014 nous a montré à quelle point il fallait rester humble en termes de prévisions. Selon le consensus, les taux américains devaient remonter, les pays émergents devaient être affectés par ce mouvement en conséquence, et le pétrole devrait rester stable. Ce n’est pas du tout ce qui s’est produit.
Qu’en est-il de votre exposition aux actifs risqués aujourd’hui ?
Sur une échelle de risque comprise entre 0 et 10, nous avons oscillé toutes l’année 2014 entre 6 et 7 avec des actions, les à haut rendement et les obligations émergentes.
Nous sommes revenus à 6 vers le 20 décembre. Nous sommes à présent à 7 depuis fin janvier.
Êtes-vous d’avis que cette année sera propice pour les actions de la zone euro ?
Plusieurs éléments de soutien à une hausse des actions de la zone euro sont perceptibles. La dépréciation de l’euro, la chute du baril, la faiblesse des taux d’intérêt.
Ces éléments sont à considérer avec précaution. La faiblesse des taux aura un effet limité dans la mesure où les entreprises européennes ne sont pas très endettées.
Par ailleurs, alors que l’on comprend aisément les répercussions négatives de la chute du baril, il en est différemment des conséquences positives. Ces derniers sont ne sont palpables qu’à moyen terme.
Nous ne sommes plus très loin du niveau plancher de l’euro. Il y a lieu de penser que les Etats-Unis ne laisseront pas leur compétitivité se dégrader outre mesure sans réagir. Même s’ils n’exportent pas beaucoup vers l’international en relatif, les sociétés américaines tirent avantage d’un niveau faible du dollar. La Fed pourrait décider de conserver un statu quo sur ses taux. Elle n’a objectivement pas de raison de les relever à l’heure actuelle.
Quelle évolution escomptez-vous pour le cours du baril et la parité euro dollar ?
50 dollars pourrait constituer une forme de plancher pour le baril ; Le plus gros du parcours de l’Euro a été fait. Nous pourrions aller à 1,10 mais guère bien plus bas.
Quelle hausse des profits des entreprises européennes peut-on espérer cette année ?
La hausse pourrait aller jusqu’à 10%.
Quelles répercussions pour la zone euro doit-on attendre du quantitative easing de la BCE ?
Le QE ne devrait pas beaucoup aider la croissance en Europe.
Il devrait tout au plus redonner de la marge de manœuvre aux banques et ainsi prêter plus abondamment à l’économie avec des conditions assouplies. C’est tout l’enjeu du QE mais les investisseurs ne sont pas très optimistes à ce sujet.
Les opérations de fusion acquisitions constitueront-ils un moteur pour le segment ?
Les opérations de M&A devraient se poursuivre. La croissance organique est faible. Les entreprises sont enclines à rechercher de la croissance externe. La visibilité est plus nette sur la santé des entreprises. En cela, les canards boiteux sont repérés. L’endettement est moins couteux. Il est possible de financer une partie de l’acquisition en actions.
En outre, les entreprises américaines ne peuvent pas encore rapatrier massivement leur surplus de trésorerie pour des considérations fiscales. Dès lors, il est vraisemblable qu’une partie de ce cash soit utilisé pour racheter des sociétés européennes fragilisées notamment dans la technologie ou la pharmacie.
S’il ne faut pas s’attendre à des bagarres boursières monstrueuses, les transactions seront suffisamment importantes pour animer le marché.
Une expansion des multiples est elle à espérer ?
Du fait de taux extrêmement bas, il est possible d’avoir une légère expansion des multiples supplémentaire si les résultats des entreprises sont au rendez vous que le taux de rendement du dividende reste attractif et que la liquidité devient plus abondante.
Quel regard portez-vous sur la volatilité du marché ?
Nous nous attendons à des variations comparables à celles de 2014. Les oscillations sont le reflet de phases d’optimisme et d’inquiétude jouées de manière binaire par les investisseurs. Cela donne lieu à des écarts importants et parfois à des exagérations.
Comment appréhendez ces trous d’air ?
Il est crucial d’avoir une vision stratégique afin d’éviter de se faire prendre à revers. Notre stratégie est basée sur l’idée que compte tenu de la morosité de la conjoncture économique à travers le monde, les grandes banques centrales devraient rester à la manœuvre. Une abondante liquidité devrait encore être injectée.
L’idée est alors de conserver des munitions en permanence afin de tirer avantage des trous d’air- autrement dit des corrections de plus de 10% sur un mois-pour se repositionner sur les titres sanctionnés trop sévèrement. Parallèlement il faut savoir se montrer contrariant lorsque le marché est en hausse et que certaines valeurs performent de façon exagérée sur fond de l’annonce d’une bonne nouvelle macroéconomique comme le quantitative easing de la BCE.
Pour notre part, les ajustements sont toujours effectués à la marge avec des limites à l’achat et à la baisse. A trop changer l’allocation, les couts d’investissement peuvent s’avérer onéreux. Il y a une prime à maintenir ses positions stratégique.
Quels risques pour les marchés identifiez-vous aujourd’hui ?
Le comportement du Japon. Les Abenomics successifs ont des effets négatifs pour les autres marchés. La baisse du yen conduit à la baisse des devises asiatiques.
Il y a une guerre des changes larvée qui en découle pour regagner de la compétitivité.
Il n’est pas exclu que la Chine réagisse en faisant baisser fortement le yuan pour faire repartir son économie.
Qu’en est-il de la Grèce ?
Je pense que la Grèce ne peut pas sortir de la zone euro. Les intérêts au maintien du pays sont importants de part et d’autre. Il est à rappeler que la dette de la Grèce est détenue à hauteur de 40 milliards par la France.
Les modalités de remboursement de la dette devraient finir par être négociés mais pas le niveau de la dette en elle-même.
Quelles thématiques d’investissement préconisez-vous ?
Nous n’avons pas de biais sectoriels ou géographiques. Nous sommes principalement positionnés sur la zone euro et les Etats-Unis et marginalement exposés aux pays producteurs de pétrole et à l’Asie hors Japon depuis mi-janvier.
La thématique du dividende nous semble revêtir un vif intérêt. Sur le Stoxx 600, 100 sociétés vont verser un dividende supérieur à 5% dans les 18 mois à venir. 400 sociétés vont distribuer un dividende de plus de 3%. Cela ne signifie pas qu’il faut se positionner sur ces sociétés aveuglément.
Quels ont été vos derniers ajustements de portefeuille ?
Nous avons repris de manière très précautionneuse des positions sur certaines valeurs cycliques qui sont les mieux à même de profiter de la baisse de l’Euro et de la baisse des matières premières ; ces valeurs ont tellement déçu dans le passé que nous procédons de manière mesurée.
Propos recueillis par Imen Hazgui